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Sécurité routière : tester les yeux évite-t-il les accidents ?


Ici, il s'agit d'un exercice grandeur nature d'un accident entre voiture et bus, très semblable à des situations bien réelles. (photo LQ)

L’Association des victimes de la route (AVR) a présenté, mardi, lors de son assemblée générale ses statistiques 2016 ainsi qu’un projet innovant de Hambourg où les policiers testent les pupilles des conducteurs.

Les chiffres fluctuants d’une année sur l’autre ne sont pas satisfaisants pour l’AVR qui souhaite une stabilisation durable concernant les victimes de la route. Le président de l’AVR, Raymond Schintgen, revient sur les mesures à mettre en place.

L’AVR propose un soutien et un suivi après un accident de la route pour les victimes et leurs familles. Pour cette association, chaque accident est un accident de trop. Mais le président Raymond Schintgen s’insurge déjà de chiffres qui s’améliorent, puis remontent, puis rebaissent d’année en année  : « Le ministère s’est contenté de cette baisse affichée de 22  % des chiffres de 2016 par rapport à 2015 concernant les blessés. Pour nous, il ne s’agit pas de bons résultats quand on sait que l’année 2015 était une mauvaise année. Il y a trop de variations suivant les années, nous devons arriver à des chiffres plus stables », explique-t-il.

La bête noire de Raymond Schintgen, c’est l’utilisation des téléphones portables en voiture. Malgré la campagne actuelle qui fustige avec une pointe d’humour les réseaux sociaux et les textos faits à la va-vite sur la route, le président de l’AVR regrette que le gouvernement ne prenne pas au sérieux ce phénomène  : « Le portable dans la main devrait faire l’objet de plus de contrôles, ce n’est pas vraiment le cas. En plus, nous ne sommes vraiment pas contents car dans le règlement grand-ducal sur les radars fixes, la présence des téléphones portables a été retirée. Comme si ce n’était pas important… alors que sur les radars, on peut voir sur les photos si le conducteur tient son téléphone à la main. On peut toujours mettre en place des campagnes sur les routes pour alerter les conducteurs et faire de la prévention, mais s’il n’y a pas de contrôles, surtout concernant l’utilisation des téléphones, ça ne sert à rien .»

L’AVR avait invité hier soir un intervenant de la police de Hambourg. Cette dernière a expérimenté avec succès un dispositif qui permet de tester les pupilles des conducteurs. Les utilisations de drogue, d’alcool et même une fatigue excessive sont détectées plus facilement par les policiers. Une grande avancée par rapport à ce qui est fait actuellement, à savoir principalement les tests d’alcoolémie  : « Les raisons des accidents de la route sont multiples, et la drogue est aussi un facteur important, de même que la fatigue, en particulier pour les chauffeurs de poids lourd. Le dispositif était déjà en place à Hambourg et il a donné de bons résultats. Le reste de l’Allemagne est très intéressé, et j’espère que le Luxembourg va aussi se pencher sur ce nouveau système », explique Raymond Schintgen.

L’AVR avait de ce fait invité mardi des représentants de la police grand-ducale pour que tout le monde découvre de visu ce «pupillographe» présenté par Peter Kellerer de la police de Hambourg. Seul (gros) bémol, le dispositif coûte très cher encore à ce jour. Si la police est convaincue, il faudra encore persuader les autorités pour augmenter les budgets afin de tester le pupillographe au Luxembourg. Mais c’est une piste intéressante pour l’AVR afin de mieux dépister les comportements à risque au volant qui sont à même de causer des accidents graves sur la route.

Audrey Somnard

L’AVR souffle ses 25 bougies

La confrontation avec les conséquences d’un accident au sens médical, moral, social et juridique prend des mois, parfois des années. Ce processus prend force et patience.

Comment s’adapter à cette situation nouvelle? Comment s’orienter et planifier l’avenir? Où trouve-t-on le savoir-faire professionnel et le soutien nécessaire? C’est pour répondre à ces besoins que l’Association nationale des victimes de la route a été fondée en 1992.

Un quart de siècle plus tard, l’AVR fête cet anniversaire avec de tristes chiffres  : 1  305  morts et 8  829  blessés sur les routes. Après une conférence sur les conséquences d’un traumatisme crânien en avril dernier, l’AVR prépare d’autres évènements à l’automne pour marquer cet anniversaire.