Il est né au Luxembourg mais il est de nationalité française. Yves Wendling est, depuis novembre 2020, consul honoraire du Luxembourg pour la Région Grand Est (hors Alsace). Rencontre avec celui qui a pour mission de maintenir la bonne relation franco-luxembourgeoise.
Yves Wendling est consul honoraire du Luxembourg pour la Région Grand Est (hors Alsace) depuis novembre 2020. Cette mission diplomatique reste bénévole. Natif du Luxembourg, il exerce par ailleurs la profession de médecin à Fameck.
En quoi consiste exactement la mission de consul honoraire du Luxembourg dans le Grand Est?
Yves Wendling : Elle est triple. D’abord, porter assistance aux Luxembourgeois qui auraient des difficultés sur le territoire français, avec tout ce que ça comporte de questions pratiques. Tous les jours, je reçois par mail ou téléphone des demandes d’aide concernant certaines démarches administratives par exemple, du type “Je suis luxembourgeois, je veux me marier en France, que dois-je faire?”.
Et comme j’ai un rôle d’information auprès des entreprises qui voudraient s’implanter en France ou au Luxembourg, je suis aussi sollicité de ce côté-là. Ma deuxième mission concerne la représentation du Luxembourg dans le Grand Est : je suis donc convié, à ce titre, à différentes manifestations ou évènements. J’ai ainsi participé à Thionville au Salon à l’envers. Enfin, je suis mobilisé sur les dossiers transfrontaliers, notamment pour favoriser les échanges au niveau régional entre le Grand-Duché et les élus français, les représentants de la Chambre de commerce, ou encore les corps constitués.
Comment avez-vous été nommé?
C’est mon prédécesseur qui m’a contacté, car il partait à la retraite. Il connaissait mon parcours et avait pensé à moi pour prendre la suite. Je suis né à Dudelange, mais j’ai grandi entre Audun-le-Tiche, d’où est originaire mon père, et Esch-sur-Alzette, où habitaient mes grands-parents maternels, ma mère étant luxembourgeoise.
Je parle luxembourgeois depuis tout petit, car c’était la langue qu’on parlait à la maison. Quand je suis entré à l’école, je ne parlais pas français. Donc, j’ai un lien fort avec le Grand-Duché, même si je n’ai pas la nationalité. Ma candidature a été proposée au Luxembourg puis à la France. J’ai dû démissionner de mes fonctions politiques (N.D.L.R. : conseiller municipal à Metz) pour accéder au poste. Toute la procédure a duré deux ans jusqu’à mon assermentation en novembre 2020. Je suis nommé pour cinq ans renouvelables.
Vous avez découvert les coulisses de la relation franco-luxembourgeoise. Qu’en avez-vous pensé?
Elle est très bonne. En fait, elle n’a sans doute jamais été aussi bonne! Le fait que le Luxembourg accueille des patients français durant la crise du Covid a aussi été un geste très fort, très bien perçu en France. Ça a contribué à donner corps à la relation entre les deux peuples. Et puis, au niveau des élus régionaux, un vrai changement s’est opéré : alors que l’ancien maire de Metz avait une relation compliquée avec le Luxembourg, son successeur est très favorable à la coopération, tout comme le maire de Thionville, Pierre Cuny, que je connais depuis trente ans.
Ce sont des élus plus ouverts pour parler avec le Luxembourg, conscients de la chance qu’ils ont pour leur territoire de disposer d’un tel voisin. François Grosdidier, le maire de Metz, dit souvent que sans le Luxembourg, la Moselle ressemblerait aux Ardennes. D’un autre côté, les récentes visites du grand-duc à Metz et Longwy ont rappelé que, sans les frontaliers, le Luxembourg ne serait pas ce qu’il est. La Moselle nord y occupe une place capitale d’ailleurs puisque sur les 120 000 frontaliers, 80 000 viennent de ce secteur.
Des élus, dont le maire de Thionville, plaident pourtant pour une compensation financière, et aimeraient, par exemple, que le Luxembourg participe aux frais de fonctionnement de certains équipements comme les crèches…
La volonté du Luxembourg n’a jamais été de financer les frais de fonctionnement en France. Je rappellerai juste cette phrase de l’ancien Premier ministre Xavier Bettel : “Je ne vais quand même pas payer les guirlandes de Noël aux communes frontalières”. Le Luxembourg a en revanche accepté de participer aux frais d’investissement dans le ferroviaire pour 200 millions d’euros ou encore les parkings, pour 10 millions d’euros, comme ceux de Thionville et de Longwy.
Que pensez-vous de la fusion des agglomérations Portes de France-Thionville et Val de Fensch?
Le Luxembourg n’a pas d’avis à donner sur une fusion intercommunale française. Pas plus qu’il n’en émettra sur la future A31 bis.
Olivier Menu
(Le Républicain Lorrain)