Le défenseur central a annoncé au sélectionneur qu’il ne finirait pas la campagne de Nations League, afin de privilégier son club de Los Angeles.
Les deux rencontres de clôture de la campagne de Nations League, qui voient le Grand-Duché en danger de relégation en Ligue D, celle des cancres du continent, se feront sans Maxime Chanot. Le patron de la défense l’annonce dans un communiqué qui doit sortir ce mardi matin : il a lâché à Luc Holtz, dès le mois dernier, qu’il allait privilégier son club de Los Angeles, qui va s’élancer dans les play-offs de MLS, ce week-end.
La tournure de ce communiqué est ambigüe sous certains aspects, mais sur le fond, c’est une bombe que lâche le défenseur central : il profite du moment pour lâcher un scud en direction de la fédération, sans que l’on sache vraiment quel bureau il vise.
Au-delà de l’information officielle, qui n’est pas anecdotique puisqu’elle prive les Rout Léiwen de leur patron de défense pour deux matches cruciaux contre la Bulgarie et l’Irlande du Nord, il y a bien plus à lire entre les lignes que sur les lignes. L’un des garçons les plus expérimentés de la sélection sort d’une forme de réserve pour faire coup double. Annoncer son absence et dire tout haut qu’il y a un vrai problème autour de ce groupe qui sort pourtant de 17 points en campagne des éliminatoires de l’Euro, mais ne parvient pas à enchaîner après avoir échoué à se qualifier pour la compétition allemande.
À dire vrai, l’info brute, en soi, aurait déjà dû mettre la puce à l’oreille. Car à moins que le sélectionneur ne désire avoir que des certitudes inconditionnelles avant l’annonce de sa liste, quitte à se priver d’un de ses patrons (ce qui serait plus qu’étonnant), il n’est pas exclu que le LAFC… n’ait plus rien à disputer au moment où le Luxembourg jouera sa peau les 15 et 18 novembre prochains. Tout dépend de son match de samedi contre les Whitecaps de Vancouver, à domicile, qui peut permettre de rallier les demi-finales de conférence contre les Seattle Sounders. Mais en cas d’élimination précoce pour la troisième meilleure équipe de saison régulière, entendre Maxime Chanot, 71 sélections, dire qu’il souhaite se «consacrer à son club» et «être dans les meilleures dispositions», ne ferait en effet pas beaucoup de sens… si la saison de ce dernier est finie.
La gestion de l’équipe, tant sur le terrain qu’en dehors, me chagrine. Gérer un groupe de joueurs professionnels ne s’improvise pas
C’est surtout une petite phrase – mais très tranchante – de ce communiqué, qui intrigue au plus haut point. En fait, ce n’est rien de dire qu’elle intrigue, c’est plutôt qu’elle secoue sérieusement l’édifice. Maxime Chanot n’a jamais été homme à se cacher derrière son petit doigt ni même à reculer devant une prise de parole quand il l’estime nécessaire. Et celle-ci est cinglante : «La gestion de l’équipe, tant sur le terrain qu’en dehors, me chagrine et ne permettra malheureusement pas à notre groupe de réaliser son plein potentiel. Gérer un groupe de joueurs professionnels ne s’improvise pas…»
Qui vise-t-il? Le staff? Le conseil d’administration? Faites vos paris. Et cherchez à déterminer, également, si Chanot se fait là le porte-parole du groupe (voire d’une partie de ce groupe) ou s’exprime en son nom propre. Toujours est-il que ce simple communiqué promet une fin d’année particulièrement chaotique, même si les Rout Léiwen devaient sauver leur peau.
C’est un fait qu’il commence à y avoir un peu trop de jurisprudences en termes de couacs de communication. Après l’annonce par Gerson Rodrigues, sur les réseaux, de sa mise à l’écart, en septembre, voir un garçon qui incarne une petite dizaine d’années de grandes performances internationales, faire part de son désistement pour des rencontres si importantes, en dit long sur ce nouvel acte manqué du CFN qui, à en croire le principal intéressé, est au courant depuis trois semaines déjà.
Reste à déterminer la portée de ce coup de gueule froid et qui ne laisse rien augurer de bon (même si Chanot souhaite «bonne chance» à ses coéquipiers et n’annonce pas sa retraite internationale, à 34 ans). Vraie réflexion de fond sur la gestion de la vitrine de foot luxembourgeois? Ou agacement rancunier après que le joueur a comblé huit heures de décalage horaire en octobre, rejoint ses coéquipiers en Bulgarie pour une séance avant de repartir aussi sec, touché au genou? L’affaire, en tout cas, risque de beaucoup faire parler.