L’œil de notre chroniqueur, Sébastien Grandjean, sur la rencontre face à la Mannschaft et avant le duel à Belfast contre l’Irlande du Nord, ce lundi.

Avant le match contre l’Allemagne, tout le monde se demande à quelle sauce on va être mangés en se disant que si on peut ne pas en prendre de trop, ce serait déjà pas mal. Jeff Strasser a été surprenant. Pas dans l’option tactique mais sur les hommes et leur position. En tout cas, il a décidé que quitte à être battu, autant le faire avec panache, avec un vrai plan pour mettre le pressing haut, c’est-à-dire quelque chose de très énergivore, d’où cette première mi-temps de haut vol et cette deuxième période un peu plus difficile physiquement.

Alors moi, à la pause, j’aurais préféré un 2-2 voire un 2-1 plutôt qu’un 0-0 pour avoir encore plus d’émotions mais au moment de faire l’analyse de la première période, on se rend compte que la seconde sera d’un autre tonneau tant le volume de courses de certains garçons était énorme. Je dis bien énorme! Notamment dans l’entrejeu et les couloirs.

L’absence de but ? Pas inquiétant du tout

Les couloirs, c’est d’ailleurs le problème principal de la seconde période : quand on perd Bohnert à la mi-temps, il faut revoir le plan et passer Jans à gauche. C’est l’origine du premier but : le temps de reprendre l’habitude du flanc gauche, Sané lui met deux mètres sur un contrôle et centre pour Woltemade. Je ne suis pas sûr que ce serait arrivé avec Bohnert. Pas de chance, même si l’arrivée de Nmecha sur le terrain à la place de Goretzka a tout changé, notamment parce qu’il a mis plus de tempo et plus de jeu…

Pourtant, au moment où on se dit que cette équipe nous a tout donné avant la pause et qu’on n’attend plus de fulgurances, on a encore cette occasion de Dardari qui frappe au ras du poteau et, encore mieux, cette position de « Kiki«  qui s’emmêle les pinceaux devant le but (mais ce n’est pas illogique vu les courses à très haute intensité qu’il a multipliées – je voudrais d’ailleurs bien voir ses données GPS).

Tout ça est extrêmement rassurant pour le public et je pousserai même jusqu’à dire que l’absence de but, encore une fois, n’est pas inquiétante du tout. Pourquoi? Parce qu’en première période, Sinani en repiquant au premier poteau sur le centre de Barreiro a bien fait le job, tout comme Dardari en ratant de peu le cadre alors qu’au ralenti, on voit bien qu’il n’a pas d’autre choix, l’angle étant bouché… Jusqu’au coup franc d’« Oli«  Thill. Tout cela montre qu’on peut se créer des occasions même contre la 10^e nation mondiale. Alors en Irlande du Nord, avec cet enthousiasme et la manière, cela peut conduire à quelque chose.

Dardari, à la Robben ou à la Doku

Je voudrais terminer sur deux garçons. Sur Dardari d’abord. Qui semble avoir déjà parfaitement compris que les 75 premiers mètres, on n’y prend pas de risques à la construction. C’est en une ou deux touches, et c’est tout. La différence, c’est dans les trente derniers et ça, il sait bien le faire, à la Robben, toutes proportions gardées. En tout cas, il est systématiquement dangereux, comme un Doku même si lui peut faire intérieur ou extérieur, et cela force l’adversaire à se demander s’il ne faut pas une couverture à deux… qui libérerait un de ses coéquipiers. C’est vraiment une bonne surprise.

L’autre joueur dont il faut parler, c’est Olivier Thill. Intéressant pour installer un pressing un peu plus haut et parfait parce qu’on peut compter sur son métier. Je l’ai déjà dit souvent : le Luxembourg ne doit pas être un terrain d’expérimentations mais être bâti sur quelque chose de logique pour tenir la route. Il vaut mieux le métier que l’insouciance. Et remettre le pied droit extraordinaire d’« Oli«  sur le terrain, qui peut amener de vraies différences sur phases arrêtées, c’est super important. Vu là d’où il revient, c’est une excellente nouvelle.