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Santé : un entraînement virtuel pour se préparer au réel


La simulation permet d’être confronté à différents scénarios et de répéter les bons gestes, des plus simples aux plus complexes. (Photo : fabrizio pizzolante)

L’ENSA a développé un nouveau module de cours pour les infirmiers et les aides-soignants leur permettant de s’entraîner sur des cas concrets grâce à des simulations en réalité virtuelle.

Alité dans sa chambre d’hôpital, Earl Jenkins peine à respirer. Devant le visage inquiet de la femme du patient, l’aide-soignant regarde les informations à sa disposition, effectue une série de gestes précis (prise de tension, application d’un masque à oxygène, injections…), tout en expliquant au malade et à son épouse ce qu’il est en train de faire. Au bout de quelques minutes, les constantes remontent. Earl Jenkins semble tiré d’affaire et l’aide-soignant peut enlever son casque de réalité virtuelle (VR). Car toute cette procédure n’était en fait qu’un exercice lors d’une formation proposée par l’École nationale de santé du Luxembourg (ENSA).

Depuis la rentrée 2024, les étudiants aides-soignants et infirmiers ont vu leur cursus s’enrichir d’une nouvelle série d’exercices pratiques réalisés grâce à la VR. Ceux-ci les plongent dans différents scénarios au cours desquels ils doivent appliquer tout ce qu’ils ont appris et réagir de la bonne manière pour aider leur patient.

«Ce sont des situations qu’on ne peut pas recréer en classe», explique Anne Collé, cheffe du projet et enseignante à l’ENSA. S’il est possible d’apprendre et de répéter les bons gestes sur un mannequin, il est difficile d’être confronté à un cas concret, si ce n’est lors d’un stage en hôpital avec tout le stress que cela peut entraîner. «Le but est d’opérer un transfert de la théorie à la pratique.»

Prendre les bonnes décisions

S’il a été intégré aux formations de l’ENSA cette année, le projet est en gestation depuis 2021. Mené par le Centre de coordination des projets d’établissement (CCPE) du ministère de l’Éducation nationale, il a été développé durant quatre ans afin de mettre en place des environnements cliniques crédibles pour aider les étudiants. «Nous avons réalisé 629 simulations», précise Anne Collé.

Tout un projet pédagogique a également été mis en place autour afin que l’expérience aille au-delà du simple gadget et apporte une vraie plus-value aux étudiants. Désormais intégrées aux cours pratiques, ces séances font toujours l’objet d’une première prise en main, absolument nécessaire face à des étudiants peu habitués à la VR. «Ce sont loin d’être des nerds, affirme Anne Collé. La plupart n’ont testé la VR que dans les musées ou à Phantasialand.» Un briefing est ensuite organisé avant de passer à la simulation. Les étudiants travaillent en binôme, l’un avec le casque sur la tête et l’autre avec une tablette permettant d’assister à toute la simulation.

Durant l’exercice, l’élève doit prendre les bonnes décisions et effectuer les gestes adéquats pour répondre aux besoins du patient. «Ils doivent bien regarder les informations du dossier médical pour administrer les médicaments en fonction de l’ordonnance. Ils voient ensuite les changements sur l’état du patient.» Un aspect social, encore peu développé, permet aussi à l’élève d’interagir avec le patient, voire avec sa famille. Une autre composante essentielle du métier de soignant qu’il est difficile de récréer à l’école.

Toutes les erreurs sont permises

À la fin, un débriefing est organisé avec la classe pour faire le point sur ce qui s’est passé pendant la simulation. Les étudiants peuvent alors faire part de leur ressenti. Ici, toutes les erreurs sont permises et même si l’enjeu ne sera jamais le même par rapport à un véritable patient, la simulation leur permet d’affronter des scénarios qu’ils rencontreront plus tard.

Le cours terminé, la plupart des étudiants en ressortent très satisfaits et disent retirer un vrai bénéfice de ces exercices. Amélioration des compétences, gestion des priorités, réduction du stress… les effets positifs sont nombreux. «En plus, il y a un côté ludique qui attire les étudiants.» Six scénarios, allant de la prise en charge postopératoire à l’observation des paramètres vitaux en passant par la gestion d’un patient atteint de diabète, sont pour le moment disponibles.

«II n’y a pas d’autre école avec un tel concept», se félicite Anne Collé. Mais la formation ne souhaite pas se reposer sur ses lauriers et continuera d’évoluer dans les années à venir. L’aspect social devrait ainsi être développé, notamment avec l’aide de l’intelligence artificielle, tandis que l’accès des étudiants aux casques pourrait devenir plus libre. Afin d’être toujours mieux préparés aux défis qui les attendent.

Toute la simulation est visible en temps réel sur une tablette permettant à un binôme d’accompagner l’étudiant dans l’exercice.

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