Pour la première fois de son histoire, le Luxembourg est barragiste d’un tournoi majeur, l’Euro-2025. Mais le format de ces barrages n’en est pas moins très favorable aux grandes nations comme la Suède, adversaire des Rout Léiwinnen en demi-finales.
C’est l’Irish Football Association, la fédération nord-irlandaise de football, qui se faisait un malin plaisir de le rappeler dans le programme distribué au public de Windsor Park avant le match de Ligue des nations entre l’Irlande du Nord et les Rout Léiwen, le 5 septembre dernier : chez les hommes, le Luxembourg est le pays européen qui a disputé le plus de campagnes qualificatives sans jamais prendre part à la moindre phase finale d’un tournoi international.
Ce n’est, faut-il le rappeler, jamais passé aussi près qu’en 2024, avec cette 3e place (derrière le Portugal et la Slovaquie) du groupe J des éliminatoires, puis cette demi-finale inédite des barrages de l’Euro allemand perdue en Géorgie (2-0), le 21 mars.
Un échec qui porte à 37, Coupes du monde (21) et championnats d’Europe confondus (16), le nombre de tentatives vaines des joueurs grand-ducaux. Pour une présence en barrages donc, à la faveur de leur bonne campagne de Ligue des nations en 2022/2023 (5es au classement général de la Ligue C, les hommes de Luc Holtz avaient été repêchés pour les barrages grâce à la qualification directe pour l’Euro de la Turquie, 3e de la division).
La Nations League peine encore à faire l’unanimité, mais c’est aussi à cette compétition (lancée en 2023 chez les dames), du moins à son système de divisions, transposé aux éliminatoires de l’Euro-2025 (du 2 au 27 juillet prochains en Suisse), que la sélection féminine du Luxembourg doit, pour sa huitième campagne qualificative (trois pour la Coupe du monde, cinq pour l’Euro) seulement, sa première présence en barrages d’un tournoi international.
«Tout est fait pour que les gros passent»
Secondes de leur groupe de Ligue C des éliminatoires, le seul qui ne comprenait que trois nations, derrière l’Albanie et devant l’Estonie, les Rout Léiwinnen ont fini meilleures deuxièmes de leur division… ce qui leur offre le droit d’affronter une équipe ayant terminé de sa poule en Ligue A en demi-finales de ces barrages.
En l’occurrence la Suède, véritable épouvantail du tirage au sort, qui avait eu le malheur de tomber dans un «groupe de la mort» comprenant l’Angleterre (2e au classement Fifa) et la France (10e). Et en match aller-retour, s’il vous plaît!
Après quoi, il y aurait encore une très hypothétique double confrontation contre une équipe issue de la Ligue B : la Serbie ou la Bosnie, respectivement 34e et 63e d’un classement Fifa où la Suède pointe au 5e rang et dont le Luxembourg n’est qu’un modeste 116e.
Mais vu le format de ces demi-finales, Dan Santos, le sélectionneur, ne se projette naturellement pas aussi loin : «Sur un match, avec beaucoup de si, tu peux faire 0-0 et gagner aux tirs et but. Mais sur deux… Pourquoi ne pas faire ces barrages sur un match sec? Là, tout est fait pour les gros passent».
À travers ce système de qualification pas si inclusif que ça, l’UEFA, organisatrice de l’Euro, s’assure ainsi un concentré d’affiches et un tournoi final à 16 plus équilibré, pour le grand plaisir des diffuseurs, des sponsors et d’une partie du public.
Mais elle évite aussi, quelque part, au football féminin la mauvaise publicité que pourrait constituer un amoncellement de scores fleuves entre cadors et nations émergentes. L’enfer est pavé de bonnes intentions… encore que «chez les mecs, prendre Trinité-et-Tobago (présent au Mondial-2006 masculin), ce n’est pas un problème, ironise Dan Santos. Mais chez les filles…»