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Secteur de la santé : le nombre d’heures supplémentaires a doublé en cinq ans


(Photo d'illustration : AFP).

Le nombre d’heures supplémentaires dans le secteur de la santé explose ces dernières années. En cause : l’absentéisme au travail, mais aussi le manque d’effectif et de main-d’œuvre dans la profession.

Les employés du secteur de la santé n’en finissent plus avec les heures supplémentaires. Si durant la pandémie, ces dernières ont explosé, passant de 240 486 à 387 714 heures durant les différents pics du Covid-19, elles restent toujours aussi élevées pour l’année 2023 : 362 359 heures supplémentaires ont été prestées dans ce secteur sur 12 mois, d’après les chiffres communiqués ce lundi 14 octobre par la ministre de la Santé, Martine Deprez (CSV), en réponse à une question parlementaire du député Déi Lénk, Marc Baum.

C’est simple : le nombre d’heures supplémentaires a doublé dans le secteur de la santé en cinq ans. En 2019, les chiffres révèlent en effet «seulement» 163 379 heures prestées. Dans le détail, trois secteurs en particulier sont concernés, souligne la ministre CSV, même si l’ensemble des entités de la santé et de l’action sociale sont touchées par le phénomène :

  • les activités d’action sociale sans hébergement pour personnes âgées et pour personnes handicapées, dans lesquelles les heures supplémentaires ont progressé de +318,4 % en six ans ;
  • les activités hospitalières, avec une augmentation de +57,7 % des heures supplémentaires ;
  • les activités d’hébergement social pour personnes âgées ou handicapées physiques : +44,1 % depuis 2018.

Mais comment expliquer ces hausses? Si la pandémie de Covid-19 a bien évidemment son rôle à jouer, notamment pour les années 2020, 2021 et 2022, elle n’explique pas tout. Martine Deprez indique ainsi que l’absentéisme au travail pour cause de maladie reste «en toute logique» l’un des éléments moteurs de l’évolution du nombre d’heures supplémentaires. Or la diminution du personnel disponible due à l’absentéisme conduit «mécaniquement à une augmentation temporaire de sa charge de travail».

Ce taux d’absentéisme pour cause de maladie est ainsi passé de 5 % en 2019 à 7,1 % en 2022 puis à 6 % en 2023. Une légère baisse sur la dernière année, qui montre bien que l’absentéisme ne peut pas être considéré comme l’unique facteur à l’origine de l’augmentation des heures supplémentaires.

Des métiers très en pénurie

D’autres facteurs comme des effectifs insuffisants pour couvrir les besoins du secteur sont aussi à prendre en compte. Des difficultés de recrutement bien connus, qui perdurent depuis plusieurs années. Le Luxembourg n’hésite d’ailleurs plus à recruter à l’étranger, notamment dans la Grande Région, pour pallier ce problème.

La ministre rappelle ainsi que les métiers de l’action sociale et des soins infirmiers généralistes font partie de la liste des métiers très en pénurie de l’Adem. «La situation conjoncturelle actuelle a entrainé un fort ralentissement de l’emploi», analyse-t-elle également.

Le secteur tourne au ralenti : la progression du nombre de personnes exerçant une occupation dans le secteur «Santé humaine et Action sociale» est ainsi passée de 5,4 % entre 2021 et 2022 à seulement 2,2 % entre 2022 et 2023.

Trois hôpitaux du pays figurent toutefois parmi les principaux employeurs du pays : le Centre Hospitalier de Luxembourg, la Fondation Hôpitaux Robert Schuman et le Centre Hospitalier Emile Mayrisch.

La crise ne semble pas toucher l’assurance-dépendance. Le ministère de la Santé a en effet indiqué hier que le 5ᵉ pilier de la Sécurité sociale est devenu l’un des principaux employeurs du pays, avec actuellement près de 12 000 équivalents temps plein.

«Près de deux tiers des 17 000 personnes dépendantes sont aujourd’hui prises en charge à domicile. Grâce à la mise en place de l’assurance dépendance, le paysage des soins en général et des soins à domicile en particulier s’est énormément développé ces vingt-cinq dernières années. C’est aussi la marque d’un changement important de société : solliciter l’assistance d’un réseau d’aides et de soins devient de plus en plus naturel.», s’est félicité la ministre de la Santé, Martine Deprez.

La session académique a également rassemblé des experts pour examiner les défis futurs et explorer les perspectives et opportunités visant à améliorer la prise en charge des personnes dépendantes.

Pour rappel, le Luxembourg est un des seuls pays européens ayant introduit une assurance dépendance : en vigueur depuis le 1ᵉʳ janvier 1999, elle couvre le risque de la dépendance permanente ou irréversible, indépendamment de l’âge des personnes concernées et de leurs ressources.

Les dépenses nettes de 904,4 millions d’euros en 2023 comprennent principalement les aides et soins délivrés à domicile, dans les centres semi-stationnaires, dans les établissements à séjour intermittent (structures du domaine du handicap) et dans les établissements à séjour continu.