Aussi lourde et historique soit-elle, la débâcle des Roud Léiwen (9-0) lundi au Portugal n’est pas rédhibitoire. Les hommes de Luc Holtz gardent leur destin en main dans la course à la qualification pour l’Euro-2024.
De «déçu» à «angoissé» en passant par «frustré», Luc Holtz est passé par toutes sortes de sentiments négatifs lundi soir à Faro, où il a concédé face au Portugal la plus lourde défaite (9-0) de son long mandat de sélectionneur, entamé en août 2010 (126 matches avec celui de lundi), mais aussi la plus lourde de l’histoire des Roud Léiwen, qui n’avaient plus été éparpillés de la sorte depuis le 15 décembre 1982 contre l’Angleterre*.
Mais dans leur détresse passagère, Holtz et ses joueurs ont une chance : celle de pouvoir relativiser cette énorme déroute, chose que le sélectionneur faisait déjà avant la rencontre et a refait en conférence d’après-match en rappelant, même s’il existe une différence vertigineuse «entre perdre un match et perdre un match 9-0», qu’il prévoyait lundi «zéro point sur le compteur», dont le total reste aujourd’hui plus élevé que ses prévisions d’avant-campagne.
Tout 9e mondial et ex-champion d’Europe (2016) qu’il est, le Portugal n’était qu’un match bonus, et le véritable sommet de cette fenêtre internationale, faut-il le rappeler, avait déjà eu lieu trois jours plus tôt pour les Roud Léiwen. À chaud, la noirceur dominait naturellement, mais Holtz pouvait déjà l’assumer : «Je préfère perdre 9-0 en ayant gagné vendredi 3-1 contre l’Islande».
Tout se jouera sûrement contre la Slovaquie
Même humilié en mondovision, le Portugal ayant signé la plus large victoire de son histoire en effaçant les 8-0 contre le Liechtenstein (1994) et le Koweït (2003) et l’information ayant donc fait le tour du globe, le Luxembourg est toujours autant dans le coup de ce groupe J, où il n’accuse que trois points de retard sur la Slovaquie, 2e et virtuellement qualifiée pour l’Euro, qui n’affrontera plus le Liechtenstein, elle. Mais viendra au stade de Luxembourg dans un gros mois sans avantage à la différence de buts particulière (l’aller à Bratislava s’est soldé par un nul 0-0 en mars)… voire sans avance au classement.
Une victoire luxembourgeoise en Islande, conjuguée à une défaite slovaque au Portugal, le 13 octobre, et les Roud Léiwen et la Slovaquie aborderaient en effet cette 8e journée, trois jours plus tard, à égalité de points. Et quand bien même les hommes de Luc Holtz ne l’emporteraient pas à Reykjavik, ils pourraient tout de même virer deuxièmes à l’issue de la fenêtre internationale d’octobre, en cas de double défaite, probable à Faro, puis nécessaire à Gasperich, de la Slovaquie.
Derrière, le calendrier semble plus favorable aux joueurs grand-ducaux, qui recevront la Bosnie et iront au Liechtenstein en novembre, qu’à leurs principaux concurrents, qui recevront l’Islande puis iront en Bosnie dans le même temps… Alors? Alors sans même parler des barrages de mars, potentiellement accessibles (il faudra pour cela que la Turquie, la Grèce, la Géorgie ou le Kazakhstan se qualifient directement pour l’Euro), tout est encore jouable.
Les absents devraient rentrer en octobre
À condition, selon lui, que Luc Holtz puisse disposer d’un groupe sinon au complet, amputé d’aucun cadre, lui qui était privé de deux titulaires et demi lundi (Christopher Martins suspendu, Mathias Olesen et Marvin Martins blessés) et n’a pas la profondeur de banc suffisante pour pallier les absences de ses cadres. «Dès qu’on a quelques joueurs importants qui ne sont pas présents, on a une baisse de niveau, regrettait-il lundi. Surtout contre un adversaire comme le Portugal.»
Mais l’Islande et la Slovaquie ne sont pas le Portugal, «Kiki» Martins n’est plus suspendu, Jans et Marvin Martins, qui étaient sous la menace, ne le seront pas, et ce dernier ainsi qu’Olesen seront normalement aptes pour la venue des Slovaques. Reste à espérer que leurs équipiers ayant vécu le naufrage de Faro ne traîneront pas le moindre traumatisme mais sur ce point, Holtz ne s’en fait pas.
«Je ne pense pas, a-t-il objecté lorsqu’il lui a été demandé si cette défaite pouvait laisser des traces. Même s’il y a une grosse déception, on l’a déjà connue il y a quelques années en Suède. Il y a des jours où c’est comme ça. Je reste dans ma vision, ma ligne de conduite. Bien sûr qu’on est déçus, bien sûr qu’on va analyser cette défaite mais après, il faut savoir rebondir. C’est le plus important dans la vie. On a toujours su le faire, et là aussi, on va le faire.» Dès octobre, tout le Grand-Duché l’espère.
*Ils s’étaient également inclinés sur le même score le 4 août 1936 contre l’Allemagne, et le 19 octobre 1960 face à l’Angleterre.