Pas le choix. Dans l’informatique, les employeurs du Luxembourg doivent désormais se montrer de plus en plus inventifs pour attirer et retenir des candidats qui se font rares sur le marché.
En septembre, une nouvelle loi contre la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, véritable épine dans le pied de l’économie nationale et synonyme de perte de compétitivité, entrait en vigueur. Dans la liste des 24 métiers déclarés «très en pénurie» publiée par l’Adem, le secteur de l’informatique apparaît particulièrement touché, avec pas moins de quatre domaines d’activité concernés – l’administration, le conseil et le support technique de systèmes d’information, et le développement informatique.
Ce nouvel outil destiné à faciliter l’embauche de salariés hors UE porte ses fruits, même s’il est loin de résoudre à lui seul le casse-tête qu’est devenu le recrutement dans la branche IT.
Graziella Genco, membre de l’équipe des ressources humaines chez Arhs Luxembourg, dresse l’inventaire des problématiques actuelles et les solutions que cette société de consultance met en œuvre pour réussir à engager près de 150 nouveaux collaborateurs par an.
Comment la pénurie de main-d’œuvre se traduit-elle sur le terrain ?
Graziella Genco : L’IT, ce sont des métiers qui ont toujours été pénuriques, mais ces dernières années, il y a de plus en plus de tensions. On ne se limite plus à la Grande Région pour recruter, on va chercher en Ukraine, en Russie, au Brésil ou en Inde. Les besoins sont immenses, et on manque de bons profils ou de compétences. Ça nous pousse à innover en matière de recrutement : on est forcés de revoir nos stratégies, car le marché est extrêmement concurrentiel, l’offre dépasse de loin le nombre de candidats disponibles localement. On doit mieux accompagner nos candidats dans le processus de recrutement, faire en sorte qu’il soit le plus simple et le plus transparent possible, rendre l’exercice agréable et laisser une belle image.
Que recherchent les candidats en 2024 ?
On constate une évolution de leurs attentes. Ils veulent beaucoup plus de flexibilité, du travail à distance. La nouvelle génération a aussi un rapport différent à l’entreprise. Elle souhaite équilibrer davantage vie professionnelle et vie privée, mais également se sentir alignée avec les valeurs de la société, pouvoir travailler sur des projets stimulants, qui ont un impact. Les opportunités d’évolution sont appréciées, tout comme la formation continue. C’est un enjeu pour nous de relever ce challenge.
Quels sont les profils les plus recherchés ?
Aujourd’hui, quasiment tous les métiers de l’informatique sont recherchés, que ce soit la partie infrastructure, le cloud ou le développement. Ce qu’on peut noter, c’est que les mediors et les seniors sont en position de force. Il y a moins d’opportunités pour les juniors, et ils sont plus nombreux sur le marché, donc davantage en concurrence, ce qui peut compliquer leur entrée dans l’emploi. Mais pas chez nous : Arhs déploie d’importants efforts visant les jeunes diplômés, notamment via un programme de mentorat.
Un jeune qui démarre gagne combien ?
D’après les retours qu’on a, je dirais entre 50 000 et 55 000 euros annuels, avec des avantages, dont une voiture de société.
Sur quoi misez-vous pour attirer des talents ?
On utilise des canaux de communication nouveaux, réseaux, plateformes, pour essayer d’aller toucher notre public cible, y compris au-delà de l’Europe. Le bouche à oreille aussi : nos employés peuvent recommander d’anciens collègues ou des amis, et recevoir des bonus si ça aboutit à un recrutement. On a également introduit une série d’extras pour faciliter le quotidien et apporter de la valeur ajoutée, de manière à garantir une certaine rétention : notre programme We Care permet de faire venir un opticien dans nos locaux ou d’organiser des cocktails d’anniversaire, on offre des jours de congé pour des événements de la vie, etc.
La loi sur les métiers « très en pénurie » a-t-elle amélioré les choses ?
Oui, ça fonctionne bien, les contacts avec les autorités sont plus faciles pour obtenir des permis de travail. C’est fluide, et les services sont relativement réactifs. Attention, il faut pouvoir justifier pourquoi on va recruter à l’international, et prouver que nos recherches en Europe ont été vaines.
Le Luxembourg attire toujours ?
Oui, car il est cosmopolite, ce qui facilite l’intégration. Les aspects sécurité, qualité de vie, infrastructures, éducation pour les enfants sont perçus très positivement. En revanche, les difficultés à trouver un logement pour ceux qui viennent de loin, ou les longs trajets pour les frontaliers peuvent être un repoussoir.
Pas d’accord… Développeur de 5 ans, je suis à 55k + TR + Prime. Et 50K + TR + Carte essence avant + Prime. Quand on regarde les offres, aucune offre pour les débutants et quasiment pu d’offres pour les seniors / intermédiaires. Je pourrais être à 60 / 70 k selon la société, mais projets inintéressants qui donnent l’impression que tu sers à rien + gros turn-over car projets développé avec les pieds, instable.
J’ai qd mm l’impression qu’on est en face d’une énorme arnaque. La tendance est un peu partout au ralentissement économique. Les juniors galèrent à trouver du taf ici mais dans le mm temps le Luxembourg ne trouve rien de mieux que de facilité l’arrivé de travailleurs étrangers avec un salaire bas/moyen. Du coup il doit y avoir plein de SSII/ESN qui engagent des seniors a 50k ce qui précarise encore plus les devs qui sont déjà présents ici.
« entre 50 000 et 55 000 euros annuels » -> C’est faux, ils m’ont proposé 48 000€/an. Selon le recruteur, cela fait partie du programme « Young Graduate 2024 ». Cette offre était non négociable. C’est marrant, il parle de transparence, mais ils en manque cruellement.