Accueil | A la Une | Schueberfouer : pas de job pour les moins de 18 ans

Schueberfouer : pas de job pour les moins de 18 ans


Les moins de 18 ans n’ont plus leur place auprès des forains pour des raisons de santé et de sécurité.  (Photo : archives lq/didier sylvestre)

Les jobs d’été ne peuvent pas être occupés par les jeunes de moins de 18 ans pour des raisons de santé et de sécurité. La députée et foraine Barbara Agostino s’en émeut.

Obtenir un job étudiant à la Schueberfouer équivalait à décrocher le graal pour de nombreux jeunes qui pouvaient s’attendre à une bonne rémunération pour se faire de l’argent de poche, partir en vacances avec les copains ou même financer le permis de conduire. Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, il faut avoir 18 ans accomplis pour pouvoir postuler sur le site d’une des plus grandes fêtes foraines d’Europe qui accueille près de deux millions de visiteurs sur trois semaines.

Avant cette modification introduite sous l’ancien gouvernement et le ministre Dan Kersch, il était encore possible de rencontrer et d’interviewer des jeunes de moins de 18 ans qui ne cachaient pas leur satisfaction d’avoir obtenu un job auprès des forains. Il n’était pas seulement question de rémunération, mais aussi d’ambiance et de découverte de l’univers des forains, un monde très différent de leur quotidien. Les règles ont cependant changé et les jeunes de moins de 18 ans ne peuvent plus postuler à la Schueberfouer. C’est une exception dans la loi qui régit les jobs d’été.

Le code du travail autorise les lycéens âgés d’au moins 15 ans à travailler pendant les vacances scolaires et il ne faut pas avoir dépassé l’âge de 27 ans. La rémunération varie en fonction de l’âge et le salaire est exempté d’impôt si le tarif horaire ne dépasse pas les 16 euros de l’heure, selon les informations mises à jour en février dernier sur le site Guichet.lu.

L’Inspection du travail et des mines (ITM) rappelle dans un courrier adressé aux forains cette exception liée à l’âge. Pas de job pour les moins de 18 ans sur le champ de foire, selon le code du travail, qui interdit aux jeunes d’exécuter des travaux en raison des dangers inhérents pour leur santé. L’emploi dans le commerce ambulant, sur la voie publique, en fait partie.

Pour la députée libérale Barbara Agostino, elle-même foraine avec un restaurant, cette exception est un non-sens. «Pourquoi? On vient nous dire que c’est trop de stress, qu’il y a trop d’insécurité, que le niveau sonore est élevé, mais les jeunes peuvent aller travailler en job d’été dans un bar bruyant ou à la Rockhal», déclare-t-elle au Quotidien. «Je connais des parents qui auraient bien besoin que leur enfant soit embauché pour trois semaines à la foire, mais je ne peux rien faire pour eux, car si je me fais coincer lors d’un contrôle, je passe à l’amende», ajoute-t-elle.

L’ITM, dans son courrier aux forains, précise que «l’occupation d’un jeune l’exposant aux risques précités est punissable d’un emprisonnement de huit jours à six mois et d’une amende de 251 à 25 000 euros». «Je ne comprends pas les risques pour leur santé alors que pendant la foire, les jeunes dès 16 ans consomment de l’alcool dans les bars où la musique hurle dans les enceintes», nous dit encore Barbara Agostino.

«Mauvais message»

Elle a dit sa colère, hier matin, sur les réseaux sociaux. Dans l’ensemble, les témoignages que son post a recueillis lui donnent raison. Beaucoup se sont rappelé avoir grillé les saucisses ou servi dans les restaurants dès l’âge de 16 ans, une expérience qui ne les a pas négativement bouleversés. Au contraire, l’argent de poche qu’ils y ont gagné leur a servi à acheter un vélo, pour les uns, ou se payer des vacances, pour les autres, pour ne citer que ces exemples.

En revanche, il s’est trouvé une personne pour lui rappeler que le ministre DP, Claude Meisch, a bien fixé l’obligation scolaire jusqu’à 18 ans et «qu’il faudrait se mettre d’accord dans le parti». Un autre lui a également rappelé que c’est la Chambre qui a voté cette modification du code du travail et que ce n’était pas la seule décision du ministre Dan Kersch (LSAP) à l’époque.

«En ce qui concerne l’obligation scolaire, peut-être que je n’aurais pas été d’accord du tout!», nous répond Barbara Agostino, connue pour être un électron libre au sein du parti libéral. Quant au vote des députés en 2018 à propos de cette modification du code du travail, elle pense sérieusement à poser une question parlementaire à ce sujet. Elle espère surtout que cette exception sera levée pour la prochaine Schueberfouer, car le «message envoyé aux jeunes n’est pas le bon» et n’incite pas les jeunes à se confronter au milieu du travail.

«Pour apprendre à se débrouiller dans ce nouvel environnement et bien remplir les tâches qui lui incombent, il devra développer ou renforcer sa capacité à s’organiser, son sens des responsabilités ainsi que sa discipline personnelle – des compétences fort utiles dans son cheminement professionnel et scolaire», estime la députée dans son post Facebook.

Le ministre du Travail n’est pas fermé aux discussions

Que pense Georges Mischo de l’autorisation de travail des jeunes de moins de 18 ans à la Schueberfouer ? Dans une réponse ministérielle qui fait suite à la question de deux députés du DP, Corinne Cahen et Barbara Agostino, le ministre a donné sa vision des faits. « Les jeunes de moins de 18 ans sont encore en pleine croissance et développement dans tous les aspects de leur vie, en raison de plusieurs facteurs liés à leur développement physique, mental, moral ou social, ce qui les rend particulièrement vulnérables dans le monde du travail », explique-t-il.

Pour lui, l’environnement du commerce ambulant et celui de la Schueberfouer n’est pas adapté à leur âge. «Leur capacité à évaluer les risques et à prendre des décisions éclairées est encore en développement, peut les conduire à sous-estimer les dangers. Loin d’avoir développé l’esprit de sécurité, ils se laissent au contraire facilement tenter par l’attrait du risque », poursuit-il. Il cite, un peu plus loin, les comportements auxquels ils pourraient faire face comme la conduite inappropriée de certains visiteurs, ou encore les conditions de travail particulièrement difficiles pendant la foire.

En conclusion de sa réponse, Georges Mischo se dit ne pas être opposé à discuter de « certains points de détail concernant le travail des jeunes de 16 à 18 ans. Il précise que celui-ci est régi par des « dispositions légales issues d’une direction européenne qui a été ratifiée par le Luxembourg ».

« Toute modification éventuelle devra impérativement respecter les dispositions de ces normes supranationales », conclut-il.

E.D

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.