Ouvert en 1972, Chez Toni fête cette année ses 50 ans. Un demi-siècle et deux générations plus tard, le petit café d’une vingtaine de places est devenu un restaurant de plus de 200 couverts.
À Schifflange, l’adresse est aujourd’hui bien connue. Après tout, cela fait 50 ans que Chez Toni fait partie du paysage local. Mais Tony Ceccacci n’imaginait sans doute pas que ce petit café qu’il reprend en 1972 existerait toujours un demi-siècle plus tard et n’aurait eu de cesse de s’agrandir. Alors ce mois-ci, son fils Luigi, qui a repris l’affaire en 1991, souhaite avec sa femme Sylvie remercier leurs clients les plus fidèles et célébrer avec eux cette histoire qui les réunit depuis tant d’années.
Tout commence donc cinq décennies auparavant quand Toni, arrivé de France avec sa famille, reprend ce petit café de la rue des Artisans. Originaire d’Italie, du Lazio plus précisément, il souhaitait travailler dans la sidérurgie alors en plein essor dans la région. «Il a vu cette maison à vendre. À l’époque, il y avait beaucoup de cafés pour les ouvriers, notamment à Esch. Mais il n’y en avait pas à Schifflange», raconte Luigi. Toni et son épouse se lancent donc dans cette aventure et ouvrent un petit café d’une vingtaine de places. «C’était un challenge à l’époque.»
Gardien de l’histoire familiale, Luigi en a connu toutes les étapes, lui qui commença dans l’affaire dès l’âge de 12 ans. Né en France, il a gardé la faconde de ses origines italiennes et retrace la chronologie sans mal, les mains toujours en mouvement. «La transition du café en restaurant s’est faite en quelques années. Depuis le début, on préparait des spaghettis ou des cannellonis plutôt pour des clubs qui venaient manger à dix, quinze ou vingt.» C’est sa mère qui s’occupe de la cuisine grâce aux recettes transmises dans sa famille. La petite carte de quatre ou cinq plats s’enrichit, en 1976, de pizzas et le restaurant prend peu à peu de l’ampleur. «L’agrandissement s’est fait au rythme de la croissance du pays et de Schifflange. À l’époque, il y avait 6 000 habitants, aujourd’hui il y en a 11 000!» De nouveaux clients potentiels qui, année après année, étaient susceptibles de pousser la porte de Toni.
La troisième pizzeria du Grand-Duché
«Les pizzas, c’étaient un plat d’appel. Nous avons été la troisième pizzeria à ouvrir dans le pays», affirme Luigi. En 1991, Toni part à la retraite et Luigi, déjà bien intégré, reprend la direction. Très vite, Sylvie le rejoint. «Je travaillais dans la comptabilité. Quand mon mari a repris l’entreprise, la vie familiale était difficilement conciliable alors je l’ai rejoint», se souvient-elle. Avec ses compétences, elle s’occupe essentiellement de l’administratif. «Même si au début, j’étais aussi beaucoup en salle ou au bar.» Tous les deux apportent un nouveau souffle au restaurant qui évolue peu à peu. D’abord par une première extension en 1996 puis par de nouveaux projets comme un petit hôtel de 12 chambres, ouvert en 2011, ou la Nuddelfabrik, deux ans plus tard. Celle-ci produit des pâtes fraîches artisanales distribuées en grande surface mais aussi proposées directement aux clients grâce à une boutique. «Aujourd’hui, l’entreprise emploie une vingtaine de personnes et nous avons 200 couverts plus une trentaine sur la terrasse», précise Luigi.
Malgré cette expansion, le restaurateur a tenté de garder l’esprit familial des débuts. «Nous ne l’avons jamais géré comme une société, c’est notre cheval de bataille. Aujourd’hui quand on monte un restaurant, on cherche d’abord des investisseurs, l’esprit n’est plus le même.» L’une des raisons qui explique sans doute que certains salariés alignent plus de 20 ans de maison. C’est le cas de Marijan, le chef de cuisine, qui a su apporter une touche plus moderne et élaborée. «Tous les 15 jours, nous changeons la carte selon les saisons. Nous avons beaucoup d’habitués, nous devons leur proposer de la nouveauté.»
Car cette fidélité se retrouve aussi chez les clients. Là aussi, les générations se succèdent. «Mes parents recevaient des gens qui ont fait leur mariage ou les baptêmes de leurs enfants qui eux-mêmes ont ensuite organisé leur mariage chez nous. Aujourd’hui, nous continuons avec leurs propres enfants.» Une tradition familiale qui perdure également de l’autre côté du comptoir. 2022 ne marque pas seulement les 50 ans de Chez Toni mais aussi l’année où la fille de Luigi et Sylvie intègre la direction. «Déborah s’occupe de la communication et des réseaux sociaux», ajoute le papa, fier de pouvoir transmettre cet héritage. Un renouvellement de plus qui permettra encore d’écrire quelques pages dans l’histoire de Toni et de son petit café.
Chez Toni en quelques dates :
1972 : ouverture de Chez Toni à Schifflange
1976 : le restaurant propose ses premières pizzas
1991 : retraite de Tony Ceccacci, son fils Luigi reprend le restaurant avec son épouse Sylvie
1996 : le restaurant s’agrandit
2011 : ouverture d’un petit hôtel de 12 chambres
2013 : ouverture de la Nuddelfabrik
2022 : le restaurant fête ses 50 ans et une nouvelle génération arrive avec Déborah Ceccacci