Les entreprises luxembourgeoises du secteur de la défense étaient présentes en nombre, mardi, à l’European Convention Center Luxembourg (ECCL).
Spatial, espace aérien, cyberdéfense, outils de protection… Pour la deuxième fois de son histoire, le Luxembourg Defence Technology and Innovation Day a réuni les acteurs phares nationaux de la défense.
Après une première édition «réussie» à Belval, comme l’a souligné Yuriko Backes durant son allocution, le salon a pris place une seconde fois. Mais, cette année, il a pris une autre envergure. Près de cinquante sociétés investissant dans ce domaine ont pu se rencontrer. «C’est une vraie montée en puissance», souligne la ministre de la Défense. «Il y en avait une dizaine l’année dernière. Nous accueillons, mardi, 480 participants (…). Cet engouement est aussi le reflet de la stratégie de défense du gouvernement. Cela crée un environnement beaucoup plus favorable au développement de ces technologies», souligne Mario Grotz, directeur général de Luxinnovation.
Avec l’augmentation du budget national fixé par l’OTAN de 2% pour 2030, et la multiplication de conflits dans le monde, la défense du territoire national et européen est devenue un véritable secteur d’avenir. Selon Luxinnovation, la communauté luxembourgeoise compte aujourd’hui 108 entités. Parmi elles, on retrouve des acteurs privés ou publics. «Il y en avait une quarantaine quand nous avons commencé la comptabilisation, en 2021-2022 (…). C’est presque le triple en trois ans. Dans ce vaste écosystème, il n’y a pas uniquement de nouveaux venus. Nous avons beaucoup d’entreprises existantes qui ont des technologies qui peuvent s’appliquer dans le domaine de la défense», poursuit Marion Grotz.
«Un grand futur devant nous»
C’est le cas notamment de l’entreprise Gradel, située à Ellange. Fondée en 1965, elle conçoit et réalise des machines spéciales pour l’industrie. Si son domaine de prédilection a été longtemps celui du nucléaire, depuis quelques années, elle a décidé de se lancer dans le domaine de la défense spatiale. «Depuis six ans, nous avons développé une nouvelle technologie de pièces ultralégères pour les satellites (…). Je pense que nous avons un grand futur devant nous. Nous avons investi 13 millions d’euros en six ans sur cette technologie qui a un gros impact dans la défense (…). Nous planifions au milieu de l’année prochaine de démarrer une production», explique Claude Maack, CEO de Gradel.
Gradel n’est pas la seule entreprise de longue date à investir dans le secteur de la défense. Dans les allées du salon, ArcelorMittal tient aussi son stand d’information. La multinationale, qui détient son siège social au Luxembourg, produit depuis plusieurs années des éléments industriels pour la défense. «Nous fabriquons des produits pour la construction, l’infrastructure. Tous ces produits peuvent être utilisés pour des besoins militaires (…). En France, nous avons une division spéciale pour les aciers balistiques. C’est une branche assez historique chez nous», détaille une représentante d’ArcelorMittal Europe.
«Une montée en puissance cette année»
Pour d’autres sociétés, la défense est devenue leur fer de lance. Dans le secteur «espace», nous retrouvons Jordan Tromme, business developper chez Odysseus Space. L’entreprise créée en 2019 et spécialisée dans la communication laser entre l’espace et la Terre poursuit sa croissance. «On se définit encore comme une start-up, car nous n’avons pas encore de revenus commerciaux aujourd’hui. Ils tomberont seulement en fin d’année pour notre première mission», souligne le salarié. Pour se faire connaître, ce salon représente une vraie aubaine. «Nous étions déjà présents lors de la première édition à Belval. C’est un rendez-vous important pour expliquer nos activités», poursuit Jordan Tromme.
Dean Kauffmann, CEO de 3Dprint.lu a aussi décidé de renouveler l’expérience de ce salon. Et, cette année, il présente une nouvelle société spécialisée dans la défense. «Je l’ai lancée en juillet dernier. Nous avons utilisé notre technologie de l’impression 3D pour réaliser des prototypes de vision nocturne. Nous avons déjà des clients au Canada et aux États-Unis», précise l’entrepreneur. Pour la société, le secteur de la défense n’était pas une grande inconnue. «Depuis six ans, nous menons des projets dans ce domaine. Nous travaillons notamment avec l’armée luxembourgeoise», précise le chef d’entreprise. En quelques années, il a aussi vu ce secteur se métamorphoser. «Il est plus accepté de faire des projets dans ce domaine», ajoute Dean Kauffmann. Un avis que partage également le CEO de Luxinnovation. «Il y a cinq ans, on ne parlait pas de ce secteur. C’était même le mot à ne pas utiliser.»
Avec une enveloppe globale de 5,5 milliards d’euros de 2026 à 2029 et le lancement il y a quelques semaines de la nouvelle association Luxdefense, le secteur semble avoir de beaux jours devant lui. De quoi faire du Luxembourg Defence Technology and Innovation Day un rendez-vous annuel. «C’est notre objectif sur le long terme», conclut Mario Grotz.
Espace, cybersécurité, aéronautique… Parmi les 50 exposants, certains ont décidé d’impliquer l’IA dans leur société. «C’est un élément crucial dans ce domaine», réagit le CEO de Luxinnovation. Dans l’allée dédiée à l’IA, l’entreprise luxembourgeoise Tadaweb spécialisée dans le traitement de données pour les armées, utilise au quotidien l’intelligence artificielle. «On fait attention à son utilisation. Parce qu’il y a un peu une course à l’aveugle concernant l’IA. Nous y recourons dans des cas particuliers et ciblés», explique l’un des salariés de l’entreprise.