Jusqu’au 5 janvier, les habitants du sud du pays pourront découvrir à l’Alt Stadthaus de Differdange, l’exposition du «Salon international de la caricature et du cartoon» de Vianden.
Ils viennent d’Iran, d’Israël, de Belgique, du Luxembourg, de Chine ou d’Ukraine. Comme chaque année depuis dix-sept ans, le «Salon international de la caricature et du cartoon» a souhaité mettre en lumière le travail de caricaturistes du monde entier.
Après le château de Vianden en mai et la Belle Étoile cet été, c’est au tour de Differdange d’accueillir cette exposition. «Nous faisons ce tour en plusieurs étapes pour que l’ensemble de la population luxembourgeoise puisse la voir», explique Florin Balaban, caricaturiste de presse et organisateur de ce salon.
Cette année, plus de 1 300 contributions de 506 artistes provenant de 65 pays ont été reçues par les organisateurs. «Nous pouvons exposer seulement 10 % des œuvres pour ce concours. Mais, tout le monde peut participer, ce n’est pas réservé uniquement aux dessinateurs professionnels», précise Florin Balaban.
Pour cette édition 2024, l’organisateur a choisi le thème de l’argent comme problématique centrale de l’exposition. «C’est, on peut le dire, le dieu de notre temps. Car il conditionne notre existence. C’est quelque chose qui, je pense, parle à tout le monde. J’essaie également d’éloigner le plus possible la politique de notre salon. Parce que la caricature politique est mon quotidien depuis presque 30 ans (Il rit). Évidemment, il y a des connotations sociétales et parfois politiques dans ces dessins, mais on veut surtout rester sur l’humour».
«L’esprit Charlie est moins présent»
Une exposition riche, dont le but est aussi de défendre la caricature comme moyen d’expression. Car dans certains pays, des dessinateurs éprouvent toujours des difficultés à exposer librement leurs œuvres. «J’ai vécu le communisme pendant ma jeunesse en Roumanie. J’ai pu participer avec d’autres dessinateurs à des expositions à l’étranger. Moi, je veux rester dans ce même esprit, en mettant en avant des artistes originaires de pays instables politiquement», confie Florin Balaban.
Un esprit Charlie Hebdo bien assumé, mais qui n’est plus aussi présent dans la société, selon le caricaturiste luxembourgeois. «Les attentats contre ce journal ont été un moment très spécial et très difficile pour les caricaturistes. Les politiciens s’en sont aussi mêlés. Plus le temps passe et moins l’esprit Charlie est présent. Récemment, certains grands journaux comme le New York Times ont banni les caricaturistes qui étaient pour moi les meilleurs du monde, parce qu’ils trouvaient leurs dessins parfois trop dangereux et aussi parce qu’ils voulaient faire des économies. Ce sont des choses qui forcément font réfléchir.»
Si la presse semble être de plus en plus frileuse à travailler avec des caricaturistes, ce métier, qui fut la gloire de la presse au XIXe siècle, est également menacé par l’intelligence artificielle. «Les dessinateurs de presse ont encaissé beaucoup de coups depuis 150 ans. Il y a eu l’apparition de la photo. Aujourd’hui, c’est Internet et l’IA. Grâce à elle, on arrive à réaliser des dessins très rapidement», regrette Florin Balaban.
Pourtant, en ces temps de troubles politiques, le rôle de la caricature et la liberté d’expression semblent être plus que nécessaires. «Les caricaturistes font partie de la société. Est-ce qu’ils doivent dire plus de choses que les autres citoyens? Je ne sais pas. En tout cas, ils sont de vrais témoins de leur temps».
L’Ukraine récompensée
Le vainqueur de la 17ᵉ édition du «Salon international de la caricature et du cartoon» est Vladimir Kazanevsky, un caricaturiste ukrainien. Né en 1950 en Ukraine, il a effectué ses études à l’université d’État de Kharkov et à l’Institut de journalisme de Kiev.
Ses dessins ont été publiés dans de nombreux journaux et magazines internationaux. Il a décroché plus de 500 récompenses dans plus de 53 pays lors de concours internationaux de caricatures. Il a remporté ce prix en mai dernier à Vianden.