Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères qualifie de «très grave» la reconnaissance par la Russie des régions séparatistes dans l’est de l’Ukraine. L’espoir d’une solution pacifique s’amenuise.
Contacté ce lundi en fin d’après-midi, Jean Asselborn estimait encore qu’«il rest(ait) un petit espoir qu’une solution diplomatique» puisse être trouvée dans ce qu’il qualifie non plus de «crise ukrainienne», mais de «crise de l’Europe de l’Est». «Une semaine décisive s’annonce», ajoutait le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères. Il ne pensait pas si bien dire…
Quelques heures plus tard, le président russe, Vladimir Poutine, a en effet officialisé la reconnaissance des territoires séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine. Le «si» avancé dans un premier temps est devenu réalité hier soir. «Je ne vois pas comment pouvoir garder ouverte la voie diplomatique. Nous n’avons plus de base pour mener un dialogue constructif avec la Russie. Les accords de Minsk sont morts», fustigeait Jean Asselborn. En d’autres termes : la résolution pacifique du conflit dans l’est de l’Ukraine, négociée en 2015, n’a plus d’avenir. Tout cela amène le ministre socialiste à qualifier de «très grave» la décision prise par le président russe.
Quelle sera désormais la réaction de l’UE? «Il reste à observer ce qui va se passer sur le terrain. Mais les perspectives sont peu reluisantes. Le droit international est piétiné», reprend le chef de la diplomatie luxembourgeoise.
Les sanctions comme «seul moyen dissuasif»
L’UE a laissé entrevoir dès lundi soir la perspective de sanctionner la reconnaissance par la Russie de l’indépendance des régions de Donetsk et de Lougansk, qui appartiennent toujours au territoire ukrainien. «Ce paquet de sanctions ne doit en rien perdre de sa force de frappe. Il n’est pas question de les découper en tranches», insistait hier après-midi Jean Asselborn depuis son domicile. Son infection au covid l’a en effet empêché de rejoindre ses homologues européens, réunis hier à Bruxelles.
Le ministre des Affaires étrangères lance aussi une mise en garde : «Le pourrissement de la situation serait très grave. Il ne faut pas négliger l’impact négatif d’un tel scénario.» Lundi soir, une seule certitude restait de mise : «Nous n’allons en aucun cas accepter un conflit armé.» Jean Asselborn admet toutefois aussi que «les sanctions économiques et financières sont le seul moyen dissuasif dont disposent l’UE et l’OTAN». «Le seul à avoir le poids militaire nécessaire pour éviter un conflit armé, le pire en Europe depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, est le président américain Biden», estime le doyen des ministres des Affaires étrangères de l’UE.
Reste à savoir si le règlement de comptes auquel s’est livré Vladimir Poutine en direct hier soir laissera encore une chance à la diplomatie. Comme on l’a vu, Jean Asselborn a du mal à y croire.
David Marques