ÉLIMINATOIRES EURO-2024 Son éclosion éclair en Ligue 2, à Bastia, fait-elle déjà de Florian Bohnert un incontournable du onze de départ de Luc Holtz? Lui ne revendique rien.
Depuis son départ du Progrès, l’ailier gauche a déjà totalisé douze apparitions (dont sept titularisations) avec le club corse et sa valeur marchande a explosé. Et Luc Holtz dit qu’il n’est déjà plus le même joueur. Déjà un cadre forcé alors qu’en novembre dernier, il n’en était encore qu’à jouer les utilités?
Moins de trois mois ont passé depuis votre transfert vers l’Île de Beauté, mais vu la vitesse de votre acclimatation là-bas, on a le droit de se poser la question : jouissez-vous d’ores et déjà d’un nouveau standing?
Florian Bohnert : Aaaah, je n’aime pas ces histoires de standing! Je sais que c’est quelque chose que les gens aiment bien au Luxembourg, classifier les joueurs en fonction de l’importance de leurs clubs mais entre nous, dans le groupe, ça ne joue aucun rôle. Oui, certains évoluent à un niveau où le rythme est différent, où la pression est différente mais nous, dans l’équipe, on réfléchit en fonction des profils. Pas en fonction d’une notion de statuts ou de hiérarchie. Ce qui compte, et ça oui, le coach le dit, c’est le rythme. Donc moi, la question du standing, je ne veux pas en parler.
Luc Holtz a quand même relevé que vous n’étiez déjà plus le même joueur que celui qui est parti de Niederkorn, en décembre.
Oh je pense qu’à la base, je reste le même joueur. Je ne rentre pas pour faire des choses différentes de celles que je faisais avant mon départ en tout cas. Par contre, oui, sur le rythme, l’intensité, effectivement, j’ai évolué. En partant, j’étais juste content d’avoir enfin ma chance. Après avoir fait quelques matches, j’étais content de m’être adapté aussi vite et maintenant, je serais content de faire enfin des statistiques (NDLR : il n’a pas encore marqué ni fait marquer en L2) parce que cela fait aussi partie de ma fonction de piston.
Le sélectionneur parlait de votre agressivité défensive. On apprend vite la « grinta » en Corse, dans un club qui est tout spécialement réputé pour cela?
La Ligue 2, ce sont des gabarits encore plus costauds qu’en Allemagne ou au Luxembourg. Alors, j’ai peut-être évolué un peu dans l’usage de mon corps, mais ça, j’ai toujours su le faire. Je ne travaille pas plus le haut du corps que ce que je faisais ces dernières années à Schalke ou Mayence par exemple. Là, à Bastia, on a une séance de physique par jour et quelques fois dans la semaine, je me fais une séance supplémentaire journalière. Après, oui, c’est sûr, on remarque directement, en Corse, qu’il y a quelque chose de particulier avec l’engagement physique. À la maison, on sent que ça vibre dans les tribunes. La « grinta », c’est une des valeurs du club et on sent que l’équipe l’a en elle : on met de l’intensité dans tout ce qu’on fait, que ce soit les courses ou les duels. C’est notre force. Et Furiani (NDLR : le stade bastiais), c’est fou pour ça! On ressent littéralement l’énergie pendant le match.
Le Luxembourg est-il désormais armé pour proposer son jeu offensif sur un tempo encore plus élevé?
On est sur les bons rails et ça vient de loin parce que, justement, on a le « matos » pour. On a tout fait dans l’ordre pour notre progression. Ce qu’il nous reste à travailler, ce sont les courses dans le dos de l’adversaire, le dernier ballon, la finalisation. Cette recherche d’efficacité devant le but, j’ai ça en moi et je veux réussir à l’apporter en sélection.
Furiani, c’est fou! On ressent littéralement l’énergie pendant le match
Vous étiez revenu au pays pour fuir les 3-5-2 trop défensifs qui vous entravaient. Vous êtes alors devenu défenseur à Niederkorn dans un 4-4-2, avant de filer à Bastia pour retrouver un 3-5-2 ou un 3-4-3 assez offensifs, quitte même à jouer à gauche parfois. La tactique, désormais, vous vous en fichez?
Quand on atterrit dans une équipe qui utilise Kevin Van den Kerkhof (NDLR : l’ancien Dudelangeois) comme piston, on sait que c’est pensé offensivement et que ça va me correspondre. Oui, j’ai aussi fait mes matches à gauche. Moi, ce que j’y vois, c’est que cela représente juste plus d’options pour Luc Holtz.
C’était le but de la question : cela veut-il dire que le Luxembourg gagne une option supplémentaire bien plus offensive que celles offertes par des pistons bien plus défensifs comme Marvin Martins, Laurent Jans, Mica Pinto…
Je pense que mon éclosion à Bastia peut en effet changer la donne. J’ai effectivement un profil plus offensif que d’autres et c’est bien pour l’équipe. C’est comme ça que je veux le voir : cela offre de la liberté au coach! C’est cela qui compte. Qu’en fonction de l’adversaire, s’il veut utiliser un couloir plus défensif, il puisse le faire pour jouer plus offensif à d’autres moments. Avoir cette variété, c’est juste du bonheur.
Saviez-vous que votre valeur avait plus que doublé en trois mois, passant de 150 000 à 400 000 euros?
Je n’étais pas au courant, non. C’est une information qui fait plaisir. Cela donne l’impression d’être entré dans une autre dimension, même si cela ne veut pas dire grand-chose.
Cela risque d’augmenter encore si Bastia crée l’exploit et monte en Ligue 1…
On a deux matches très importants contre Sochaux et Bordeaux à mon retour de sélection. Tout peut se passer en cette fin de saison, en Ligue 2. On va rester humbles, mais ce serait fou que cela se joue à Metz, juste à côté du Luxembourg, sur le dernier match de la saison. C’est un scénario possible, oui…
Tout le pays vous regarderait. Vous et Kevin Van den Kerkhof, qui vient d’ailleurs d’être appelé en équipe d’Algérie…
Ce qui lui arrive, c’est un truc de dingue. Il n’y a que le foot qui écrive des histoires comme ça. Son profil, c’est un peu le mien, celui d’un gars qui s’est accroché. On est tous fiers de lui, de l’avoir porté là. Il le mérite. Ah si on pouvait rentrer en club et avoir pris plein de points…