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Schouluebstprogramm : le Mouvement Écologique demande des améliorations


Le ministère de l'Agriculture a lancé une procédure d'appel d'offres pour la livraison de 400 tonnes de fruits à l'école pour l’année scolaire 2024-2025. (Photo : editpress)

Alors que le programme annuel de distribution de fruits dans les écoles recherche des offres de producteurs, le Mouvement Écologique dénonce les failles de ce système.

Depuis 16 ans, le Luxembourg participe au programme européen « Schouluebstprogramm». Ce projet vise à augmenter la consommation de fruits et légumes auprès des élèves dans les écoles fondamentales et les lycées du pays et à sensibiliser les jeunes aux goûts des produits agricoles. Le ministère de l’Agriculture a donc lancé un appel d’offres, du 23 août au 20 septembre, destiné aux producteurs agricoles locaux.
Seulement voilà, ce n’est pas au goût du Mouvement Écologique (Méco). Depuis plusieurs itérations de l’événement, ils mettent en garde le ministère sur sa gestion des fruits bios et locaux dans les cantines. «À chaque fois, on revit le même film. On envoie nos recommandations, on nous répond que ça a été reçu puis plus rien», déplore Jacques Pir, membre du conseil d’administration du Méco. Pour le biologiste de formation, la situation devient «absurde». Pour pallier «les fruits et légumes à bas coûts enrichis en pesticides» dans les assiettes des enfants, le groupe propose 3 axes de solution.

Les talons d’Achille

Premièrement : majorer le système de points mis en place. Dans celui-ci, les producteurs qui en obtiennent le plus sont ceux qui pourront vendre leurs denrées aux cantines. Si l’on en croit le Méco «une pomme peu chère vaut 150 points, sur 200, tandis qu’une bio ou produite proche du Luxembourg vaut 25 points. Impliquant qu’un grand producteur au sud de l’Europe a plus de chance qu’une moindre production locale.» Sur ce point, le ministère répond que le facteur «prix» compte pour 50 % des critères d’attribution des lots, condition d’accès pour qu’il puisse bénéficier des aides européennes.

Ce qui amène à leur deuxième point : la régionalisation du marché. Le Luxembourg est fortement dépendant des importations en fruits et légumes. Cela amène une large concurrence sur le marché national. Pour Jacques Pir, il faudrait subdiviser le pays dans ce projet : «ainsi les producteurs de l’est alimenteront les écoles du même coin, pareil pour le nord, l’ouest, etc. Cette division de la charge permettrait aux petits acteurs de préparer des quantités raisonnables à livrer et plus simple à prévoir.» Même si le ministère parle de pouvoir “s’associer pour émettre une offre”, le Méco trouve la concurrence déloyale.

Enfin, ils pointent du doigt un troisième problème : les critères de calibrage. Dans les pages du bordereau pour proposer ses produits, des pommes de variétés précises sont exigées. Si ces fruits ont un bel aspect et un goût qui est sûr de plaire, elles ne sont pas forcément saines. «Cette année, nous avons eu un temps très pluvieux et cette espèce n’y est pas habituée. Elle finit donc attaqué par un champignon, l’oïdium. Il y a bien eu une solution pour les traiter mais elle est à base de pesticides pulvérisés des dizaines de fois par an». Le choix éclairé se trouverait plutôt dans des essences locales qui se sont adaptées au climat et nécessitent bien moins de traitements. Le Mouvement Écologique accuse même les fruits importés de contaminer les enfants, comme le démontre une étude de 2022 du LIH demandée par le ministère de la Santé.
Interrogé, le ministère de l’Agriculture répond sur les pesticides que “l’ALVA est justement en place pour contrôler nos aliments, y inclus sur la présence de PPP”.

Quid des avancées

Malgré ces contestations, le mouvement accorde quelques points positifs dans leur critique “depuis le dernier appel d’offres pour les fruits à l’école, la part des aliments bio exigés est passée de 5 à 10 % et les carottes doivent également être proposées en qualité bio. Le Mouvement Écologique salue expressément cette évolution.”
Concernant les carottes bios, elles sont effectivement assez développées dans le pays pour pouvoir fournir la quantité et la qualité nécessaires. Idem pour toutes les bananes qui se doivent d’être bios et issues du commerce équitable. Le ministère estime que “au moins 30% des produits distribués seront donc issus de la production biologique.”

À chaque ministère sa gestion

De son côté, le ministère de l’Éducation Nationale gère différemment ses produits avec Restopolis. L’administration responsable de l’organisation des cantines scolaires analyse la demande de produits bios et régionaux à venir et donne un signal aux producteurs luxembourgeois pour adapter leur production. Dans ce modèle, la culture biologique et la régionalité ont la priorité sur le calcul du prix. Pour le Méco, soutien de ce modèle, “un producteur de fruits biologiques et régionaux qui ne dépasse pas les bornes en matière de prix a presque une garantie de vente pour la plupart des produits dans le contexte de la stratégie Restopolis.”

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