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Rotondes : nos coups de coeur du festival Congés annulés


Le festival de musique des Rotondes, à Luxembourg, démarre vendredi et va durer tout l'été (Illustration : affiche du festival)

Le festival Congés annulés, aux Rotondes de Luxembourg, revient dès vendredi avec sa programmation «indé». Pour marquer les dix ans de la manifestation, Le Quotidien a choisi dix dates à retenir dans une affiche touffue.

1 Forever Pavot

(Photo : DR)

(Photo : DR)

Psychédélique et cinématique à souhait, la musique créée par Forever Pavot rappelle les élans contemplatifs des Morricone et autres Vannier – mais aussi à John Barry, aux Kinks, aux envolées de Gainsbourg et aux westerns en Technicolor, par extension… Une invitation à replonger dans les sonorités de la fin des «sixties», foisonnantes et élégantes, proposée par Emile Sornin, un jeune talent à moustache, sympathique comme pas deux, fan de vieux instruments – le clavecin en tête. Si son nom de scène ne fait pas l’apologie de l’opium, ses créations sophistiquées offrent de belles rêveries.

Vendredi, à 20 h 30, dans le cadre de «Congés annulés Opening Night».
Avec Lorenzo Senni, No Metal In This Battle, DasRadial & Crop Circuit.

2 Algiers

En 2015, ce trio, empruntant le nom de la capitale algérienne, obtiendrait à coup sûr – s’il y en avait une – la palme de l’originalité, avec ses titres mêlant chœurs habités, attitude punk et textes fiévreux. Le groupe d’Atlanta (Géorgie) prend en effet un malin plaisir à mélanger les genres. Son style? Un brassage pour le moins original, un peu comme si des complaintes gospels étaient revues et corrigées par des amateurs de rock et d’électronique. Pour ce groupe qui cite les Black Panthers et Jean-Paul Sartre, la dénonciation du racisme, du capitalisme, du cynisme et de l’égocentrisme, se fait dans une urgence vitale. Un appel à la révolte dans un mix de postpunk et d’incantations à portées politique comme sociale. Des expérimentations ébouriffantes, un côté malsain à fleur de peau, n’en rajoutez pas! Un ovni à découvrir sans la moindre hésitation.

Le lundi 30 juillet à 20 h. Support : AAMAR.

3 Makeness

C’est tout neuf, tout beau, comme on dit! Makeness, look de premier de la classe, vient cette année de se faire un nom dans le milieu de l’électronique, bien que ses précédentes tentatives – Rogue (2015) et Temple Works (2017) – ne sont pas passées inaperçues. Son terreau? La musique à la fois cérébrale et voyageuse, empruntant dans son sillage des influences variées (afrobeat, new wave, folk et, bien sûr, techno style Détroit). Un assemblage qui donne naissance à un univers étrange, parfois inquiétant. Qui rappelle aussi la solitude des origines du garçon, en l’occurrence l’Écosse. Qui, dans ses échos «bruitistes», ramène enfin aux vrombissements des villes. Avec du recul, Kyle Molleson s’est dit que c’était plombant. Alors, avec son premier album, Loud Patterns, il a rajouté des voix… Oui, plus de chaleur ne fait pas de mal.

Le vendredi 3 août à 20 h 30, avec Throwing Snow.
Support : Ryvage.

4 Jean Jean

D’abord, saluons l’audace d’un nom qui évoque le cousin un peu lourd ou l’animateur du camping des «Flots bleus». Pourtant, Jean Jean est assez loin des élans bas du front : déjà parce qu’il ne parle pas, ses musiques se passant de leader et de voix, comme souvent, d’ailleurs, dans le style dit «math rock», dont il est l’une des nouvelles têtes parmi les francs-tireurs français (Pneu, Papier Tigre…). Ensuite, parce que ce trio sait y faire, avec une musique sucrée et baladeuse, tantôt furieuse, tantôt caressante comme un coucher de soleil sur un bronzage impeccable. À savourer sans crème solaire.

Le samedi 4 août à 20 h 30, avec Mutiny on The Bounty
et The Choppy Bumpy Peaches.

5 C’est Karma

(Photo : DR)

(Photo : DR)

Une fois n’est pas coutume, mettons à l’honneur, parmi les nombreuses propositions des Congés Annulés, une artiste du cru. Parmi les 22 (quand même!) musiciens locaux, c’est Karma Catena, 16 ans, qui sort du lot, comme elle l’a déjà fait au récent festival Screaming Fields de la Rockhal – elle a remporté, au début de ce mois, le prix de la «meilleure performance live». Assez étonnant quand on sait que son point fort, ce n’est pas les déhanchements scéniques, mais bien une sensibilité à fleur de peau. En somme, une guitare sèche et des paroles intimistes, qui font de cette jeune fille, déjà, une belle promesse, et ce, avec un seul single au compteur, Gravity. C’est ce qu’on appelle avoir un bon «karma».

Le jeudi 9 août à 20 h. En première partie de Fenne Lily.

6 Protomartyr

Bienvenue à Detroit, ville au prestige perdu à qui il ne reste que les tristes ruines d’un passé industriel pour s’apitoyer sur son sort. Protomartyr vient de cette cité du Michigan, à laquelle l’Amérique a tourné le dos depuis bien longtemps. Le groupe, nourri, abreuvé de ce spleen et cette misère, a traduit ses sentiments à travers un rock froid et glacial, qui renvoie à une autre ville, elle aussi possédée par les fumées d’usines : Manchester. Un pont géographique, certes, mais aussi temporel, au vu des sonorités très «curtisiennes» proposées par le quatuor, qui n’a jamais renié son amour pour Joy Division. Pour autant, jamais désabusé, il continue à faire beaucoup de bruit…

Le dimanche 12 août à 20 h.

7 Rolling Blackouts Coastal Fever

Voilà un étonnant objet qui, au fil des écoutes, s’incruste au plus profond des cerveaux, même ceux les plus imperméables. L’œuvre de cinq garçons «très pop» sur eux, les Australiens de Rolling Blackouts Coastal Fever, groupe, donc, au nom à rallonge et aux élans pop-rock accrocheurs. Un groupe «à guitares», comme on dit dans le jargon, et à voix aussi, qui puise dans un vivier d’inspirations où se fondent, pêle-mêle, les Strokes, Television, sans oublier leurs regrettés aînés, The Go-Betweens. Des mélodies ensoleillées qui font mouche, et qui ne vous lâchent plus!

Le mardi 14 août à 20 h. Support: Magnus & John.

8 Jonathan Bree

Rayon «découvertes» (ou pas), il ne faut pas louper Jonathan Bree, fan du col roulé et du personnage en bois de la publicité «O’Cedar dépoussiérant»… Longtemps sans visage, ce Néo-Zélandais, à travers son label Lil’ Chief Records, s’est mis au service des autres. Mais depuis 2013, il la joue solo, mais toujours avec ce sens marqué pour la discrétion. Sans faire de bruit, ce multi-instrumentiste et orchestre «pop» à lui tout seul, concocte de petites mélodies croustillantes, ciselées et jamais évidentes. Une production quatre étoiles sur laquelle il pose sa voix de crooner un peu désabusé. C’est singulier, sans trop forcer le trait. Délicatesse avant tout!

Le mercredi 15 août à 20 h. Support : Jackie Moontan.

9 Ariel Pink

Hors norme… Voilà le juste mot qui colle à la peau de ce personnage excentrique et énigmatique à souhait. Chevelure colorée et âme androgyne, ce Californien de 39 ans s’amuse, depuis deux décennies et pas moins d’une dizaine de disques, à concocter des mélodies psychédéliques à la quintessence pop, toujours kitsch et souvent «borderline». Bricoleur et locomotive de l’avant-garde musicale, faiseur d’étrangetés, Ariel Pink développe un univers unique et libéré de toutes contraintes. Refrains délavés et rythmes détraqués : l’homme aux yeux fous surprend. Merci à lui.

Le dimanche 19 août à 20 h.

10 Blonde Redhead

(Photo : Julien Bourgeois)

(Photo : Julien Bourgeois)

LA tête d’affiche du festival (parce qu’il en faut une…). Pour les non-initiés, disons que Blonde Redhead est un trio new-yorkais composé d’une Japonaise et de jumeaux italiens qui a débuté au son dissonant de la musique «noisy» – à écouter La Mia Vita Violenta, 1995. Mais (l’âge aidant?), d’année en année, le trio s’est doucement détendu, oubliant du coup les guitares abrasives et distordues des débuts pour aller vers un rock à la mélancolie poignante, aux envolées oniriques. Avouons-le, ça reste franchement bien fait, comme le souligne le dernier EP, 3 O’ Clock, tout récent.

Le jeudi 23 août à 20 h.

Dossier de Grégory Cimatti