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Santé mentale : des spécialistes débordés


Les contours du plan ont été présentés, hier, par la ministre Paulette Lenert (à g.) et le Dr Juliana D’Alimonte, directrice adjointe de la direction de la Santé. (photo Fabrizio Pizzolante)

Un nouveau plan national se fixe pour objectif d’améliorer la santé mentale et le bien-être de la population. Pour l’instant, la situation sur le terrain est critique, avec des psychiatres et psychologues à bout de souffle.

La ministre de la Santé, Paulette Lenert, évoque un «jalon fondamental au renforcement et à l’amélioration du bien-être des personnes au Luxembourg». Le Plan national de santé mentale (PNSM), dévoilé mardi, doit servir de base pour renforcer la prévention et la prise en charge de troubles mentaux. «Tout un chacun a le droit de vivre en bonne santé. Cela ne se limite pas au droit de bénéficier de soins, mais de pouvoir vivre dans un environnement sociétal qui permet de maintenir un bon état de santé. La prévention est importante, mais si l’on tombe malade, il est essentiel que la maladie soit rapidement identifiée et traitée», indique la ministre socialiste.

Les praticiens sont dos au mur

Actuellement, le Luxembourg touche cependant à ses limites dans le domaine des troubles mentaux, «un domaine qui doit faire partie intégrante de la politique de santé». Malgré une large offre de «services de qualité» déjà existante, les psychologues et psychothérapeutes se retrouvent dos au mur. Un exemple criant est la psychiatrie juvénile. «Il est devenu quasiment impossible de prendre rendez-vous. Il y a quelques semaines, la liste d’attente était encore de 4 à 6 mois. Aujourd’hui, les médecins spécialisés n’acceptent plus de nouveaux patients», reconnaît le DJuliana D’Alimonte. «Déjà avant la pandémie, les services psychiatriques, psychologiques et les différents services conventionnés étaient débordés. Les spécialistes ont tenté de tenir le coup, mais plusieurs d’entre eux n’ont plus la force de traiter leurs patients», ajoute la directrice adjointe de la direction de la Santé.

Les six champs d’action et 26 objectifs retenus dans le Plan national de santé mentale ne vont pas pouvoir se réaliser à court terme. «Le travail ne fait que commencer», affirme Paulette Lenert, précisant que le plan directeur finalisé en cette toute fin de législature couvre la période entre 2024 et 2028. Le recrutement et la fidélisation de nouveaux spécialistes constituent un des enjeux clés pour réussir à «améliorer la santé mentale et le bien-être (…), prévenir les troubles psychiques, garantir un accès à un traitement de qualité et adapté aux besoins (…)» pour les personnes concernées. Que ce soient les adolescents, les salariés, les parents, les personnes en situation de handicap ou encore les personnes âgées : toutes les catégories socioprofessionnelles risquent de développer un trouble dépressif ou d’anxiété, voire des pathologies plus graves.

La vision globale est de créer un système de santé mentale libre de toute stigmatisation, reposant sur une coopération plus coordonnée entre les différents acteurs et misant sur une prise en charge holistique des patients ou citoyens présentant une vulnérabilité élevée de tomber malade. «La mission première est d’éviter qu’un trouble se déclenche. Pour y parvenir, il faut agir sur les différents facteurs impliquant l’individu, mais aussi son entourage», résume Juliana D’Alimonte.

«Ne pas se limiter à la phase aiguë»

Si un traitement s’avère devenir nécessaire, le plan de santé mentale, cité par Paulette Lenert, mise sur «une continuité du parcours des soins, selon les besoins individuels des personnes et de leur espace». Dans cet ordre d’idées, des investissements massifs sont demandés, notamment pour augmenter de 250 à 400 unités le parc de logements encadrés et créer davantage de places dans les ateliers thérapeutiques. «Pour être efficace, le traitement ne peut pas se limiter à la phase aiguë. Il faut aussi permettre au patient de retourner à une vie normale», souligne la ministre de la Santé.

Elle se dit consciente que le plan, tenant compte des propositions de l’ensemble des acteurs concernés, «ne constitue pas une recette miracle pour trouver les personnes à recruter. Une pénurie existe à l’échelle internationale. Il est d’autant plus important de créer des conditions de travail attrayantes.» Le gouvernement sortant a notamment pris l’engagement de doter le métier de psychologue d’un véritable statut professionnel.

Le plan intégral est à télécharger sur sante.lu.

Un espace d’information complet sur sante.lu

Partant du constat que bon nombre de citoyens n’ont pas connaissance de l’importante offre déjà existante pour prévenir ou prendre en charge des troubles mentaux, le ministère de la Santé a décidé de compléter son portail sante.lu par un espace d’information exclusivement consacré à la santé mentale. La grande nouveauté est l’onglet «Aides utiles» où le citoyen peut notamment retrouver une liste complète des offres d’information et d’aides existantes.