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Séisme en Italie : « J’ai perdu une cinquantaine de proches »


Scène de désolation dans la région de Vezzano et de Pescara del Tronto, villages tout proches de l'épicentre. (Photo Stefano Treggiari)

Le guide touristique Stefano Treggiari vit à côté de Pescara del Tronto, village situé à moins de 10 kilomètres de l’épicentre du séisme qui a frappé l’Italie mercredi. Cet ami de l’ancienne directrice de l’Institut italien de la culture à Luxembourg est en deuil : il compte une cinquantaine de morts parmi ses proches. Le Quotidien s’est entretenu avec lui par téléphone.

Stefano est quasiment un miraculé. L’habitant de Vezzano, village qui se situe dans la région des Marches, a vécu le séisme de près, de très près même. «Vezzano se trouve juste derrière la province de Rieti. La faille sismique est toute proche, mais nous avons plus ou moins été épargnés, à Vezzano du moins», relate avec émotion Stefano au Quotidien. Car si lui est bien sain et sauf, il déplore des dizaines de morts parmi ses amis proches et connaissances, mais avant tout parmi les amis de son épouse. «J’ai perdu une cinquantaine de proches et de gens de mon entourage», déplore-t-il.

Une tragédie pour Stefano, qui connaît le coin par cœur. Entre autres guide dans les monts Sibyllins, Stefano se remémore avec douleur la nuit de mardi à mercredi, qu’il qualifie de «fameuse nuit». Une nuit mortelle durant laquelle il a notamment ressenti «une très, très longue secousse».

«L’une a pu être sauvée, l’autre a perdu la vie»

Tiré de son sommeil vers 3h30, Stefano ne réalise pas d’emblée le drame qui est en train de se jouer, mais son instinct lui dicte de quitter son domicile. Il sort dans la rue et prend alors conscience de la tragédie en cours : «Tous mes voisins étaient sur la place centrale de Vezzano et l’information selon laquelle le village de Pescara del Tronto, situé à environ 1,5 km de là, en amont de la montagne, était complètement sous les décombres, a rapidement filtré», témoigne-t-il. Stefano et ses connaissances tentent alors d’en savoir davantage, afin notamment de pouvoir accueillir certains sinistrés dans leurs demeures qui n’ont subi globalement que très peu de dommages.

«Ma maison, par exemple, ne présente que quelques fissures», indique-t-il encore. Mais le risque de répliques l’oblige à rester sur la place centrale de Vezzano, dans un premier temps, en tout cas. Car les répliques ne se font pas attendre et pris de panique, les gens ont commencé à se disperser. «L’intensité et la durée des secousses se sont avérées fortement semblables à celles que j’ai connues lors du tremblement de terre de L’Aquila, en 2009», analyse-t-il encore. À une chose près et pas des moindres : «le séisme survenu à L’Aquila a touché la ville en plein cœur. Celui-ci a frappé des zones davantage fragmentées», estime Stefano, en fin connaisseur de la géologie locale.

Jeudi, l’heure était évidemment toujours à la consternation et à l’angoisse. «Nous n’arrivons pas à nous déplacer, les rues et ruelles sont complètement encombrées. Nous ne savons pas combien de personnes se trouvent encore sous les décombres», relate cet homme qui a payé un lourd tribut à la catastrophe. En plus de la cinquantaine de ses connaissances, «mais surtout des amis de (son) épouse» qui ont perdu la vie, il a vécu une véritable horreur. «Deux gamines étaient enfouies sous les décombres. L’une a pu être sauvée, l’autre, par contre, a perdu la vie…»

Quant aux services de secours professionnels, Stefano juge qu’ «ils se sont déployés lentement», mais qu’ils se sont ensuite «bien activés». Quoi qu’il en soit, cela appartient déjà au passé. Car Stefano et son épouse, meurtris à jamais, ne pensent plus qu’à une chose : rendre un dernier hommage à leurs proches disparus et reconstruire ce centre de l’Italie qu’ils aiment tant, malgré le fait que Dame Nature y soit parfois, voire trop souvent, tellement injuste.

Claude Damiani