[Roud Léiwen] Forts comme des Turcs?

Pour un Luxembourg privé de quatre titulaires, battre chez elle une Turquie imperméable et invaincue serait un immense exploit. Mais Luc Holtz veut y croire.

Discipline, esprit d’équipe, courage, motivation, confiance en soi, foi, détermination, désir, consistance, ambition ou ténacité : placardés en anglais et en turc dans les couloirs du stade Basaksehir Fatih-Terim, ces mots ont trouvé une résonance toute particulière hier auprès de Luc Holtz, venu avec ses Roud Léiwen prendre ses marques sur une pelouse qui sert d’habitude de théâtre aux exploits de l’Istanbul Basaksehir.

C’est que ces mots traduisent tout ce que le sélectionneur luxembourgeois attend de son équipe, ce soir dès 21 h 45 (heure locale), face à une sélection turque qui devrait être portée par près de 15 000 fidèles, qui n’a encore encaissé aucun but dans cette Nations League et qui n’a besoin que d’un point pour acter son retour en Ligue B, elle qui n’a selon lui «rien à faire» en Ligue C et dont «la qualité individuelle», «le collectif» et «la force offensive» en font à son sens une équipe de Ligue A. Du gratin européen, quoi.

Fini, les «petits Luxembourgeois»?

Cela fait-il nécessairement du Luxembourg, battu 0-2 à l’aller, une victime expiatoire, condamnée au mieux à finir deuxième de cette poule 1, alors qu’il accuse 5 unités de retard sur le leader turc avant le coup d’envoi? Pas pour Luc Holtz, pas du genre «à abandonner avant la rencontre» ni pendant celle-ci d’ailleurs. «Il faut y croire jusqu’à la dernière minute», a imploré hier le technicien.

Après tout, le Luxembourg «peut faire un hold-up», la Turquie est elle aussi privée de trois tauliers dans l’entrejeu (Toköz, Çalhanoğlu, Özcan) et la sélection de l’Allemand Stefan Kuntz devra encore rendre visite dimanche à des Îles Féroé «qui sont capables de créer une surprise». Alors? Alors puisqu’«on ne sait jamais», les Roud Léiwen vont «jouer (leur) carte à fond».

Derrière cette méthode Coué, il faut lire chez Luc Holtz une volonté de faire évoluer la façon dont son équipe est perçue et se perçoit. «On nous voit souvent comme « les petits Luxembourgeois », et c’est quelque chose que je veux changer au niveau des mentalités, a-t-il répondu lorsqu’il lui a été demandé s’il préférait aborder une partie en tant que favori ou outsider. Il faut qu’on arrête de craindre une défaite avec un écart fleuve. Je veux nous voir courageux, ce n’est pas parce qu’on est plus petits qu’on ne peut pas faire mal aux plus grands.»

Le tirage de l’Euro, un autre enjeu

Et quand il parle de courage, le sélectionneur fait ici allusion à la «conviction» qu’il attend de son équipe balle au pied. «On doit continuer à développer notre jeu, lance le technicien. Sur les matches qu’on a joués, on a produit du jeu, et on va continuer sur cette voie. Évidemment, il faut une stabilité défensive, c’est la base, mais c’est quand même important de créer du jeu, d’avoir la balle.»

Ce qui l’est encore plus, dans ce type de rencontres, c’est d’être «efficace», de «ne pas refaire» les erreurs commises à l’aller, «de profiter des faiblesses» aussi hypothétiques que relatives de l’adversaire et, «surtout, d’être très fort mentalement, physiquement et défensivement, et déterminés dans tout ce qu’on fait». Un exploit, encore plus retentissant que le succès de mars 2021 en Irlande (0-1), est à ce prix.

En plus de placer une nouvelle fois, pour les plus étourdis, le Luxembourg sur la carte du foot européen, un résultat positif aurait un double mérite : assurer a minima aux Roud Léiwen la deuxième place du groupe, ce qui leur garantirait de ne pas glisser dans le chapeau 5 (sur 6) du tirage au sort des éliminatoires de l’Euro-2024, effectué le 9 octobre, et donc d’éviter l’épouvantail du chapeau 4… la Turquie.