Les élèves des écoles Gaffelt et Brill ont récompensé ou puni les chauffeurs en fonction de leur vitesse avenue Grande-Duchesse-Charlotte.
«La zone marche très bien, oui», affirme Steve Schiltz, le chef du commissariat de Dudelange, à propos de l’espace partagé (shared space) du centre-ville. «Mais je ne peux pas dire que tout le monde respecte la limite tout le temps», plaisante-t-il.
Complètement transformée depuis 2023, après six ans de travaux, l’avenue Grande-Duchesse-Charlotte est devenue, dans son entièreté, un lieu de cohabitation entre piétons, cyclistes et automobilistes.
Hier, de 10 h à 11 h, la zone est devenue un espace pédagogique avec pour objectif de rappeler aux automobilistes qu’ici on roule lentement. Après une action menée en juin avec les seniors de Servior, c’était au tour des élèves des écoles fondamentales Gaffelt et Brill de sensibiliser les conducteurs.
L’échevine Josiane Di Bartolomeo-Ries est venue s’assurer de l’efficacité de l’initiative. Pour elle, la présence des enfants donne un poids particulier au message. «Sensibiliser, c’est le mot d’ordre. Ce shared space a mis du temps à se mettre en place, à être intégré par ses utilisateurs… mais il est aujourd’hui super bien accepté», affirme-t-elle.
L’édile ajoute également vouloir refaire ce type de sensibilisation «à l’école, et j’espère que cela va faire passer des messages aux parents. Beaucoup amènent leurs enfants en voiture, et c’est justement là que le respect de ces règles est important.»
Le chef du service Circulation de la commune, Pit Demuth, est également à l’origine de cette opération : «On travaille avec le commissariat de Dudelange, les policiers de la route, les agents municipaux et le personnel d’éducation des écoles.» Chacun avait un rôle. Et celui des élèves était de distribuer des récompenses ou des sanctions.
Un Boxemännchen ou une «rutt»
La vitesse étant limitée à 20 km/h sur l’avenue, le principe était simple : sous les 24 km/h, l’automobiliste bon élève recevait un Boxemännchen. Avec une vitesse entre 24 et 38 km/h, il avait droit à une «Rutt» (une baguette, comme la badine du Houseker, le père Fouettard), comme l’ont fièrement rappelé les enfants.
À 39 km/h ou plus, les conducteurs repartaient avec un procès-verbal de minimum 145 euros. La présence visible des enfants, munis d’un gilet fluorescent sur le dos, a «étonnamment» contribué à calmer les ardeurs des plus pressés, exprime le chef du commissariat.
Pour Carole Nähren, professeure aux cycles 4 et 2 à Gaffelt, impliquer les élèves est essentiel : «Ils avaient déjà participé à la coupe scolaire, à une épreuve de vélo dans la ville. Ils comprennent l’importance d’être vigilant.»
Selon elle, «il faudrait faire ce genre d’événement le matin, devant l’école» : «Les parents pensent surtout à ce qu’ils ont à faire dans la journée, à arriver au boulot… et c’est dangereux.» Elle reste lucide sur l’impact immédiat : «Je ne sais pas si le message va passer, mais l’importance de la parole de son enfant pèse, ça c’est sûr.»
Les élèves, eux, savent très bien pourquoi ils sont là. Enzo, de l’école Gaffelt, raconte avoir déjà frôlé l’accident : «Un automobiliste regardait son téléphone et a failli m’écraser. Le conducteur s’en est rendu compte juste avant et il s’est excusé.»
Thomas, son camarade, partage ce constat, mais avec humour : «Je n’ai eu que des automobilistes en règle… J’étais un peu déçu de ne pas pouvoir distribuer de Rutt.» Tous deux s’accordent à dire que les risques sont surtout liés à la précipitation des adultes : «Le matin, c’est vraiment dangereux.»
La sensibilisation au respect des limitations de vitesse ne s’arrêtait pas, hier, à cette présence sur le terrain, une réunion sur le sujet devait en effet se tenir en soirée, nous a expliqué l’échevine Josiane Di Bartolomeo-Ries, qui rejoint la professeure Carole Nähren : «On souhaite tous refaire une telle action devant l’école.»
«Tout le monde doit faire attention à tout le monde»
L’avenue Grande-Duchesse-Charlotte est devenue un espace partagé (shared space), après trois phases de travaux clôturées en 2017, 2020 et 2023. Ici, plus de trottoirs, de feux ou de passages piétons, mais une zone unique à 20 km/h maximum où «les piétons ont la priorité absolue, puis les cyclistes et seulement ensuite les automobilistes», d’après le site de la commune.
Même si les priorités sont définies, tous, et parmi eux le chef du commissariat, Steve Schiltz, sont d’accord pour dire que dans cet espace partagé, la courtoisie prime et que «tout le monde doit (y) faire attention à tout le monde».