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[Sélection nationale] Le match qu’on ne voulait pas jouer


Il faut déjà y retourner après le traumatisme de Tbilissi.

Le Luxembourg, dévasté par son élimination de jeudi à Tbilissi, doit affronter le Kazakhstan pour s’en remettre. Mais en vrai, tout le monde s’en moque un peu.

En rentrant sur le terrain, ce soir, à 20 h 45, les Roud Léiwen n’auront peut-être pas le cœur à mesurer la gratitude de leur public après une merveilleuse campagne de qualification à l’Euro qui les voit échouer à 90 minutes du paradis.

Il est douteux que Luc Holtz réussisse à faire passer l’amertume d’une élimination en 96 heures seulement et il y a fort à parier que certains joueurs débarqueront sur le terrain en ayant pris connaissance du résultat de Géorgie – Grèce, qui démarre à 18 h.

Voire en pensant à l’Islande, qui affronte l’Ukraine à 20 h 45 à Wroclaw, en Pologne, pour un ticket continental après avoir lâché au Grand-Duché quatre points sur six durant les éliminatoires du championnat d’Europe.

Oui, les motifs de continuer à se taper la tête contre les murs seront encore présents, tout autour. Et le fait d’avoir dominé sur l’année 2023 des nations comme l’Islande ou la Bosnie – elle-même toute proche de parvenir à rejoindre la finale – n’y change rien : «Ça ne nous sert à rien. Nous, on n’est pas en finale, point!».

Luc Holtz, lui aussi, doit digérer. Mais il semblerait que le sélectionneur, flanqué de sacrées poches sous les yeux et qui n’a pas dû beaucoup dormir depuis jeudi soir, n’y parvienne pas. «Tous les jours, quand je me réveille, je me dis que ce n’est pas vrai. Cette défaite pèse plus que les autres dans le passé. Mais on doit essayer de regoûter à la victoire pour faire passer la douleur.»

Le stade sera-t-il vraiment plein?

Ce soir, les couillons de l’Histoire vont s’affronter dans une sorte de petite finale de la Ligue C de Nations League. Pour le Luxembourg, ce sera, dixit son sélectionneur, un «copier-coller» de la Géorgie. Le Kazakhstan est fort dans les duels, rapide dans ses transitions offensives et compact défensivement.

À la limite, on s’en moque un peu. Ce n’est ni plus ni moins qu’un amical triste visant, aussi, à remercier les fans qui viendront jusqu’au stade. Il affichait complet en vue de la réception de la Grèce en vue d’aller à l’Euro. Sera-t-il à moitié plein pour la réception du Kazakhstan en vue d’oublier l’Euro?

Ce serait une belle preuve de respect mutuel équipe-supporters que de faire de ce match que personne ne veut jouer ni voir, un adieu bien troussé à ce qui aurait pu être la première compétition continentale du pays. Mais est-ce possible? Il y a, après tout, beaucoup trop de pensées qui continuent de se percuter et qui vont bien au-delà du sentiment d’avoir été un peu volés par l’arbitrage en Géorgie (2-0).

«Il faudra attendre un certain temps avant que…»

L’implication de cette élimination en est une : aller en Allemagne aurait pu constituer une faille spatio-temporelle capable de faire gagner en un mois des années de formation à Luc Holtz et son équipe. Et faire franchir un cap monumental à toute une fédération.

À la place, ne pas y aller est une petite mort pour tous les trentenaires qui se disaient qu’ils pouvaient s’offrir une aventure dingue avant de raccrocher les crampons. Le sélectionneur les a énumérés sans prendre trop de risques. Jans, Gerson, Chanot, Pinto… Tous ces garçons qui auront presque atteint ou dépassé les 35 ans quand une campagne européenne repointera le bout de son nez semblent condamnés aux regrets éternels.

«Je pense qu’il faudra attendre un certain temps avant d’avoir une nouvelle occasion comme celle-là, soupire Holtz. Pour ce que ça représente comme événement, la possibilité de se qualifier. Retrouver un moment comme ça pourrait être long.»

Finalement, ce soir, le Luxembourg revient un peu à son ordinaire. Mais il ne tient qu’à lui de travailler pour rendre cet ordinaire un peu plus sexy qu’il ne l’était avant 2023 et la naissance des ambitions.