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[Sélection nationale] Luc Holtz démissionne avec effet immédiat, direction Mannheim?


Luc Holtz dit bye-bye. Photo : julien garroy

Certain de devoir quitter son poste en fin d’année, le sélectionneur a préféré anticiper : il s’en va à trois semaines des débuts des éliminatoires du Mondial.

Luc Holtz ayant été averti le 9 juillet par son conseil d’administration qu’il servirait de soupape de sécurité dans la crise que traverse la fédération et qu’il ne serait pas reconduit à l’issue de son contrat, il a initialement accepté, malgré tout, de poursuivre. Six rencontres des éliminatoires du Mondial-2026, dont deux matches de gala contre l’Allemagne, devaient notamment lui permettre de boucler avec élégance un mandat fantastique de 15 ans qui l’auraient même conduit au chiffre canonique de 150 rencontres avec les Rout Léiwen. Deux chiffres à la hauteur de la trace qu’il va laisser dans le football luxembourgeois.

Mais il va s’en dire que la question de la suite a quand même dû se poser assez tôt à un homme de 56 ans seulement, qui a encore quelques belles années devant lui. Il n’y a pas souvent de bon timing, en football, et le collectif a bon dos quand un individu doit composer avec le fait d’avoir à gagner sa vie. Et les desseins des uns et des autres se sont finalement affichés assez clairement, hier, en début de soirée.

Mannheim, en 3e Bundesliga, vient alors de limoger son entraîneur, Dominik Glawogger. L’information tombe une heure avant un communiqué de la FLF avertissant que Luc Holtz a démissionné, et qu’il part avec, dans ses valises, un projet professionnel à l’étranger. Venant d’un entraîneur qui n’a eu de cesse d’être courtisé par des clubs durant une bonne partie de son bail, pouvoir enfin y répondre sans regret ni scrupule a sans doute eu un petit goût particulier. La revanche, peut-être.

Il faudra bien une liste, dans deux semaines…

Le conseil d’administration n’avait quand même pas anticipé ça. Paul Philipp, ces dernières semaines, voulaient qu’on prenne un problème après l’autre et après avoir montré la direction de la sortie à Gerson Rodrigues, la question de la succession de Luc Holtz devait se poser après le mois d’août. Il se murmurait même, en coulisses, que le président serait tenté de jouer la montre pour voir si un apaisement généralisé combiné à de bons résultats ne pourraient pas permettre au sélectionneur, finalement, de rester en poste.

Ce scénario a été balayé par la décision de Holtz de laisser les clefs de son bureau à… trois semaines du premier match de la campagne et la réception de l’Irlande du nord, le 4 septembre, trois jours avant celle de la Slovaquie. C’est vache, comme timing, mais le désormais ex-sélectionneur n’est tenu à rien, puisqu’on lui a clairement fait comprendre qu’il payait les pots cassés après le mois de juin catastrophique, le «problème» Gerson, l’atteinte à la liberté de la presse, les attaques envers certain(e)s politiques… Il est interdit de voir autre chose qu’un hasard de calendrier dans ce revirement soudain.

Mais la FLF est désormais sous pression maximale. Il faut trouver quelqu’un à mettre en place sur ce banc de touche sur lequel est quand même encore assis l’un des postulants numéro 1 à la succession : Mario Mutsch (lire ci-contre), l’adjoint des dernières années. C’est lui qui connaît le mieux le groupe. Peut-il faire un bail, à l’essai? Tout ce que l’on sait, de l’extérieur, c’est qu’il y aura une liste à donner, dans deux semaines…

Quand même, quel héritage en chiffres !

Sous son mandat, le Luxembourg aura accompli de grandes choses. Dans une lettre publiée juste après l’annonce qu’il ne serait pas conservé début 2026, le sélectionneur avait indiqué qu’il souhaitait «bonne chance» à son successeur. C’est gentil de sa part, parce que prendre sa succession n’est pas forcément un cadeau.

Plus dernier depuis dix ans

Le Luxembourg, sous le mandat de Luc Holtz, a appris à ne plus finir dernier des éliminatoires des grandes compétitions internationales auxquelles il participe. Depuis 1995, jamais cela ne lui était plus arrivé. Or pour l’Euro-2016, les Rout Léiwen font 5e sur 6 dans leur groupe. Depuis, ils ont systématiquement laissé quelqu’un derrière eux, que ce soit pou le Mondial-2018 ou le Mondial-2022, ou pour les Euros 2020 et 2024.

Un record de points historique

Le Grand-Duché à l’Euro? Tout le continent y a cru. En signant 17 pts en éliminatoires de l’Euro-2024, il n’était qu’à une victoire contre la Slovaquie (qu’il aurait largement mérité au vu de la physionomie du match retour) de se qualifier pour le tournoi allemand. Jamais une génération n’avait fait autant de points dans un groupe pourtant relevé à l’exception notable du Liechtenstein.

Ranking : c’est le top 100 !

Aujourd’hui, la FLF est redescendue à la 92e place mondiale entre la Syrie et la Guinée Équatoriale mais devant la Chine. Ce n’est pas le meilleur classement atteint sous les ordres de Luc Holtz, qui a hissé son équipe à la 82e place, elle qui était 195e, en 2006 et 117e à son arrivée. Son bilan comptable : 33 victoires et 29 nuls en 144 rencontres : 43% de ses duels, Holtz ne les a pas perdus.

Les exploit ? Au moins huit !

Les Lions n’ont pas été avares en matches références, ces quinze dernières années. Avec en point d’orgue des matches nuls contre l’Italie à Pérouse (1-1, juin 2014) et la France à Toulouse (0-0, septembre 2017). Mais sans aller taper aussi haut et fort, le nul en Turquie (3-3, septembre 2022) ou la victoire contre la Suède (1-0, mars 2025), ont aussi marqué les esprits. Sans compter le double succès devant la Bosnie (0-2 en juin 2023 et 4-1 en novembre de la même année), la victoire ramenée de Dublin contre l’Irlande (0-1, mars 2021) ou le succès incontestable face à l’Islande (3-1, spet. 2023).