Après une saison quasi blanche, le RCL, qui n’aura pas toutes ses forces vives à disposition, défie Cologne, une vieille connaissance, samedi, avec l’ambition de rejoindre l’échelon supérieur, la Bundesliga Sud/Ouest.
C’est une situation pour le moins inédite. Le Rugby Club Luxembourg dispute, samedi à partir de 14 h à Cessange, sa «finale» d’accession à la Bundesliga Sud/Ouest face à Cologne après avoir dominé Rottweil, la troisième équipe composant ce mini-championnat de promotion, également vaincue par le RSVK voici une semaine. Inédite parce qu’il s’agit seulement de sa deuxième rencontre officielle de la saison – la troisième en prenant en compte la victoire mi-mars en Lux Cup contre Walferdange. Si elle était initialement engagée en deuxième division dans le groupe ouest aux côtés des Walferdangeois justement et de quatre clubs allemands, l’équipe première du RCL n’a finalement pas disputé le moindre match de championnat.
«Tous les clubs se sont retirés les uns après les autres pour différentes raisons, résume l’entraîneur Antoine Alric. Deux ont demandé à redescendre au niveau régional, un n’a pas obtenu la licence à la suite d’amendes non payées à temps et le dernier ne voulait pas jouer une ligue à trois. Walferdange a donc décidé d’aller jouer en régional nord, mais nous on n’a pas voulu engager une deuxième équipe à ce niveau (NDLR : la réserve évolue dans la poule sud-ouest) en sachant que c’est très en dessous du nôtre. Ça n’aurait pas été intéressant.»
Alors, il a fallu s’adapter. C’est ainsi que plusieurs amicaux ont été organisés face à des formations des alentours, comme le RC Metz-Moselle, des équipes venues de Belgique ou d’Allemagne (dont Cologne à la fin de la trêve hivernale) ou encore, et c’est plus surprenant, la sélection nationale de Jamaïque qui est basée à Londres. «On a aussi fait jouer quelques joueurs de l’équipe première avec la deuxième équipe pour tenter de garder du rythme, mais on s’était engagés en début de saison à ne pas mettre notre équipe première à tous les matches.» Et cet exercice 2023/2024 aurait pu prendre une tournure encore plus dramatique.
Une promesse qui a failli ne jamais être tenue
«En début de saison, on nous avait promis un match de promotion. Toute l’année, on a relancé la fédération allemande pour connaître la date, les modalités et ce qu’il fallait faire administrativement pour le jouer parce que nous n’avions pas demandé de licence Bundesliga comme on n’avait pas de matches, détaille le Français. Trois semaines avant la date prévue à la base, le 1er juin, on nous a dit qu’on n’avait pas le droit de jouer le match pour des raisons administratives et législatives.» Mais finalement, après avoir longuement bataillé pour défendre son cas, après s’être rendu aux assemblées générales de la Bundesliga à Francfort et après avoir pu compter sur le soutien des autres clubs, mais aussi sur le changement de direction à la tête de l’instance dirigeante, ce dernier a obtenu gain de cause.
Résultat, Peter Barton et ses coéquipiers se retrouvent à disputer un mini-championnat d’accession aux côtés de Rottweil et de Cologne, qui les avaient privés de montée la saison dernière pour… un petit point. «On perd 16-15 à Cologne en finale alors qu’on mène jusqu’à la 75e. À cinq minutes près, on montait et on n’aurait pas eu cette saison pourrie.» Mais le passé c’est le passé et un an plus tard, les Bleu et Blanc ont l’occasion de prendre leur «revanche». «C’est un club avec lequel on s’entend très bien, explique le coach. On a un style de jeu plus ou moins similaire et un niveau à peu près équivalent donc ce sont toujours des matches intéressants.»
Surtout, Antoine Alric et ses protégés comptent bien saisir cette opportunité pour «peut-être avoir la chance d’être en première division dès le début du nouveau process et moins galérer par après» puisqu’une réforme devrait avoir lieu en 2025/2026 visant à créer une Bundesliga unique. Autre élément à prendre en considération : contrairement au duel de l’année dernière, les Luxembourgeois vont évoluer à domicile. «On a l’avantage de jouer sur notre synthétique, sur lequel on est habitués à envoyer du jeu. C’est un léger avantage, mais celui-ci peut vite être effacé en raison de la pression qui entoure ce genre de match.»
Un effectif pas au complet
Pour cet ultime rendez-vous, le technicien aurait aimé avoir tous ses joueurs à disposition. Problème, cette «finale» a lieu en même temps que le tournoi à VII à Zagreb auquel l’équipe nationale participe. «Ils nous prennent au moins quatre joueurs des lignes arrière, donc on est pas mal amputés. Certains ont préféré rester pour jouer avec nous. Je les remercie, sinon ça aurait été compliqué. Mais je n’ai pas de souci avec ceux qui partent, je comprends que l’appel de la sélection nationale soit important pour eux. On essayera de faire le boulot sans eux pour qu’ils puissent profiter d’un championnat plus compétitif la saison prochaine», indique-t-il.
«Là où je suis embêté, c’est que l’année dernière, il y avait déjà eu ce tournoi à Zagreb pour le Seven. On était partis sans trois ou quatre de nos joueurs et on avait perdu d’un point. Je pense que le calcul est vite fait : la pièce aurait vite pu tomber de notre côté s’ils avaient été avec nous», se remémore le technicien. Et d’ajouter : «C’est difficile de travailler avec la fédération. Je comprends que le nombre de joueurs ne soit pas énorme, mais parfois je pense qu’il faut aussi penser à l’intérêt sur le plus long terme. Avoir un club dont l’une des équipes peut évoluer en première division, c’est toujours mieux.»
Aussi, Antoine Alric reproche aux instances dirigeantes de délaisser les clubs sans se préoccuper de leur sort au profit de la sélection nationale : «On est un peu laissés à l’abandon par la fédération qui ne fait absolument rien pour le rugby sénior. Que ce soit pour nous ou pour Walferdange, rien n’est fait. Par exemple, le match de la Lux Cup, c’est le coach adverse et moi-même qui l’avons organisé. La fédération n’a rien fait hormis trouver une date. Quand la fédération a besoin de nous, il faut qu’on réponde, mais quand nous on a besoin d’eux, ils regardent de l’autre côté. Ça m’embête, c’est contre-productif. Il y a une espèce d’omerta autour de ça.» Toujours est-il que malgré ces vents contraires, le Rugby Club Luxembourg a 80 minutes devant lui pour tenter de s’offrir une parenthèse enchantée dans cette saison morose.