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Saint-Barth et Saint-Martin, des paradis huppés devenus des enfers


Les plages idylliques de Saint-Martin ne sont plus que de vastes friches. (photo AFP)

Lieux de villégiature des stars, les îles antillaises de Saint-Martin et Saint-Barthélemy sont avant tout connues du grand public pour leur tourisme de luxe et la beauté de leurs lagons. Une image de carte postale plus qu’écornée depuis le passage de l’ouragan Irma.

« Scène d’horreur », « cauchemar », « paysage apocalyptique » : le passage de l’ouragan monstre Irma, qui poursuit sa route dans les Caraïbes, a fait au moins 9 morts et dévasté les îles de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, où sont désormais attendus les secours.

Après le passage de ce cyclone de catégorie 5, le maximum sur l’échelle d’intensité des ouragans, l’heure est à la désolation face aux dégâts, déjà jugés « très importants » après des rafales qui ont dépassé par moment les 350 km/h. Irma est le cyclone de catégorie 5 le plus long (plus de 33 heures) jamais enregistré dans le monde.

Autrefois communes de la Guadeloupe, elles sont devenues autonomes de ce département d’Outre-mer à la suite d’élections territoriales le 15 juillet 2007, prenant le statut de Collectivité d’Outre-mer (COM). Les services de l’État sont regroupés au sein d’une délégation unique implantée à Saint-Martin, dénommée préfecture de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin et chargée de concevoir et mettre en œuvre les politiques publiques. Saint-Martin est soumise à une double souveraineté, française et néerlandaise, depuis le traité de Concordia de 1648. La souveraineté française sur la partie nord de l’île (53 des 86 km²) a été réaffirmée par le traité de Paris de 1816 puis fixée par une convention signée avec les Pays-Bas le 28 novembre 1839.

Saint-Martin, temple du shopping

Située à environ 250 km de la Guadeloupe, Saint-Martin (chef lieu : Marigot) est composée de deux parties, Grande Terre et Terres basses, la principale, reliées entre elles par d’étroits cordons littoraux qui enferment l’étang salé de Simpson Bay. Saint-Martin comprend en outre plusieurs petites îles aux noms évocateurs : Tintamarre, Pinel, Cayes vertes, Petite clef ou Crowl Rock. Le Pic Paradis, à 424 m, est son point culminant. Sa population est passée de 8 000 habitants à la fin des années 80 à 35 107 aujourd’hui (Insee 2014), contre environ 45 000 pour la partie néerlandaise.

L’île est surnommée « Friendly Island » car elle regroupe 70 à 100 nationalités, dont de nombreux immigrés d’Haïti ou Saint-Domingue. Port franc, Saint-Martin vit essentiellement du tourisme et est vantée comme « un paradis du shopping et de la détaxe ». Les arrivées de touristes sur la partie française de l’île restent toutefois minimes au regard de la partie néerlandaise Sint-Maarten, qui concentre 96% des arrivées avec 2,5 millions de visiteurs en 2014, dont 2 millions de croisiéristes, selon l’Insee. La même année, Saint-Martin n’a accueilli que 100 000 visiteurs. Le taux de chômage y atteignait 27%, le triple de sa voisine hollandaise.

Saint-Barth, repaire jet-set

Découverte par Christophe Colomb en 1493 puis achetée par la France à l’Ordre de Malte en 1674, « Saint-Barth » fut cédée au Royaume de Suède en 1784, avant d’être rétrocédée définitivement à la France par le traité du 10 août 1877. A environ 230 km de la Guadeloupe et 25 km de Saint-Martin, Saint-Barthélemy (chef-lieu : Gustavia) est une île d’origine volcanique de 21 km². Elle en compte quatre de plus si on ajoute les nombreux îlets qui l’entourent (Frégate, Coco, Chevreau, Fourchue, etc). Sa population est passée de près de 7 000 habitants à la fin des années 1990 à 9.427 (Insee 2014).

Elle accueille de nombreux riches résidents étrangers, surtout américains. Blancs à 95%, les « Saint-Barths » sont pour la plupart originaires de Bretagne ou de Normandie. Grâce à son statut de port franc hérité de l’époque suédoise, les habitants sont non imposables sur le revenu. La principale activité est le tourisme de luxe – 37% des emplois de l’île sont liés au tourisme – et « Saint-Barth » est un repaire pour riches célébrités comme Johnny Hallyday, Gwyneth Paltrow, Steven Spielberg, Beyoncé, Kate Moss, etc. Le coût de la vie y est extrêmement élevé. En 2013, l’île a accueilli 334 000 visiteurs. Le prix moyen d’une chambre hôtelière y est estimé à 682 euros, selon le Comité territorial du tourisme.

Le Quotidien/AFP