Les deux prévenus auraient pu prendre une sage décision, mais ils ont choisi d’aller à l’encontre de la loi. L’un était rond comme une queue de pelle et l’autre voulait arrondir ses fins de mois.
Michael s’était fait larguer la veille des faits après une demande en mariage. Il noyait son chagrin dans l’alcool quand un policier lui a téléphoné pour lui demander de restituer le permis de conduire de son ex-petite amie au commissariat.
«Je n’avais pas encore pu lui rendre ses affaires», précise le prévenu qui a eu le bon réflexe d’avouer au policier qu’il n’était pas en état de prendre le volant. «Nous viendrons le récupérer chez vous», lui aurait proposé le policier.
Une phrase qui a fait paniquer le jeune homme de 30 ans, comme il l’a expliqué à la barre de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.
Il a aussitôt sauté dans sa voiture pour se rendre sans encombre au commissariat de Dudelange où, d’après son récit, trois policiers sont venus à sa rencontre. Ensuite l’histoire se complique. Il est reproché à Michael d’avoir refusé de se plier au deuxième test d’alcoolémie de routine, l’éthylomètre, ainsi qu’à un test pour déterminer s’il conduisait sous influence de THC. Lui prétend le contraire et rejette la faute sur les policiers. Il précise être rentré chez lui en taxi.
Un officier de police judiciaire a noté la présence d’une odeur de cannabis émanant de sa voiture. Un indice suffisant pour faire passer un test afin de vérifier que Michael ne conduisait pas aussi sous l’influence de stupéfiants.
Le policier n’avait pas été convié à l’audience pour expliquer ce qui s’est passé dans la nuit du 31 janvier 2024. Cependant, le représentant du parquet a choisi de croire sa version des faits.
Il a estimé que Michael avait conduit un véhicule en état d’ivresse sans pouvoir déterminer le taux exact d’alcool absorbé. L’éthylotest avait permis d’établir un taux de 1,80 gramme d’alcool par litre de sang. Taux qui n’avait pu être affiné grâce au deuxième test.
Le magistrat a requis une amende appropriée à l’encontre de Michael, ainsi que trois interdictions de conduire de 42 mois au total pour conduite en état d’ivresse et pour les refus de tests. Il ne s’est pas opposé à un sursis intégral.
Michael a eu le bon réflexe, mais n’a au final pas pris la bonne décision. Son avocat a plaidé en faveur d’une suspension du prononcé pour son client et s’est indigné de la durée des interdictions de conduire qu’il trouve trop longues, même assorties d’un sursis intégral. Il a également rappelé que Michael s’était retrouvé sans permis pendant six mois après les faits.
Le prononcé est prévu le 15 mai.
«Une sage décision»
Deux mille cinq cents euros. Toutes les économies de Daniel et une dernière chance de se refaire financièrement. Le prévenu de 61 ans les a investis dans 150 grammes de cocaïne achetés à Rotterdam.
«Une sage décision», selon le président de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Daniel explique être dans une situation financière précaire et ne percevoir que 1 100 euros de rente d’invalidité par mois.
Il prétend que c’était sa première fois et regrette. «Et il croit qu’on va le croire!», lance le juge. «Il a déjà été condamné en France en 2014 à 18 mois de prison pour trafic de stupéfiants.»
«J’étais seulement chargé du transport. Les stupéfiants n’étaient pas pour moi», explique le prévenu qui précise avoir déjà, à l’époque, connu des ennuis financiers. «Le chemin vers Rotterdam était plus simple que celui vers l’office social», constate le juge.
Sur le retour, Daniel était tombé dans un contrôle international de police et un toxicomane avait avoué aux policiers avoir acquis de la cocaïne auprès de Daniel, ce que nie ce dernier. Son avocat a d’ailleurs demandé son acquittement sur ce point, arguant que sans circonstances de temps et de lieu, on ne pouvait prêter foi aux propos d’un toxicomane.
Le représentant du ministère public a requis une peine d’emprisonnement de 24 mois à son encontre et une amende. L’avocat a invoqué sa situation précaire et ses problèmes de santé apparus en 2010, conséquences de sa situation financière précaire, comme circonstances atténuantes. Il a ensuite demandé au tribunal de prononcer une peine en dessous du minimum légal et a rappelé que son client avait déjà passé six mois en détention préventive.
Le prononcé est fixé au 22 mai.