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«Chaque jour, quatre personnes sont victimes d’un AVC au Luxembourg»


Chantal Keller a fondé, il y a douze ans, l’ASBL Blëtz, l’association qui vient en aide aux victimes d’un AVC. (Photo : archives lq/julien garroy)

L’accident vasculaire cérébral est la deuxième cause de mortalité au Grand-Duché. Signes précurseurs, symptômes, hygiène de vie… : Chantal Keller, de l’ASBL Blëtz, nous en dit plus.

À l’occasion de la journée mondiale de l’AVC qui se tiendra dimanche, l’association Blëtz organise une conférence et un après-midi de sensibilisation au château de Bettembourg.

Quelles sont les missions de votre association ?

Chantal Keller : Notre ASBL vient en aide aux personnes ayant été victimes d’un AVC ainsi qu’à leur famille. Nous sommes présents pour les soutenir dans les différentes étapes qui suivent leur AVC. Nous comptons aujourd’hui plus de 1 000 membres au sein de notre association.

Les accidents vasculaires cérébraux touchent-ils de plus en plus les jeunes adultes ?

C’est une maladie qui touche tout le monde : les enfants, les adolescents, les adultes. Pour les plus jeunes, cela reste assez rare. Chaque année, de 7 à 10 enfants subissent un AVC. Ce ne sont pas les mêmes causes que chez les adultes. Il est important de rappeler que cette maladie est la deuxième cause de mortalité au Grand-Duché. Chaque jour, quatre personnes font un AVC au Luxembourg.

Comment repérer les premiers signes ?

Certains signaux peuvent survenir quelques heures, jours ou des mois avant l’apparition d’un AVC. C’est pour cela qu’il faut être très attentif aux premiers indicateurs. L’accident ischémique transitoire (AIT) peut être une alerte. Les symptômes de  ce « petit » accident vasculaire peuvent durer entre quelques secondes et 24 heures au maximum. Il ne doit pas être minimisé, car il est souvent précurseur d’un AVC plus grave.

Quels sont les symptômes qui doivent alerter ?

Il en existe plusieurs. Parmi eux, on peut citer l’engourdissement et le picotement du visage ou d’un membre, les troubles soudains de la parole ou de la vision. C’est d’ailleurs ce qui m’est arrivé personnellement. En l’espace de quelques secondes, mon bras est devenu flasque. J’ai fait tomber un verre. Et puis, ça allait de nouveau. Je ne m’en suis pas trop préoccupée, car j’étais en vacances. Quelques heures plus tard, je faisais mon AVC.

C’est une maladie qui touche tout le monde : les enfants, les adolescents, les adultes

Ces signaux sont donc à prendre très au sérieux.

Il faut tout de suite s’en préoccuper et se rendre aux urgences. Je suggère même que le patient fasse plutôt appel à une ambulance plutôt que de se rendre lui-même à l’hôpital. Il peut toujours faire un AVC durant le trajet et causer un accident de la route. Si quelqu’un l’accompagne en voiture, il peut aussi causer un accident s’il voit son ami, son compagnon, faire un AVC. Cela peut être très perturbant.

Comment peut-on éloigner le risque de subir un accident vasculaire cérébral ?

Un AVC est lié la plupart du temps à un problème de tension trop élevée. Mais la tension, on ne la sent pas. Je pense qu’il est important d’aller régulièrement chez un médecin pour la faire contrôler. L’obésité ou le diabète sont aussi des facteurs de risque. De manière globale, pour les AVC, comme pour toutes les autres maladies, le plus important est de faire du sport. Je ne parle pas de faire un marathon, mais de marcher au moins 30 minutes par jour, de privilégier les escaliers au lieu de prendre l’ascenseur. Le régime alimentaire méditerranéen est aussi primordial pour se maintenir en forme.

Souvent, les personnes victimes d’un AVC ressentent un isolement social. Comment peuvent-elles y faire face ?

C’est le cas pour les personnes de 30, 40, 50 ans qui ont fait un AVC et qui ne peuvent plus travailler. Au début, leurs amis viennent leur rendre visite, mais avec le temps, il y en a de moins en moins. La déprime et l’isolement peuvent vite s’installer. Le sport adapté en groupe ou seul peut aussi aider à améliorer son état physique et mental. Mais de manière générale, il faut beaucoup d’énergie pour essayer de travailler chaque jour sur ses déficits que l’on aura à vie.

La méthode FAST

Il existe deux types d’AVC. Le plus courant, avec 80 à 85 % des cas, est l’accident ischémique. Il est dû à l’obstruction d’un vaisseau par un caillot. Beaucoup moins fréquente, avec 10 à 15 % des cas, l’hémorragie cérébrale est causée par la rupture d’un vaisseau intracérébral. Elle se produit généralement lors d’accidents de la route ou de la vie.

La méthode mnémotechnique utilisant l’acronyme anglais FAST permet de reconnaître un AVC grâce à trois signes simples. l’affaissement du visage (Face, sourire asymétrique), la faiblesse de l’un ou des deux bras (Arm, incapacité à lever les bras) et les troubles de la parole (Speech). La présence d’un seul de ces symptômes doit entraîner un appel immédiat aux urgences. Le T (Time) de FAST souligne le facteur temps : chaque minute perdue fait perdre 1,9 million de neurones, ce qui affectera d’autant la parole, la mémoire ou d’autres fonctions cérébrales.