Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Luc Holtz place la victoire contre la Suède tout en haut de son «top» personnel, mais aussi du panthéon national… au moins depuis 1969, l’année de sa naissance.
Il fut un temps, franchement pas si lointain, où quand l’équipe nationale signait un exploit, certains journalistes luxembourgeois se laissaient aller à quelques applaudissements quand Luc Holtz débarquait en conférence de presse d’après-match. Samedi, son entrée dans la salle de presse du stade de Luxembourg s’est faite dans la sobriété la plus totale, mais quelques clappements de mains n’auraient pas été usurpés si l’on se fie à l’analyse du technicien pour qui, même s’il ne l’a pas dit comme ça, les Rout Léiwen venaient tout bonnement de livrer le meilleur match de leur histoire. Du moins, de son vivant.
À la question – la première à fuser – de savoir où il plaçait ce Luxembourg-Suède dans son «top 5 personnel des matches les plus aboutis», Luc Holtz, taquin, a répondu par une question : «Vous le placez où, vous?» Personne ne s’est risqué à répondre, puisque ce qui importait, pour reprendre les mots de notre confrère, était «l’avis de l’expert», mais s’il avait fallu sonder l’historique récent des Rout Léiwen, les deux succès de 2023 contre une Bosnie qu’ils n’avaient encore jamais battue (0-2 puis 4-1 en éliminatoires de l’Euro-2024), celui, tout aussi inédit, face à l’Islande cette année-là (3-1 en septembre) ou la victoire de mars 2021 – une première, là encore – en Irlande (0-1 en éliminatoires du Mondial-2022) seraient sans doute venus assez spontanément.
Mais la Bosnie de 2023 naviguait autour de la 60e place mondiale (57e avant l’aller, 63e avant le retour), elle qui fricotait avec le top 20 entre 2011 et 2017 (elle a même atteint la 13e place du classement Fifa en août 2013). L’Islande, elle, avait rétrogradé au 67e rang quand elle est venue au stade de Luxembourg, alors qu’elle avait atteint la 18e place en février-mars 2018.
«Le meilleur match que j’ai vu au Luxembourg»
Quant à l’Irlande, battue à Dublin mais dans un Aviva Stadium vide (pandémie de Covid-19 oblige), elle n’était «que» 42e en mars 2021, loin de sa 6e place initiale lorsque le classement Fifa fut introduit en août 1993. Assez loin, aussi, de ce top 20 qu’elle a occupé sans interruption durant quatre ans (octobre 2001-septembre 2005), puis souvent approché ensuite, et même réintégré brièvement en 2012.
Aujourd’hui 27e, la Suède aussi se situe assez loin de son meilleur classement (2e en novembre 1994), mais sa régularité au plus haut niveau (son classement moyen est 22e et elle n’est jamais au-delà de la 45e place), sa dynamique actuelle (six matches sans défaite avant samedi) et ses individualités – dont plusieurs étaient absentes, certes – font qu’il n’y a, pour Luc Holtz, «aucun débat», ce d’autant que les Blågult «n’ont pas fait une mauvaise performance». «Au niveau du rythme, du match, de l’adversaire, sur les deux équipes qui étaient sur le terrain, c’est le meilleur match que j’ai vu au Luxembourg, a clamé le sélectionneur. Bon, je n’ai que 55 ans, donc je ne sais pas ce qu’il y a eu avant mais en tout cas, ce soir, même si c’était un match amical, c’était du haut niveau.»
C’était aussi une première pour le Luxembourg, contre un adversaire dont l’évocation ramenait sans cesse à ce 8-0 concédé à Solna en octobre 2017, mais Luc Holtz a réfuté l’idée d’une revanche personnelle. «Bien sûr, aujourd’hui je savoure, mais je ne vis pas dans le passé, a-t-il assuré. Je ne suis pas quelqu’un qui regarde en arrière, alors on ne pas du tout parler de revanche. Je savoure le moment, la performance mais après, je me projette vraiment dans ce qui viendra.» En l’occurrence un déplacement en Suisse tout aussi compliqué, chez la 20e nation mondiale.
