Pendant un mois, Max Steffen est allé au Bangladesh pour venir en aide aux Rohingyas, qui ont fui la Birmanie. Le volontaire de la Croix-Rouge luxembourgeoise témoigne.
Viols en réunion, tortures, massacres… Le 25 août dernier, les violences contre la minorité musulmane rohingya reprennent en Birmanie.
L’ONU ne mâche pas ses mots et n’hésite pas à parler de «nettoyage ethnique» par la voix du représentant des Nations unies au Bangladesh.
Conséquence, des milliers de Rohingyas, considérés, toujours selon l’ONU, comme le peuple le plus persécuté au monde, fuient la Birmanie pour rejoindre le Bangladesh.
Ils arrivent tous dans la région de la ville d’Ukhia, où le camp de réfugiés de Kutupalong existe depuis le début des années 1990 et a été entouré au fil des ans par d’autres camps de réfugiés.
Mais l’afflux de Rohingyas est tel que l’aide internationale doit se mobiliser très vite. L’Emergency Response Unit (ERU) Benelux de la Croix-Rouge est sollicitée.
La Belge Alice, les Néerlandais Daniel et Jeroen et le Luxembourgeois Max Steffen forment la première équipe qui arrive sur place le mercredi 18 octobre.
«Des abris partout jusqu’à l’horizon»
«C’était ma première mission de volontaire dans le cadre de l’ERU Benelux, indique Max Steffen, âgé de 27 ans. Nous sommes arrivés à notre camp de base à Cox’s Bazar.
Nous nous sommes tout de suite mis en relation avec la Croix-Rouge du Bangladesh pour lui apporter notre support en matière de gestion de la distribution des denrées alimentaires, des kits d’hygiène ou encore des bâches. Après quatre, cinq jours d’analyse, on a expliqué aux bénévoles et aux membres de la Croix-Rouge du Bangladesh ce que nous allions faire. L’objectif était de recenser avec leur aide les besoins des gens et d’organiser la distribution de manière technologique via les smartphones.»
Puis l’équipe ERU Benelux se rend dans les camps de réfugiés pour mettre en place son système de distribution. Premières impressions?
«Le premier jour, le chef des opérations, qui a une expérience de 25 ans de ce type de mission, nous a dit que c’était l’urgence la plus complexe qu’il ait jamais vue, avance le volontaire de la Croix-Rouge luxembourgeoise, encadrant au centre de primo-accueil des réfugiés à la Logopédie le reste du temps.
J’ai été frappé par l’étendue des camps. On voit des abris rudimentaires partout jusqu’à l’horizon. Et chaque jour environ 1 000 personnes arrivaient encore jusqu’au moment où nous sommes partis (NDLR : le 18 novembre). En permanence, des blocs d’abris s’ajoutent. Le terme d’urgence n’est pas assez fort pour décrire la situation.»
«Prêt à y retourner»
Max Steffen poursuit en décrivant «une situation sanitaire compliquée avec des toilettes improvisées partout, notamment près des vrais points d’eau. Une vaccination de masse contre le choléra est faite. Mais il y a tellement de choses à faire.»
Et le volontaire de la Croix-Rouge luxembourgeois en a fait beaucoup pendant le mois où il était au Bangladesh. «Je n’ai jamais autant travaillé et je ne me suis jamais senti autant utile que quand j’étais là-bas. On a formé les bénévoles au système de gestion, « Open Data Kit », on a enregistré les ménages et leurs besoins… Et il y a eu des moments de grand stress. On n’a pas vraiment eu beaucoup de temps pour faire connaissance plus en avant avec les réfugiés.»
Mais le volontaire de la Croix-Rouge luxembourgeoise a été frappé par le fait que «la majorité des personnes présentes sont des femmes et des enfants».
«Des familles dont on a enlevé l’existence quittent leurs chez-eux, marchent pendant des semaines pour arriver sans rien, affaiblis et affamés au Bangladesh, qui fait partie des 20 pays les plus pauvres de la planète et qui n’a pas vraiment de vision claire sur quoi faire avec eux, poursuit-il. Leur futur est alors très incertain. Mais dès le début, on peut observer à quel point l’homme sait s’adapter. Lors des distributions, les gens sont très disciplinés, polis et les enfants jouent et ont le sourire.»
Max Steffen, rentré le 18 novembre et remplacé par un autre volontaire de la Croix-Rouge luxembourgeoise, conclut en indiquant qu’il est «prêt à y retourner pour aider» et en lançant un appel à tous en rappelant que «les besoins sont immenses».
Guillaume Chassaing