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Santé mentale des collaborateurs : le nouveau défi des cadres


Pour ce spécialiste des risques psychosociaux, un manager doit savoir s’adapter à la personnalité de chaque collaborateur. (Photo : dr)

Le Dr Marc Jacoby (ArcelorMittal) a évoqué l’impact du management sur la santé mentale, lors d’un atelier qui a fait salle comble, mercredi, au Forum sécurité-santé au travail à Luxexpo.

Parmi les nombreux ateliers organisés mercredi en marge du Forum sécurité-santé au travail qui réunissait dirigeants d’entreprise et responsables sécurité-santé à Luxexpo, celui du Dr Marc Jacoby a attiré plusieurs centaines de participants.

En 40 minutes, ce chef du département Santé chez ArcelorMittal leur a déroulé un condensé de la formation «Human management, l’impact du manager sur la santé mentale de ses collaborateurs», qu’il anime normalement en interne auprès des cadres.

Et à en juger par le peu de sièges laissés vides, il traite d’un vrai sujet de préoccupation : «L’évolution de la société a fait de la santé mentale une question importante, qu’on peut désormais aborder ouvertement. Et le manager peut agir à son niveau», note le médecin, témoin direct des défis qui se posent aujourd’hui aux responsables d’équipe.

«Pour moi, c’est flagrant. On voit un écart phénoménal entre les managers à l’ancienne, qui veulent imposer leur approche, et les recrues des nouvelles générations, dont les attentes sont très différentes», insiste-t-il.

Trop de managers projettent leur propre personnalité sur leurs collaborateurs

Ainsi, chez ArcelorMittal, qui emploient 3 525 salariés au Luxembourg, près de 30 % des effectifs seront bientôt issus de la génération Z, née avec le numérique. Des travailleurs très flexibles, qui recherchent avant tout l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, prêts à s’investir, mais avec de fortes attentes en retour. «C’est à l’encadrement de s’adapter», tranche l’expert.

Autre difficulté, les différences de perception dans un contexte multiculturel : «Dans certaines cultures, on ne parle pas du tout de santé mentale, même si les gens sont en souffrance. Le style managérial peut aussi être très différent d’une culture à l’autre.» Autant de points d’attention qui doivent compter pour un chef.

Selon Marc Jacoby, le principal levier pour préserver la santé mentale des collaborateurs est le support émotionnel. Il est essentiel de connaître les personnalités des membres de son service pour les comprendre et les valoriser. «C’est la clé. La force réside dans la différence. C’est comme ça qu’il faut le voir ! Trop de managers projettent leur propre personnalité sur leurs collaborateurs», glisse-t-il, tandis que l’assemblée prend des notes.

Quant au burn-out, cet état d’épuisement dû au travail, c’est loin d’être une fatalité. Le médecin rappelle que, pour s’épanouir, une personne a besoin d’être comblée dans toutes les sphères qui composent sa vie – travail, loisirs, santé, famille, relations sociales, croyances, etc. «Or, en général, beaucoup d’énergie et de temps est consacré au travail, le reste étant négligé. Ce qui donne des collaborateurs fragilisés», alerte-t-il.

Des clés pour instaurer un climat protecteur

D’où la nécessité d’instaurer un climat protecteur. «C’est ce que tout manager doit rechercher», résume le spécialiste. Et pour y arriver, le manager doit d’abord être bienveillant avec lui-même, donner l’exemple, prendre soin de toutes les sphères de sa propre vie. Ensuite, Marc Jacoby conseille d’adapter son style managérial en fonction du collaborateur : l’un aura besoin de se sentir mis en avant en tant qu’individu, quand l’autre préférera qu’on s’intéresse à son travail.

Enfin, une relation de confiance doit s’établir, condition sine qua non pour que le personnel ose faire remonter les éventuels problèmes jusqu’au manager, qui pourra alors agir. Et là-dessus, le médecin se montre très clair : se contenter de dire «ma porte est toujours ouverte» ne suffit pas. «La confiance se mérite. Il faut passer du temps avec ses collaborateurs, toujours rester intègre dans son approche, faire preuve de transparence et ne pas garder les informations pour soi. Partager, apprécier le travail de chacun et le dire», liste le conférencier.

C’est comme ça que, progressivement, un environnement de confiance va se créer, permettant à l’équipe de se sentir à l’aise et de travailler avec moins de stress, tout en étant plus efficace.

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