Eldin Dzogovic est sorti de nulle part pour affronter deux des meilleurs attaquants du monde en 72 heures.
Il a 21 ans et 27 minutes dans les jambes en 2e Bundesliga, cette saison. Eldin Dzogovic n’était clairement pas programmé, ce printemps, pour se retrouver là, à enchaîner, en trois jours, des rencontres les yeux dans les yeux avec le footballeur le plus cher du monde, le néo-Madrilène Kylian Mbappé, et l’un des plus prometteurs, le Citizen Jérémy Doku. Bref, il a eu à gérer un champion de France et demi-finaliste de Ligue des champions, un champion d’Angleterre et quart de finaliste de Ligue des champions, deux garçons qui pèsent 180 et 65 millions d’euros.
L’ailier de Magdebourg a transpiré comme jamais, mais, visiblement, cela en valait le détour. Si Mbappé l’a laissé sur place sur trois ou quatre accélérations en 81 minutes à Metz et si Doku l’a déposé pour le deuxième but belge à Bruxelles, Dzogovic a semblé progresser entre les deux rencontres, mettant bien plus d’intensité dans les duels et se portant bien plus vers l’avant. Si les absences combinées de Florian Bohnert et Marvin Martins à droite, combinées à la nécessité de renvoyer Laurent Jans à gauche pour compenser la blessure de Mica Pinto, ont servi à quelque chose, au moins, que cela soit à ça.
À son âge, je n’aurais pas pu le faire
«Face aux deux meilleurs ailiers du monde, il a été dépassé combien… une ou deux fois? Qui ne l’aurait pas été dans le football moderne? Franchement, chapeau : à son âge, je n’aurais pas pu le faire», consent Maxime Chanot, qui vit, lui, sur son expérience de plus de 600 matches pros désormais : «Je suis comme le bon vin, je me bonifie.»
Dzogovic aussi, s’est bonifié. En 72 heures seulement. Paul Philipp aussi l’a remarqué : «Il a eu du mordant, il a été agressif, dans un contexte pas facile. C’est comme s’il avait joué une demi-carrière en trois jours, mais il était bien encadré.» Notamment grâce à la couverture impeccable de Maxime Chanot.
Est-ce suffisant pour le faire lentement exister en sélection, à l’un des postes les plus embouteillés? C’est sans doute l’automne prochain qui le dira, si le garçon commence à prendre un peu de temps de jeu avec son club. Lui a l’impression, en tout cas, que cela peut l’aider : «Oui, j’ai beaucoup appris. Le coach m’a expliqué comment rentrer dans ces duels, en évitant d’aller directement au contact, en défendant l’espace dans mon dos aussi. J’ai perdu moins de duels contre les Belges, mais il faut dire aussi que j’étais déjà moins nerveux». Déjà le métier qui rentre, en seulement deux matches?