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Robert Mehlen claque la porte de l’ADR


La coupe est pleine, comme l’écrit Robert Mehlen, qui annonce la fin de son histoire avec l’ADR, à cause des positions de Kartheiser.  

Ce n’est pas vraiment une surprise. L’ancien député Robert Mehlen avait déjà critiqué son parti pour le soutien qu’il apportait à Fernand Kartheiser, l’euro-député pro-Poutine.

Il a fini par le faire. L’ancien député ADR, Robert Mehlen, qui a présidé pendant 20 ans aux destinées de l’ADR, avait déjà annoncé en avril dernier sur les ondes de la radio socio-culturelle 100.7, son intention de quitter le parti. Il comptait le faire et s’en justifier dans une lettre ouverte, ce qu’il a finalement fait mercredi, considérant que «la coupe est pleine!», comme il l’écrit en entête de son courrier adressé aux médias.

Dans son viseur, l’eurodéputé Fernand Kartheiser et ses positions pro-Poutine. Son récent séjour à Sotchi où il a rencontré divers représentants de l’oligarchie russe, dont l’ancien président Medvedev, a irrité Robert Mehlen au plus haut point. «Il affirme que les discussions ont été «très productives et très intéressantes» et qu’il a constaté «beaucoup de bonne volonté» de la part des Russes pour surmonter la «crise actuelle», se moque Robert Mehlen en reprenant le narratif de Kartheiser.

L’eurodéputé, qui dénonce les sanctions russes, accuse aussi les Européens de bellicisme, en refusant de dialoguer avec eux. «Il a même prié pour la paix avec les responsables de massacres en Russie, au lieu d’exiger qu’ils cessent enfin de tuer, chaque jour en Ukraine, des civils innocents, notamment des enfants et des femmes», rappelle l’ancien ADR, qualifiant ce comportement de «pitoyable hypocrisie».

Il juge absurde le discours de Kartheiser qui vise à banaliser l’invasion russe de l’Ukraine, «illégale au regard du droit international et injustifiable», écrit Robert Mehlen. Et quand l’eurodéputé ADR impute à l’UE et à l’OTAN la responsabilité de la guerre meurtrière qui ravage l’Ukraine depuis près de quatre ans, l’ancien président lui attribue la fonction de  «porte-parole de la clique criminelle russe», celle qui tue ses opposants. L’auteur de la lettre estime que Kartheiser «est en bonne compagnie avec Orban et Fico, qu’il encense, ainsi qu’avec une partie de l’AfD en Allemagne, qui se livre au même jeu déplorable».`

Robert Mehlen ne mâche pas ses mots. Il ne comprend pas la position d’un Kartheiser qui ne peut être aussi «naïf» au point d’ignorer «la guerre clandestine que les Russes mènent depuis longtemps contre l’Europe, depuis la pose d’oléoducs en mer Baltique jusqu’aux survols de nos aéroports par des drones». Kartheiser ne verrait donc pas non plus toute la «propagande manipulatrice diffusée sur les réseaux sociaux» pour déstabiliser les démocraties. Robert Mehlen lui rappelle que la Russie est déjà en guerre contre les pays européens, mais Kartheiser doit penser que les Européens en sont responsables.

Dans son courrier, il compare Poutine à Hitler qui a poursuivi une guerre qu’il savait perdue en 1944.Poutine a payé un prix exorbitant avec son invasion de l’Ukraine. Le bilan humain et économique de son aventure est également catastrophique pour la Russie. Mais il ne peut se résoudre à reculer et c’est pourquoi il poursuit cette guerre absurde quelles que soient les pertes», enseigne-t-il à Kartheiser.

«La paix n’est possible que lorsque l’agresseur est neutralisé, et non lorsqu’on prie hypocritement pour la paix avec les meurtriers et qu’on accuse de bellicisme ceux qui investissent dans la défense», rappelle Robert Mehlen à l’eurodéputé. Il lui souffle aussi à l’oreille qu’il ne peut y avoir de paix en Ukraine «que si Moscou le souhaite». Il ne comprend pas son attitude à moins de se livrer à un  «populisme pur et simple» qui consiste à courtiser les électeurs ensorcelés par la propagande russe. «Ce serait absolument répréhensible», écrit Robert Mehlen, en alertant du danger qui guette l’Europe démocratique.

Kartheiser soutenu par son parti

«Il s’agit de défendre par tous les moyens nos valeurs de liberté, de démocratie et de justice contre des éléments criminels qui, une fois au pouvoir, s’y accrochent et se soucient peu du bien-être de leur propre peuple», poursuit-il, en constatant que cette tendance à gagner «les amis américains».

Le pire pour Robert Mehlen c’est que l’ADR soutient son député européen et sa politique pro- Poutine. «Je préfère ne pas la qualifier de pro-russe, car le peuple russe lui-même en est largement victime». Cette attitude de l’ADR «est incompatible avec ma conception de l’État de droit, de la liberté et de la démocratie», conclut-il.

La décision de Robert Mehlen a eu le temps de mûrir. Après le congrès du parti au printemps dernier, il avait déjà en tête de le quitter. Il restitue aujourd’hui son titre de président d’honneur. L’ancien député de 1989 à 2009 sauve le sien, d’honneur. Il ne se reconnaît plus du tout dans le parti à la tête duquel il avait été élu en 1991, quand l’ADR s’appelait encore Aktiounskomitee 5/6, et qu’il militait pour une égalité des pensions entre fonctionnaires et salariés du privé. Il a présidé le parti jusqu’en 2012, où un certain Fernand Kartheiser a pris le relais.