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Sami Smaïli: «Avant, la sélection dames, ce n’était pas toujours les meilleures»


L'ancien entraîneur du RFCU nous a raconté la réalité du football féminin à l'heure actuelle. (photo: le Quotidien)

Sami Smaïli, sélectionneur des dames de la FLF depuis un peu plus de six mois, conduit son groupe au Maroc, cette semaine. Avec plein de choses à faire et à dire.

L’ancien entraîneur du RFCU nous a raconté la réalité du football féminin à l’heure actuelle. Et c’est d’autant plus intéressant que lui-même découvre un monde qu’il ignorait jusqu’à présent. Avec ses impératifs, qui sont plutôt des embêtements. Mais avec beaucoup d’espoirs aussi.

Vous partez aujourd’hui pour un stage d’une petite semaine à Tanger. En 2018, le football féminin doit-il se battre pour obtenir de tels financements auprès du conseil d’administration de la FLF?

Sami Smaïli : Bon, au début, certains ont cherché à me faire comprendre que ce n’était pas forcément une priorité, mais le président est très à l’écoute et je n’ai pas vu chez lui un seul frein ni même un dixième de seconde d’hésitation. Il est même très motivé. Si je l’écoutais, on aurait presque commencé une académie pour les demoiselles sur la base de ce qui se fait à Mondercange pour les garçons. C’est même moi qui ai dit qu’on n’était pas prêt.

Et où en êtes-vous exactement, d’après ce que vous avez pu observer depuis le mois de septembre?

Il y a un gros potentiel dans ce pays. Même au niveau du public puisque malgré le relatif manque de couverture médiatique, le foot féminin se développe quand même. C’est déjà pas mal pour un petit pays d’avoir autant d’équipes et quand on se déplace sur les tournois de futsal, les gymnases sont souvent pleins.

Oui, mais sportivement parlant!

Récemment, au concours du jeune footballeur, une jeune fille de 14 ans s’est hissée dans le top 5… au milieu des garçons. Et ça ne me surprend pas : ça se développe. On voit désormais des jeunes filles formées. Alors certes, celles qui ont la trentaine ont ramé, mais celles qui arrivent nous font 150 jongles pied droit, 150 jongles pied gauche, ce que ne fait parfois pas un garçon…

Il y a des catégories, désormais, en jeunes, où tu ne fais plus la différence entre filles et garçons.

Donc? L’avenir est radieux?

Même si je connaissais la réponse, on a récemment fait un stage un week-end pour connaître le niveau physique des filles. Le but, c’était surtout de pouvoir leur donner des résultats concrets pour qu’elles sachent ce qui leur manque avant de pouvoir avoir des ambitions au niveau international.

On a peur de deviner : un niveau physique crédible?

Elles sont, en moyenne, à deux entraînements par semaine. Dans ces conditions, on est encore loin de pouvoir travailler comme on voudrait, chercher des automatismes, des choses comme ça… C’est un peu frustrant pour moi comme pour elles. On aimerait faire beaucoup plus. En tout cas, elles sont demandeuses.

Depuis six mois, qu’avez-vous pu impulser?

Aujourd’hui, on est encore dans une notion de sélection, et pas d’équipe. Notre équipe, on la cherche. Et j’espère qu’on l’aura un peu plus après le Maroc. Ou plutôt une fois qu’on aura également fait nos matches avec les U16 et U18 au Liechtenstein, et aussi ce tournoi qualificatif en Irlande, en avril.

Mais… cette sélection, elle existait déjà avant, sous Ray Pie!

Mais je n’ai pas eu l’occasion d’échanger avec mon prédécesseur. Je me suis quand même un peu renseigné pour savoir comme il fonctionnait et même si je peux le comprendre, je ne veux pas fonctionner de la sorte. Il partait du principe qu’il fallait se substituer aux clubs. Il organisait ainsi deux ou trois séances hebdomadaires.

Mais les clubs veulent leurs filles en semaine pour préparer leurs matches! Alors l’ancien sélectionneur, lui, faisait jouer les filles qui venaient s’entraîner à Mondercange, et celles qui ne pouvaient pas venir, notamment celles du Nord, ne jouaient pas. Donc avant, la sélection, ce n’était pas toujours forcément les meilleures.

Retrouvez l’intégralité de l’interview dans votre édition du 27 février.

Julien Mollereau