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[Roud Léiwen] Dave Turpel : «Bien jouer n’est pas suffisant»


"On sait qu'on est encore une jeune équipe qui progresse et va encore progresser dans le futur. Mais apprendre, à un moment, ça suffit", juge Turpel. (Photo Luis Mangorrinha)

Développer du beau jeu, mettre à mal de bonnes nations du foot mondial telles que la Serbie ou l’Ukraine ne leur suffit plus ! La bande à Dave Turpel en veut plus. Des victoires !

Dave Turpel a inscrit mardi soir face à la Serbie son cinquième but sous le maillot national. Celui-ci a permis de ramener les Roud Léiwen à 1-2, sans que le Luxembourg parvienne derrière à arracher le match nul ou même la victoire qu’il aurait méritée.

Après une soirée comme celle de mardi, quel sentiment prédominait dans le groupe luxembourgeois ?

La déception. Car on a tous consenti, pour réussir justement cette prestation, à un gros investissement. Et à l’arrivée, on repart sans rien dans les poches. On savait que face à un adversaire de cette taille-là, cela allait se jouer sur des petits détails. Et c’est effectivement là que ça s’est décidé… À un moment, il faut se dire que bien jouer au ballon, ce n’est pas suffisant. Même si ça fait plaisir aux gens mais aussi à nous-mêmes. Non, on veut les deux !

Quand vous parlez de petits détails, vous pensez à quoi ?

Aux occasions que nous n’avons pas réussi à mettre au fond des filets. Parce qu’on a manqué le dernier geste, la dernière passe. Parce que juste avant de conclure, on n’a pas pris la bonne décision. Le haut niveau, c’est ça. Et puis, sans vouloir incriminer personne ni faire des reproches, derrière, on aurait dû être un peu plus attentifs. Parce que la Serbie a peut-être trois ou quatre occasions mais cela se termine trois fois par un but.

Lorsque vous avez inscrit le but luxembourgeois, ramenant les vôtres à 1-2 et relançant du même coup une équipe qui avait pris un coup sur la tête avec le 0-2, vous vous êtes dit que c’était le goal qui allait amorcer un grand retour au score ?

Oui. Car avec les deux changements effectués par le coach (NDLR : la montée de Dave Turpel et de Dan Da Mota à la place de Maurice Deville et de Danel Sinani), on a vu notre jeu s’accélérer. Et ils nous laissaient beaucoup d’espace. Bref, le match était encore ouvert même si, effectivement, on avait pris un petit coup sur la tête avec le 0-2. Mais après le 1-2, on s’est procuré les possibilités pour recoller à 2-2. Et si on arrive à inscrire ce petit but, on assiste peut-être dans la foulée à une tout autre rencontre…

Le cadre de la sélection est jeune. Dans un, deux ou trois ans, on peut penser que vous parviendrez à gagner ce genre de match face à des équipes du niveau de l’Ukraine ou de la Serbie…

On sait qu’on est encore une jeune équipe qui progresse et va encore progresser dans le futur. Mais apprendre, à un moment, ça suffit. Parfois, c’est aussi une question de chance. Souvenez-vous du match face à la France à Toulouse (NDLR : 0-0 en septembre 2017). Ce jour-là, on l’avait eue de notre côté sur certaines actions françaises. Par contre, mardi, la Serbie marque sur un poteau rentrant et nous, on voit la frappe de Vincent (Thill) être repoussée par celui-ci… J’ai toute confiance en cette équipe et je pense qu’il ne faudra pas attendre deux ou trois ans pour voir une victoire face à une formation du calibre des Ukrainiens ou de la Serbie. Pour moi, il ne faudra pas attendre un an pour ça si on continue à bosser comme on le fait actuellement.

Et comment cela se passe pour vous depuis votre arrivée en Gaume ?

Nous avons connu des débuts difficiles, avec deux défaites 1-0 puis une élimination en Coupe face à une formation de niveau inférieur qui a fait mal. Mais, paradoxalement, ce dernier revers a provoqué un changement, un déclic. Cela a fait qu’on investit peut-être les 10% de plus qui font la différence. Depuis, on a réussi un 9 sur 9 et nous sommes lancés en championnat.

Mais vous, sur le plan personnel, cela va comment ?

Au début, j’ai eu besoin d’un temps d’adaptation. Ne fût-ce que parce que les entraînements ont lieu en matinée et non plus dans l’après-midi ou le soir comme à Dudelange. Et qu’il y en a un ou deux de plus. Mais aujourd’hui, physiquement, je me sens à 100%. Cela m’a également fait du bien d’avoir enfin pu prendre de vraies vacances cet été. Car avec le F91, cela ne s’arrêtait jamais vraiment.

Vos équipiers actuels, qui étaient déjà à Dudelange avec vous, ont déjà pas mal dit que le niveau du championnat était supérieur à ce que vous connaissiez en BGL Ligue…

Oui, clairement. Déjà, sur le plan physique. Ici, tous les matches sont un combat vu qu’avec huit équipes dans ce championnat, tout le monde veut se retrouver dans le haut de tableau. Alors qu’au F91, le plus dur était d’inscrire le premier but. Après, on savait qu’on allait gagner. Le niveau de cette compétition, c’est une des raisons qui ont dicté mon choix de rejoindre Virton. J’ai besoin d’enchaîner des rencontres comme celles-ci pour progresser et passer un palier. Ici, c’est un peu comme si chaque semaine, on défiait une équipe du top 5 de la DN.

Lorsque vous rejoignez la sélection, Virton continue de jouer en championnat. Comme dimanche dernier, avec une victoire 4-0 face à Lokeren. Vous n’avez pas peur de perdre votre place ? Vous avez déjà été remplaçant cette saison…

Ce sont les règles du jeu… Ce que j’ai surtout beaucoup de mal à comprendre, c’est pourquoi un championnat pro continue alors que c’est la trêve internationale… Après, pour répondre à votre question, non, je n’ai pas peur. Et ça, même si l’entraîneur décidera sans doute de ne pas changer son équipe lors du prochain match. Ce serait logique. Mais il y aura encore beaucoup d’autres rencontres derrière…

Entretien avec Julien Carette