Roby Langers, légende du club de foot de l’OGC Nice, est bouleversé par l’attentat qui a frappé «sa» ville. Il explique comment il est tombé amoureux de la cité azuréenne.
À 55 ans, le Luxembourgeois, qui a marqué à jamais les esprits des Aiglons niçois, assure que le drame qui a une nouvelle fois frappé la France ne change en rien ses plans : dans quelques années, il s’installera à Saint-Paul de Vence, à 21 km de Nice.
Quand et comment avez-vous appris la nouvelle ?
Roby Langers : Le soir, vers minuit, à la radio. On était en voiture avec ma femme, on était de retour après un dîner chez des amis. On était en train de rentrer chez mon cousin qui habite à Narbonne et chez qui on passe la semaine. En rentrant chez lui, on a allumé la télé et on a vu.
Comment avez-vous réagi ?
Quand on a vu ce camion, sachant qu’on connaît bien la Promenade (des Anglais), on a deviné que ça allait faire des dégâts. Quand je me suis couché, il n’y avait « que » 30 morts. J’ai eu des problèmes pour m’endormir. En fait, ça m’a traumatisé. Quand je me suis levé le matin, il était 7 h et le chiffre était passé à 84. C’est très dur.
Vous avez encore de nombreux amis à Nice. Avez-vous eu peur ?
Forcément. Mais avec les réseaux sociaux, aujourd’hui, on a vite des nouvelles des gens. Mes enfants et mes amis du Luxembourg, qui savaient que j’étais dans le sud de la France, m’ont tous contacté. Il faut dire que Nice, j’y vais tout le temps.
Le fait que cela se soit passé à Nice et pas ailleurs vous a-t-il encore plus affecté ?
J’ai vécu dix ans en France (NDLR : dans l’Hexagone, il a aussi joué à Metz, Marseille, Quimper, Guingamp, Orléans et Cannes). Alors si ça s’était passé n’importe où, à Nantes ou à Auxerre, ça m’aurait énormément touché. Mais là, comment dire… Nice, ce sont mes plus beaux souvenirs. Ici, je suis très bien reçu à chaque fois. J’avais été invité dans la loge du maire, Christian Estrosi, pour le match d’inauguration dans le nouveau stade, l’Allianz Riviera (NDLR : le 22 septembre 2013). Il m’a dit que j’étais ici chez moi. Ça fait chaud au cœur.
En 16 ans de carrière pro, vous avez toujours crié votre amour pour Nice, alors que vous n’y avez joué que deux ans. Comment l’expliquez-vous ?
D’abord, c’est là où j’ai eu le plus de réussite, là où j’ai percé en Division 1. Et puis Nice, c’est une belle ville, dans une belle région. Avec ma femme, on a déjà décidé : dès que je suis à la retraite, on habitera six mois au Luxembourg et six mois à Nice.
Ces scènes atroces vous ont-elles rappelé de bons moments passés dans ce décor que vous connaissez par cœur ?
Vous savez à quoi j’ai pensé? Il y a quinze jours, j’étais invité pour voir le 8 e de finale de l’Euro Angleterre-Islande. J’étais logé à l’hôtel Westminster, qui est sur la Promenade. La Promenade était pleine de supporters. Ce con avec son camion, il aurait pu faire la même chose ce jour-là. On n’est tranquilles nulle part…
Vous souvenez-vous de votre première balade sur la Promenade des Anglais ?
Une des premières fois, c’était l’été 1989. Pour un article dans le magazine Onze Mondial , on m’avait pris en photo devant le Negresco (NDLR : dans la nuit de jeudi à vendredi, ce palace s’est transformé en hôpital). J’ai logé pendant un mois sur la Promenade, à mon arrivée au club, le temps de trouver un logement. Mon fils avait 4 mois. Il n’y a pas une année où je ne descends pas dans le Sud. Nice représente beaucoup de choses pour moi. Nice, c’est beau. Ce n’est pas ça. Je ne peux pas supporter ce qu’il s’est passé. Des gamins étaient simplement venus voir un spectacle… Dans notre monde, il y a quelque chose qui ne va plus. Il faut vraiment qu’on reste unis, il n’y a plus que ça à faire.
Entretien réalisé par Matthieu Pécot