Le ministère de la Santé et de la Sécurité sociale a présenté le rapport épidémiologique de l’année 2023. Si le covid ou la grippe infectent beaucoup moins de monde que les années précédentes, on note une recrudescence de certaines maladies à prévention vaccinale ou sexuellement transmissibles.
«La surveillance des maladies infectieuses constitue un levier essentiel en vue de la prévention et du contrôle des épidémies, de la protection des populations à risque et de l’orientation des politiques de santé publique», cette phrase en ouverture du rapport épidémiologique de 2023, publié ce lundi 9 septembre par le ministère de la Santé, rappelle l’importance du suivi des différentes maladies circulant au Grand-Duché et la nécessité de faire régulièrement le point sur la situation.
Les données de ce rapport s’appuient sur deux types de déclarations : celles effectuées par les médecins et les dentistes, principalement par le biais de MyGuichet.lu, et celles réalisées par les laboratoires de biologie médicale, qu’ils soient privés ou publics. Au Luxembourg, huit laboratoires participent activement à la déclaration des maladies infectieuses.
En 2023, le covid est resté la maladie la plus déclarée aux services du ministère de la Santé avec 103 391 tests dont 23 553 étaient positifs. Le nombre de déclarations a chuté par rapport à l’année précédente où 833 819 tests avaient été déclarés. «Cette baisse significative s’explique par la modification de la loi covid à la fin du mois de mars, notamment l’abrogation de l’isolement obligatoire et du congé de maladie automatique qui en résultait», précise le ministère. Mais le taux de positivité a lui aussi baissé, passant de 36 à 23 % entre 2022 et 2023. Trois pics ont été observés par les autorités sanitaires : un premier au début du mois de mars, un deuxième moins marqué en septembre/octobre et un dernier avant Noël.
La grippe connait elle aussi une diminution, de 60 %, puisque seulement 5 926 cas ont été déclarés contre 14 816 en 2022. «Deux vagues distinctes de grippe ont pu être observées : la première a atteint son pic à la fin du mois de mars 2023, tandis que la seconde a culminé la semaine précédant Noël, fin décembre 2023.»
En 2023, le virus respiratoire syncytial (RSV) a été ajouté à la liste des maladies à déclarer. Les laboratoires ont donc effectué 1 181 déclarations de cas à partir du mois de septembre et le pic a été atteint la semaine du 11 au 17 décembre. «La moyenne d’âge des cas positifs s’établit à 12,8 ans, tandis que l’âge médian est de 2 ans. L’analyse de l’incidence a révélé des taux particulièrement élevés chez les enfants de moins de 5 ans. Les enfants de moins de 3 ans représentent 59 % des cas.» Lancées en cours d’année, la campagne d’immunisation par nirsevimab, un traitement monoclonal, a atteint les 84 % de couverture.
Le norovirus prend de l’ampleur
Cause la plus fréquente de gastro-entérite, le norovirus a vu son nombre de déclarations de nouveaux cas augmenter avec 688 déclarations, contre 588 en 2022. «L’âge moyen des personnes touchées par le norovirus est de 25,8 ans et les femmes représentent 53,2 % des cas déclarés, précise le ministère de la Santé. L’analyse de l’incidence a révélé des taux particulièrement élevés chez les enfants de moins de 5 ans et chez les personnes âgées de 80 ans ou plus.»
Toujours dans les maladies gastro-intestinales, les laboratoires ont également enregistré un total de 171 nouvelles déclarations de salmonelloses, un chiffre à mettre en comparaison des 165 de 2022. «L’analyse a révélé un pic de cas en septembre, probablement lié au retour des vacances. Les enfants de moins de 10 ans présentaient le taux d’incidence le plus élevé.»
Enfin, 37 nouveaux cas d’hépatite E ont été déclarés par les laboratoires contre 52 en 2022. Seize déclarations d’hépatite E ont été faites par les médecins en 2023 contre 21 en 2022. Suite aux enquêtes réalisées auprès des médecins traitant ainsi qu’auprès des personnes concernées, dix cas ont été confirmés et une personne est décédée.
La varicelle et la coqueluche en augmentation
Certaines maladies à prévention vaccinale connaissent une recrudescence. C’est le cas notamment de la coqueluche signalée à 18 reprises au cours de l’année 2023 contre 3 en 2022. La plupart des personnes touchées ont fréquenté des établissements scolaires dont une école fondamentale et deux lycées. «A chaque fois, une information rappelant la vaccination a été envoyée aux parents, ajoute le ministère. Il faut noter que dans un lycée, sur 137 enfants ayant présenté une carte de vaccination, 16 (11,7 %) avaient une vaccination incomplète. Cela indique une couverture vaccinale insuffisante».
La varicelle est elle aussi en hausse avec 97 cas comparé à 22 cas en 2022. Ce sont les enfants en dessous de 10 ans qui ont été principalement touchés. «Un nombre important de cas de varicelles sont survenus dans des foyers d’accueil pour réfugiés (6 concernés), en particulier le primo-accueil ce qui nécessite des interventions pour vérifier la vaccination et proposer une administration de vaccin quand les personnes ne sont pas en ordre. Le travail se fait en collaboration avec l’Office national de l’accueil, la Croix-Rouge et le Service santé des réfugiés.»
Les maladies sexuellement transmissibles se renforcent
La plupart des maladies sexuellement transmissibles sont en hausse comme la chlamydiose (1 635 nouveaux cas déclarés par les laboratoires, contre 1 530 en 2022), la gonorrhée (606 déclarations en 2023, 475 cas en 2022) ou la syphilis qui passe de 105 à 122 cas entre 2022 et 2023, soit 16 % d’augmentation. La variole du singe (ou Mpox) disparaît en revanche quasi complètement puisqu’on dénombre que trois cas l’année dernière. Ils étaient 57 en 2022.
Le bilan est moins positif du côté du VIH dont les cas d’infection est en augmentation de 13,9 % (435 déclarations en 2023 contre 382 en 2022). «Il convient de souligner que les données transmises par les laboratoires ne nous permettent actuellement pas de déterminer si ces cas étaient déjà connus dans le passé ou s’il s’agit d’une nouvelle infection», reconnaît le ministère. Néanmoins, 53 nouveaux cas ont été diagnostiqués en 2023 contre 68 cas en 2022, soit une baisse de 14,7 %. «Une partie de cette baisse pourrait s’expliquer par le fait qu’en 2022 il y avait un cluster de 12 cas parmi des usagers de drogues. Ce cluster a aussi été confirmé par le séquençage.»
On note enfin une augmentation des hépatites B (364 cas contre 298 l’année précédente, + 22 %) mais une baisse des hépatites C (361 déclarations en 2023 contre 411 en 2022, soit 12,2 % de moins). «Comme pour le VIH, les données transmises par les laboratoires ne nous permettent pas de déterminer si ces cas étaient déjà connus dans le passé.»
Tuberculose active : 46 cas en 2023 (48 en 2023)
Légionellose : 22 cas en 2023 (12 en 2022)
Campylobactériose : 855 cas en 2023 (912 en 2022)
Cryptosporidiose : 212 cas en 2023 (117 en 2022)
Infection invasive à méningocoque : 4 cas en 2023 (idem en 2022)
Infection invasive à pneumocoque : 94 cas en 2023 (61 en 2022)