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Roundnet : le volley-ball à 360 ° s’installe à Sanem


Au roundnet, le but est d'envoyer la balle à l'équipe adverse en la faisant rebondir sur un filet au centre du terrain. (Photos : Claude Lenert)

En vogue depuis une dizaine d’années, le roundnet a débarqué au Luxembourg durant le confinement. Si sa pratique reste limitée, ce petit sport tente de se faire une place auprès des grands.

Alors que le CS Sanem dispute un match à domicile contre Schengen en ce dimanche après-midi, à quelques dizaines de mètres de là, le complexe sportif de la ville s’anime lui aussi. Mais dans la grande salle multisport, pas de basket ou de handball en cette fin de week-end. Le spectateur néophyte pourrait même s’étonner du spectacle qui est en train de se jouer.

Dans le gymnase, trois petits filets circulaires ont été installés autour desquels gravitent à chaque fois quatre joueurs s’échangeant une balle en la faisant rebondir. Si cela peut ressembler à première vue à un jeu de plage, c’est bien un sport que pratique la douzaine de personnes présentes. Appelé roundnet (ou spikeball du nom de l’équipementier principal), celui-ci ressemble fortement au volleyball dont il reprend un certain nombre de règles (voir encadré).

Créé dans les années 80, mais popularisé il y a un peu plus de dix ans, le roundnet reste encore méconnu, mais ses adeptes se multiplient, notamment aux États-Unis, où il est né, et en Europe. «Les Américains sont la meilleure nation au monde, mais les Allemands sont très proches», affirme Kiko Menichetti, président du club Roundnet Luxembourg.

Des règles encore en évolution

S’il existe depuis 1989, grâce à un jeu nommé Spikeball, ce n’est que dans les années 2000 que le roundnet, très prisé dans les universités américaines, prend réellement son essor. Inspirées du volley, ses règles sont simples à comprendre. Deux équipes de deux joueurs doivent se lancer une balle en la faisant rebondir sur un filet circulaire placé au centre du terrain. Comme au volley, les joueurs ont le droit à trois touches maximum avant de devoir renvoyer la balle à leurs adversaires. Dès qu’une équipe perd la balle, en la faisant tomber au sol ou en touchant l’anneau du filet, l’autre marque un point. La première à en marquer 21, avec un écart de deux points, remporte le match. La différence avec le volley vient notamment de la balle, beaucoup plus petite et molle, et bien évidemment du filet circulaire. Les joueurs peuvent évoluer comme ils le souhaitent tout autour tant qu’ils ne gênent pas physiquement leurs adversaires. «Au début, on commence côte-à-côte, mais c’est mieux de se séparer pour couvrir plus de terrain», précise Kiko Menichetti.

Sport récent, le roundnet voit encore ses règles régulièrement évoluer afin notamment de le rendre plus compréhensible pour le grand public et de faire en sorte que les services, où sont marqués beaucoup de points, soient moins décisifs. «Ça reste un sport très fair-play même à haut niveau. Les joueurs s’arbitrent entre eux, y compris aux championnats du monde.»

Expats et Luxembourgeois se rencontrent

Avec une poignée d’amis, c’est lui qui a amené ce nouveau sport au Grand-Duché. «C’était durant la crise sanitaire et le confinement en 2020. Au Luxembourg, on ne pouvait pas se réunir à plus de quatre.» Un nombre parfait pour s’adonner au roundnet dans un parc. Le petit groupe achète un premier kit et prend de l’ampleur, alors que les restrictions se relâchent, pour atteindre dix à quinze personnes.

Mais l’arrivée de l’hiver les pousse à se structurer un peu plus. «Nous avions besoin d’une salle et nous avons été obligés de créer un club pour pouvoir en réserver une.» Quatre ans plus tard, seuls cinq des premiers membres sont toujours là, les autres se retrouvant moins dans ce virage plus sérieux pris par l’association. Mais de nouvelles têtes sont arrivées pour les remplacer. «Aujourd’hui, nous avons cinquante-six membres actifs et il y a entre huit et seize personnes à chaque entraînement. Nous avons beaucoup d’expats, certains nous ont même dit que c’est la première fois qu’ils ont de vraies interactions avec des Luxembourgeois !»

De l’adresse et de la coordination

Beaucoup d’entre eux pratiquent déjà un autre sport à côté, comme le foot pour Kiko. Le roundnet leur permet de varier un peu et de s’adonner à une activité plus originale. «On joue à 360 °, on est libre de nos mouvements. Ça demande de l’adresse mais aussi une bonne coordination entre les yeux et les mains.» Malgré des règles faciles à assimiler, le roundnet demande un temps d’adaptation pour appréhender les rebonds de la balle. Très accessible, il fait tout de même rapidement monter le cardio quand les échanges deviennent plus fluides et s’intensifient.

Dans le petit club de Sanem, si les bases sont bien là, les gestes ne sont pas toujours des plus précis. Plus d’une fois, une passe mal maîtrisée envoie la balle sur un autre terrain tandis qu’un mauvais geste du pied finit dans le filet.

Mais au fur et à mesure de l’entraînement, le jeu devient plus assuré et l’on assiste à quelques beaux échanges. «On fait aussi des exercices, notamment pour s’entraîner à servir», ajoute Kiko. Pour le moment seule au Luxembourg, l’équipe aimerait se faire une place dans ce sport encore tout neuf comme en témoignent ses maillots ornés d’un lion rouge.

L’union fait la force

Trop petit pour former sa propre fédération, Roundnet Luxembourg est membre depuis le début de l’année de la Luxembourg Field Sports Federation (LFSF). Composée de six petits sports méconnus (comme l’ultimate frisbee, le footgolf ou le touch rugby), elle a pour but de les aider à s’imposer dans le paysage luxembourgeois et auprès des autorités.

Ensemble, ils ont notamment pu contacter le ministère des Sports qui leur a débloqué des subventions. «Au début, ce n’était qu’un subside par an et par tournoi, mais vu l’augmentation du nombre de membres, on devrait bientôt passer à trois subsides par an», se félicite Kiko Menichetti.

Une première coupe du monde

En septembre, onze joueurs (dix hommes et une femme) sont même partis à Londres pour les championnats du monde aux côtés de trente-cinq autres délégations. Face à des pays plus expérimentés, ces Rout Léiwen du roundnet n’ont pas pu faire le poids. «Mais on n’était pas derniers! Je crois qu’on a fini à la 31e place.» Quelques victoires contre l’Irlande, l’Égypte ou le Mexique se sont même ajoutées au palmarès.

Au Luxembourg comme ailleurs, la dynamique autour du roundnet est donc bien présente même si ce sport doit encore évoluer pour trouver écho auprès d’un plus large public. La Grande Région compte déjà quelques équipes, notamment à Liège, Sarrebruck ou Coblence. Au Grand-Duché, le petit groupe de Sanem espère bien essaimer dans les années à venir. Enseignant au lycée, Kiko a déjà fait entrer sa nouvelle passion dans certains établissements. «On organise aussi des workshops avec le SNJ. C’est un sport qui s’apprend vite et dans lequel on s’améliore rapidement», assure-t-il.

En parallèle, la fédération internationale s’organise pour s’imposer dans le monde du sport. Elle a d’ailleurs un objectif, encore lointain, bien en tête : la reconnaissance aux Jeux olympiques. Avec pourquoi pas, un jour, une délégation composée de lions rouges.

Le peu de matériel nécessaire rend la pratique du roundnet simple et abordable pour tout le monde.

Des sports inclusifs de plus en plus populaires

Sans contact – il n’est pas non plus permis de gêner son adversaire –, le roundnet est un sport mixte. Même si le club luxembourgeois ne compte que peu de femmes, il espère bien en faire venir de nouvelles. De plus en plus de sports misent sur cette inclusion, que ce soit entre hommes et femmes ou entre joueurs valides et handicapés, pour proposer une nouvelle philosophie de jeu.

C’est par exemple le cas du tchoukball venu de Suisse qui mélange volley et handball. Ici aussi, les joueurs doivent viser des filets, mais cette fois fixés sur des cadres inclinés installés de part et d’autre du terrain. Si la balle rebondit sur le filet et touche le sol, les attaquants marquent un point. Ici aussi, les contacts et les obstructions sont interdits, permettant à des joueurs de tout niveau, sexe ou âge de jouer ensemble.

Le baskin, pour basket inclusif, permet quant à lui à des valides et des personnes en situation de handicap de jouer ensemble. Reprenant les règles du basket, le baskin ajoute deux paniers sur les côtés ainsi qu’une zone protégée et accorde des droits différents aux joueurs, selon leurs compétences motrices.