Engagés dans une course contre la montre, les secouristes redoublaient leurs efforts jeudi pour dégager des décombres les survivants d’une école où 21 enfants ont péri lors du séisme qui a fait au moins 233 morts au Mexique.
« Nous savons qu’il y a une petite fille vivante à l’intérieur mais nous ne savons pas comment l’atteindre (…) sans provoquer un effondrement et sans prendre des risques pour le personnel », a déclaré à la chaîne Televisa l’amiral José Luis Vergara, qui coordonne l’opération dans l’école primaire et secondaire Enrique Rebsamen, à l’extrême sud de la capitale.
Les secours ont pu parler brièvement à l’enfant qui se dit « très fatiguée » et a reçu de l’eau et de l’oxygène, selon le militaire.
« J’ai vu cinq enfants vivants mais ils sont prisonniers de tiges métalliques », avait confié à l’AFP mercredi soir un secouriste de la protection civile sous couvert d’anonymat, plus de 24 heures après la secousse d’une magnitude de 7,1 qui a frappé la région de Mexico.
Selon lui, « couper les tiges sans blesser les enfants est un travail très délicat ». Mais le temps presse, car « les appareils montrent que les battements de leurs coeurs sont déjà faible », avait-il ajouté.
Malgré la fatigue, secouristes et bénévoles poursuivent donc leur quête sur le site du bâtiment effondré qui ressemble à une fourmilière où se mêlent casques blancs, jaunes, rouges, oranges, verts et bleus des différents corps participant aux opérations.
Au moins 21 élèves âgés de sept à 13 ans, ainsi que cinq adultes, sont morts et une trentaine d’enfants restent portés disparus, selon les services de secours. Jusqu’à présent, 11 enfants et une maîtresse ont été extraits vivants des décombres.
Au total, « nous avons 102 personnes (mortes) à Mexico, en comptant les enfants de l’école Rebsamen, 69 (dans l’Etat de) Morelos, 43 à Puebla, 13 dans l’Etat de Mexico, cinq dans le Guerrero, un à Oaxaca », a déclaré à la chaîne Televisa le directeur de la Protection civile, Luis Felipe Puente. Un Taïwanais, une Panaméenne et un Espagnol font partie des morts, selon les autorités de leurs pays.
A Mexico, « 50 personnes ont été sauvées des décombres », a déclaré le président mexicain Enrique Peña Nieto, dans un message télévisé.
Selon les autorités locales, un homme resté coincé 26 heures et une femme de plus de 90 ans ont été sauvés dans le nord de la ville. Les experts estiment qu’au bout de 72 heures, l’espoir de trouver des survivants est presque nul.
Solidarité
Plusieurs pays, dont Israël, le Chili et le Salvador ont annoncé l’envoi de renforts.
Dans les rues de Mexico, des dizaines de personnes attendaient angoissées des nouvelles de proches disparus. Un militaire brandissait une grande affiche verte où figuraient les noms de rescapés.
Les dégâts se concentraient dans le sud de la ville et les quartiers branchés de la Roma et la Condesa, connus pour leurs bars et restaurants et où résident de nombreux étrangers.
A la Condesa, Karen Guzman est assise sur le trottoir. Elle tourne le dos à un immeuble effondré où quelque 30 personnes pourraient être vivantes sous les gravats. Le nom de son frère, Juan Antonio Guzman, comptable de 43 ans qui se trouvait au 4e et dernier étage, ne figure pas sur les listes des personnes secourues accrochées entre deux poteaux d’électricité.
« Ma mère est en train de le chercher dans les hôpitaux (…) Il doit être vivant, je sais qu’on va le sortir », assure-t-elle dans un mélange de désespoir et de colère. On compte une quarantaine de bâtiments écroulés à Mexico, mégalopole de 20 millions d’habitants, selon le maire Miguel Angel Mancera.
Dans la capitale, la solidarité des habitants est telle que les secours et les médias ont appelé la population à ne plus envoyer d’aliments périssables. Des listes établies par les secours recensent le matériel et les volontaires nécessaires, désormais sélectionnés.
Les longues chaînes humaines et le brouhaha s’arrêtent uniquement quand les secouristes lèvent le poing : c’est le signal qu’il faut se taire pour tenter d’entendre un survivant.
Dans les Etats de Puebla et Morelos, où se trouvait l’épicentre du séisme, à 51 km de profondeur, les recherches se poursuivaient. A Cuernavaca, capitale de Morelos, on déplorait d’importantes destructions, selon une vidéo de l’AFP.
« Il va falloir reconstruire une partie importante de la ville de Jojutla qui a été détruite », a déclaré à une chaîne locale Graco Ramirez, le gouverneur de Morelos.
Appel à la prudence
Le séisme de mardi est survenu 32 ans jour pour jour après le puissant tremblement de terre de 1985, qui avait fait plus de 10.000 morts et reste un traumatisme national au Mexique.
Cette nouvelle tragédie frappe un pays encore sous le coup d’un séisme de magnitude 8,2 –le plus puissant en un siècle au Mexique–, qui a fait une centaine de morts et plus de 200 blessés dans le sud du pays le 7 septembre.
Situé à la jonction de cinq plaques tectoniques, le Mexique est l’un des pays du monde où l’activité sismique est la plus forte. Des dizaines de répliques ont été enregistrées et les autorités appellent les habitants à la plus grande prudence.
Le Quotidien / AFP