Le sélectionneur a encore une année de contrat. Les résultats actuels peuvent-ils le fragiliser ?
Décembre 2025. Voilà la date à laquelle est censé se terminer l’actuel contrat du sélectionneur, prolongé la dernière fois au moment précis où il était presque inenvisageable de ne pas le laisser poursuivre deux ans de plus : il s’apprêtait à conduire ses joueurs en Géorgie afin d’y disputer les barrages de la Nations League. Comment dire, en effet, à un homme en poste depuis plus de quatorze ans et qui vient de signer 17 points en éliminatoires de l’Euro-2024, qu’un changement serait peut-être salutaire ?
Présidents, entraîneurs, joueurs… ils sont nombreux à avoir dit, alors, toujours sous couvert d’anonymat ou dans la foire à la prise de parole des réseaux sociaux, que la FLF aurait pu envisager un rafraîchissement, sans cette petite demi-finale géorgienne qui n’avait jamais mis autant le Grand-Duché sur la scène internationale. Ils sont tout aussi nombreux à dire, aujourd’hui, que si moins d’un an plus tard, les Rout Léiwen se retrouvent à devoir jouer leur peau en mars… 2026 pour éviter de retomber en Ligue D de la Nations League, il serait peut-être temps de changer de sélectionneur national.
L’argument reste le même : les Rout Léiwen vont bien, mais ils pourraient aller encore mieux. Et pas mal de suiveurs ont reproché, dans la foulée de cette prolongation, les choix tactiques mis en place à Tbilissi, par exemple, avec ce 4-2-3-1 qui a pris les vagues et s’est montré incapable de résister à la pression du jour J en ne renforçant pas assez l’entrejeu et les bases arrière. C’était il y a sept mois et même si l’option 3-5-2 levée en ce mois d’octobre pour remettre son équipe dans le bon sens contre la Bulgarie et le Bélarus montre que le sélectionneur sait s’adapter pour sauver l’essentiel, il reste un arrière-goût tenace à certains, déçus que la nation n’ait pas profité de cette opportunité unique.
32 victoires, 27 nuls et… des questions
Le football a, de tout temps, eu une dynamique propre qui lui permettait de brûler ses idoles sans trop de scrupules. Luc Holtz, 139 matches dirigés (pour 32 victoires et 27 nuls, notamment), mériterait-il de voir l’aventure s’arrêter si son équipe devait être menacée de replonger, même momentanément, dans les limbes des nations européennes? Il est un fait qu’outre la gestion du cas Gerson, qui plombe sa communication depuis trop longtemps, la rendant difficilement défendable quand le joueur est au niveau actuel, le groupe de Nations League dont il a hérité est particulièrement exigeant : assez ouvert pour permettre au Luxembourg d’envisager une promotion en Ligue B, assez ouvert aussi pour lui faire craindre une dernière place et donc une éventuelle relégation.
Holtz a indirectement travaillé à sa propre mise en accusation : sous ses ordres, le Grand-Duché a tellement progressé et amené des joueurs à un tel niveau jamais atteint que le degré d’exigence s’est considérablement accru. Chez ses pairs, chez les supporters, dans les médias. Mais, et c’est bien là le plus important, au sein de la FLF aussi? Cela ne semble pas être la tendance.
Et les nouveaux timings induits par la Ligue des nations n’aident pas à une éventuelle prise de décision : si la sélection se retrouvait dernière de groupe et, dans le meilleur des cas, contrainte à un barrage seize mois plus tard, serait-il facile (à moins d’une campagne des éliminatoires du Mondial désastreuse en 2025) d’envisager d’aller jouer sa peau en mars avec un tout nouveau sélectionneur qui n’aurait pas eu le temps de prendre son groupe en main? La question est spécieuse : avec les rythmes du football européen, aucun entraîneur n’aura plus jamais le temps de tester des choses… Mais la question se pose désormais en ces termes : le Luxembourg pourrait-il passer un cap supplémentaire avec un nouvel entraîneur ? Ou les résultats actuels sont-ils indépendants de l’homme qui incarne la fonction ?