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Sécurité routière : des adaptations mais aussi durcissement des sanctions en vue


Parmi les mesures impactantes du nouveau plan, le nombre de radars est voué à croître.

Le nouveau plan de sécurité routière a été présenté jeudi et contient notamment une intensification des contrôles et un renforcement des sanctions, sans délaisser pour autant la formation et la sensibilisation.

Comme pour d’autres États européens, l’objectif du Grand-Duché est de réduire à zéro le nombre de décès et de blessures graves survenus sur ses routes. Force est de constater que les chiffres nationaux sont loin du compte, avec 26 tués et 347 blessés graves en 2024. De quoi plomber l’optimisme et les ambitions du gouvernement ?

«Si je suis optimiste? Je dois rester réaliste, car le comportement humain est quelque chose que nous devons forcément intégrer quand on parle de sécurité routière» répond Yuriko Backes, ministre de la Mobilité et des Travaux publics. Aussi imprévisible qu’il soit, le comportement des conducteurs peut tout de même être influencé, et la ministre n’en démord pas, afin d’améliorer la situation à long terme. Elle a présenté hier le nouveau (et troisième) plan d’action national «Sécurité routière 2024-2028», s’inscrivant dans la stratégie internationale de l’objectif «Vision Zéro».

Des radars pour la vitesse et le portable

Parmi les vingt mesures du plan, l’acquisition de nouveaux radars mobiles ou de chantiers, et la poursuite du déploiement de radars fixes et tronçons, a été annoncée. Pour ce qui est du nombre des futurs radars, il dépendra du résultat des analyses du réseau, en cours, mais Alain Disiviscour, conseiller en charge de la Sécurité routière au ministère de la Mobilité, estime qu’il s’agira d’une vingtaine.

«L’idée n’est pas de mettre un radar à chaque recoin. L’idée est de savoir où se trouve une situation dangereuse et de savoir si le radar est le moyen approprié pour la désamorcer. Ce n’est pas la première solution mais plutôt le dernier moyen», tient à assurer le directeur.

L’arrivée d’un autre genre de radar a également été mentionnée : les radars de détection des téléphones. Aux Pays Bas, ils existent déjà sous la forme d’une caméra qui filme les usagers depuis un pont et qui, grâce à une IA puis une vérification humaine, détecte les téléphones tenus à la main. «Cela fonctionne très bien mais le problème est que la police néerlandaise ne peut nous donner l’outil en l’état» regrette Alain Disiviscour. Une homologation du système est requise afin d’être disponible sur le marché. D’ici là, «nous attendrons avec impatience» confie la ministre.

Des sanctions renforcées

Plus classiques et déjà en place, les contrôles de police sont voués à s’intensifier autour de thématiques précises : téléphone au volant, véhicules techniquement non conformes (tuning) et excès de vitesse. «Malheureusement, l’être humain fonctionne comme cela. S’il n’y a pas de contrôle et pas de sanction, cela laisse place à des excès» déplore Alain Disiviscour.

Le constat est le même pour les avertissements taxés. L’une des mesures consiste en l’introduction d’amendes forfaitaires lorsqu’un avertissement est impayé, ce qui arrive pour près d’une infraction sur cinq. «Dans un souci de désengorgement des instances judiciaires et policières», un mauvais payeur contrôlé écopera d’une amende d’un montant équivalent au double de l’avertissement impayé.

Sanctionner plus sévèrement les conducteurs alcoolisés ou drogués est également compris dans le plan, mais aucune annonce concrète n’a été faite, hormis que le groupe de travail planche encore sur le sujet. Même chose pour l’examen du catalogue des avertissements taxés dont les montants, «inchangés depuis presque 30 ans», vont être étudiés, notamment pour les infractions graves.

Sensibiliser dès l’école

La coercition n’est cependant pas le seul moyen proposé par le plan national pour agir sur le comportement du conducteur. L’ erreur humaine étant l’une des principales causes d’accident, la stratégie est d’améliorer la sensibilisation et la prévention, à commencer par un travail dans les écoles. «Je suis contente que, pour la première fois, le ministère de l’Éducation ait participé à l’élaboration de ce plan», se réjouit la ministre.

Après «Soyez visibles», deux autres campagnes nationales de sensibilisation sont prévues pour les cyclistes (2025) et les dangers de la moto (2026). La modernisation de la formation des apprentis conducteurs et des formateurs est également prévue, le trafic étant de plus en plus dense et les candidats au permis étant près de 50 % à échouer au premier examen.

Les infrastructures routières sont aussi au cœur de la réflexion. Il s’agit, entre autres, de protéger davantage les cyclistes sur leurs pistes, de sécuriser les abords en cas de sortie de route, ou d’avoir une gestion dynamique des voies et des limites de vitesse en fonction du trafic.

À noter aussi que le code de la route va devoir évoluer, l’une des mesures visant à l’adapter à la conduite autonome, pratique qui fait son chemin au Grand-Duché, tant politiquement qu’économiquement.