Peu avant le seuil fatidique des 72 heures, l’angoisse des familles montait à Mexico vendredi pendant que les secouristes jetaient leurs dernières forces dans la bataille pour retrouver des survivants après le séisme qui a fait près de 300 morts.
Après un tremblement de terre, le protocole veut qu’à partir de trois jours les recherches de personnes cessent et les bulldozers commencent à dégager les gravats. Les experts estiment en effet qu’il y a alors peu de chances de retrouver des survivants. Mais les proches des disparus, qui se comptaient par dizaines dans cette mégalopole de 20 millions d’habitants, réclamaient une prolongation des recherches au-delà de vendredi 18h14 GMT.
« On sait qu’elle est vivante et on ne partira pas tant qu’elle ne sera pas sortie avec nous », jure, émue, Olinca Gonzalez. Cette femme de 29 ans tient un panneau en carton avec la photo de l’épouse de son père, Leonor Santiago, 45 ans, qui travaillait dans un immeuble qui s’est écroulé.
« Les opérations de recherche se poursuivent à Mexico. On n’arrête pas », a assuré le président mexicain Enrique Pena Nieto pour tenter de mettre fin à de « fausses rumeurs » qui se répandaient sur les réseaux sociaux.
Selon le dernier bilan du responsable national de la protection civile, Luis Felipe Puente, on totalisait 286 décès: 148 à Mexico, 73 dans l’Etat de Morelos, 45 à Puebla, 13 dans l’Etat de Mexico, 6 dans le Guerrero, un à Oaxaca. Un Taïwanais, une Panaméenne et un Espagnol font partie des morts, d’après les autorités de leurs pays respectifs.
Dans la capitale, une quarantaine de bâtiments se sont effondrés, selon son maire Miguel Angel Mancera.
Experts internationaux
Des experts américains et israéliens, notamment, participaient aux recherches dans les quartiers branchés de Roma et Condesa pour détecter les moindres signes de vie.
Sur le site d’une usine textile effondrée au coeur de la ville, où se trouvaient des travailleurs taïwanais, selon les médias de ce pays, les sauveteurs redoublaient d’efforts. Le Japon, le Chili, le Salvador, l’Espagne et la Colombie ont également envoyé des renforts, dont des secouristes et des chiens spécialisés.
A l’école Enrique Rebsamen, les autorités ont éteint une lueur d’espoir qui avait tenu en haleine le pays et les médias du monde entier: il n’y avait en fait aucune jeune fille vivante sous les décombres.
« Nous avons la certitude que tous les enfants sont soit malheureusement morts, soit dans des hôpitaux ou chez eux », a déclaré aux médias le ministre de la Marine Angel Sarmiento. Dans l’écroulement de cette institution scolaire privée, une vingtaine d’élèves âgés de sept à 13 ans ainsi qu’une demi-douzaine d’adultes sont morts.
Des proches et voisins ont déposé des gerbes de fleurs blanches en hommage aux enfants tués. D’autres se serraient dans les bras, en larmes, tandis que l’un d’eux chantait accompagné de sa guitare, a constaté l’AFP.
« C’est triste, ça fait mal, là, maintenant. Je ne trouve pas les mots pour exprimer ce que l’on ressent quand on a perdu un être cher », a témoigné Miguel Angel Ortiz, l’oncle de l’une des victimes. « On a fait croire aux gens qu’il y avait une petite fille ».
Solidarité
Le séisme aurait endommagé plus de 20.000 logements, dont la plupart ont été désertés par leurs occupants traumatisés par la secousse. Erika Abarran a passé une partie de la nuit dans un local de distributeurs automatiques d’une banque. Quand elle a appris que les autorités avaient installé une cinquantaine de refuges, elle et son mari se sont rendus dans une de ces structures improvisées où ils ont pu recevoir des repas grâce à la grande solidarité des Mexicains.
« Je n’ai même pas pris de couches, de lait, mais ils nous ont tout donné », dit cette femme de 33 ans qui nourrissait son bébé au moment du séisme. Le séisme de mardi est survenu 32 ans jour pour jour après celui de 1985 qui reste un traumatisme national au Mexique.
Cette nouvelle tragédie frappe un pays encore sous le coup d’un tremblement de terre de magnitude 8,2 -le plus puissant en un siècle au Mexique-, qui a fait une centaine de morts et plus de 200 blessés dans le sud le 7 septembre.
Il a surpris nombre de Mexicains : l’alerte sonore censée prévenir en cas de tremblement de terre n’a pas fonctionné ou s’est déclenchée trop tard. Situé à la jonction de cinq plaques tectoniques, le Mexique est l’un des pays du monde où l’activité sismique est la plus forte.
Le Quotidien / AFP