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Rosa dit avoir empoisonné Marco sur le conseil de sa mère et de Joao


«Marco m’a demandé de choisir entre Joao et lui. J’ai fait un choix avec ma mère et Joao un mois ou deux avant notre départ en vacances», avoue Rosa. (Photo : archives lq)

Rosa assure avoir été poussée à empoisonner son compagnon par sa mère et son amant. Mercredi, elle s’est présentée comme une femme faible et perdue qui leur était totalement assujettie.

«Rosa m’a demandé si je connaissais quelqu’un qui vendait des remèdes contre les scarabées. C’était le 3 août 2021», confie une cousine de Maria, la mère de Rosa, par téléphone depuis le Portugal à la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Elle explique s’être rendue dans un magasin où elle avait ses habitudes et avoir acheté l’insecticide soumis à une autorisation pour 6,50 euros. Maria lui a remboursé la somme.

«Le lendemain, au déjeuner, tout le monde était là, sauf Marco. Le 4 août, on m’a dit qu’il était parti avec toutes ses affaires et son argent», poursuit la témoin, certaine de son souvenir alors que la date ne correspond pas aux conclusions du légiste, qui avait estimé que Marco avait été plongé dans le fleuve Mondego ce jour-là.

Rosa est accusée de lui avoir administré un cocktail de somnifères et d’insecticide avant de le mettre à l’eau près de Figueira da Foz, sur la côte atlantique portugaise. Le corps de Marco a été repêché le 5 août 2021 après avoir passé moins d’une journée immergé, selon l’expert.

La disparition du jour au lendemain ne semblait pas préoccuper les quatre prévenus. La cousine, elle, s’alerte. «Je leur demandais tous les jours si elles avaient des nouvelles», indique-t-elle. «Maria m’a dit que la police ne pouvait rien faire comme Rosa et lui n’étaient pas mariés.» Rosa lui aurait également donné à lire un message d’adieu de Marco disant qu’il partait retrouver une ancienne amoureuse.

Cela ne les empêche pas de faire la fête. Le 8 août 2021, un porcelet a été acheté, selon la cousine, et «elles ont dansé». «Elles n’ont eu aucun remords.» Pourtant, la découverte d’un corps avait été rapportée dans les médias locaux. «Je n’ai pas fait le lien. Je ne les aurais jamais crues capables d’un tel acte.»

«Vous auriez pu vous séparer»

«En 2019, j’ai été opérée de l’estomac pour perdre du poids. À partir de là, tout a basculé.» À la barre, Rosa décrit un homme jaloux qui l’empêchait de sortir et une mère tout aussi possessive. «Voulez-vous nous faire croire que vous étiez sous leur coupe à tous les deux ?», demande la présidente. D’une voix traînante, comme anesthésiée par les calmants, Rosa se présente comme une fille sous l’emprise de sa mère. «J’avais peur de perdre ma fille comme elle m’a pris mon fils. Elle m’avait menacée», poursuit-elle. L’arrivée de Joao dans la vie de sa mère n’aurait pas amélioré les choses, loin de là. «C’est lui qui a commencé une relation avec moi.»

Marco a eu de sérieux doutes et leur relation de couple a empiré. «Marco m’a demandé de choisir entre Joao et lui. J’ai fait un choix avec ma mère et Joao un mois ou deux avant notre départ en vacances», avoue Rosa. «Ma mère m’a dit que ce poison était efficace parce qu’un de ses voisins s’était suicidé en l’utilisant. Ma mère ne l’aimait pas. Joao encore moins. Ils me disaient que je méritais mieux.» «Il y avait plus simple pour mettre un terme à cette relation», commente la présidente. «Vous auriez pu rompre.»

«Oui, c’est vrai», répond la prévenue. «Voulez-vous nous dire qu’ils vous ont forcée à le tuer ?» «J’ai été poussée par les deux. Toute seule, je n’en aurais pas été capable. Joao et ma mère m’ont dit que je n’étais pas seule. Joao a été le premier à en parler», assure-t-elle. «On a eu cette discussion après que Marco m’a attrapée par le cou.» Son fils, Marco Antonio, lui aurait «donné la force».

La prévenue ne semblait pas avoir la force de faire grand-chose et aurait, selon sa version, préféré se laisser faire – ou laisser décider sa mère – plutôt que de réagir. La présidente a du mal à y croire. «Il ressort du dossier que vous étiez bien à même de vous débrouiller toute seule.» Une expertise psychiatrique notamment. Mais Rosa le martèle : sa mère la menaçait constamment de lui enlever sa fille. «Souvent, j’ai peur d’elle !»

Assis sur le banc des prévenus, Joao fait tourner son index sur sa tempe pour signifier que Rosa est folle en regardant Maria installée à l’autre bout de la pièce. Maria prend sa tête dans ses mains et la bouge de gauche à droite. Au même moment, Rosa insinue que Maria a tenté d’empoisonner Joao avec un médicament. «Elle a mis quarante gouttes au lieu de quatre. Elle me l’a avoué. C’était avant qu’on parte au Portugal.»

«Quand on ment, il faut avoir une bonne mémoire», constate la juge, un brin lassée par les affirmations sans queue ni tête de Rosa, avant de clore l’audience.