Sans plan de végétalisation, la température extérieure dans les centres urbains risque d’atteindreles 46 °C à l’horizon 2060. Une étude livre des pistes pour éviter ce scénario extrême.
Le ministère de l’Aménagement du territoire résume un cercle vicieux qui est bien connu : «Les villes, en particulier les centres-villes densément construits, seront de plus en plus touchées par les vagues de chaleur en raison du changement climatique.» Ces épisodes de canicule urbaine sont principalement dus à un «faible échange des masses d’air et un taux élevé d’imperméabilisation des surfaces». «Cela conduit à un refroidissement nocturne insuffisant des zones bâties», complète le ministère.
Conscient du défi qui découle de ces constats, le syndicat intercommunal Pro-Sud a décidé de faire analyser le climat urbain local actuel de la Minett – plus précisément des 780 km2 que comptent les 11 communes formant la Minett Unesco Biosphere – et celui qui attend cette région dans le futur.
L’étude dévoilée hier vient confirmer l’urgence d’agir afin d’éviter, à l’horizon 2060, la surchauffe au cœur des zones urbaines. «Alors que les augmentations de température attendues sont significatives, les scénarios modélisés fournissent des informations précieuses pour améliorer la résilience des zones urbaines face aux vagues de chaleur. Ils montrent qu‘en l‘absence d’adaptations durables de l‘urbanisme, le risque de problèmes de santé (…) augmente», résument les auteurs de l’analyse signée par la société allemande GEO-NET et les chercheurs du Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST).
Les projections pour la période 2031-2060 misent sur une augmentation de la température comprise entre +0,7 °C et +2,7 °C. Dans le scénario d’un changement climatique non maîtrisé, une ville comme Esch-sur-Alzette risque de connaître des températures extérieures pouvant aller jusqu’à 46 °C (*) en plein été. Même dans le scénario d’un réchauffement climatique modéré, le refroidissement nocturne maximal ne serait plus suffisant pour éviter «un dépassement de seuils de température critiques pendant les journées d‘été et (pour obtenir) un refroidissement efficace pendant la nuit».
Un manque d’air froid
Cela vaut en particulier pour les îlots de chaleur urbains que l’on retrouve notamment sur les places publiques et autres zones urbanisées qui manquent cruellement de végétaux. Le résultat est un manque de production et de circulation d’air froid, «essentiels pour le refroidissement nocturne de la ville et qui contribuent à l‘amélioration du confort thermique dans les zones urbaines». L’étude met ainsi «en évidence la nécessité d‘interventions ciblées en matière de planification afin de maintenir ou d‘améliorer la production et la circulation de l‘air froid et de contribuer ainsi à la résilience climatique».
L’ensemble des enseignements tirés par l’étude a servi à créer des cartes qui illustrent la situation actuelle et constituent également un «outil de planification stratégique» destiné aux urbanistes et décideurs politiques. «La carte (…) attribue des priorités d’action pour les zones d’habitation ainsi que des besoins de protection échelonnés pour les surfaces de compensation».
Un catalogue de mesures accompagne l’étude. Les chercheurs plaident pour des adaptations urbanistiques telles que la création d’espaces verts, l’aménagement de plans d‘eau pour le refroidissement et l’adaptation de la disposition des bâtiments pour optimiser la circulation de l‘air. «Il s’agit notamment d‘accroître la couverture végétale par des parcs et des façades végétalisées, de favoriser l‘aération par des dispositions architecturales et d‘adapter les règles de construction aux exigences climatiques», développent-ils, avant d’ajouter que «de telles approches globales ne contribuent pas seulement au refroidissement, mais améliorent également la qualité de vie des citadins».
(*) température physiologiquement équivalente (PET), qui correspond à la température ressentie par l’être humain.
Quelques mesures pour éviter la surchauffe
VOIRIE Augmentation des surfaces végétalisées (parcs, arbres, allées, pelouses, autres verdures) et création d’espaces «bleus» (entre autres, fontaines); réduction des espaces de stationnement au profit de surfaces vertes; structures d’ombrage pour les places publiques (arbres, voile d’ombrage…).
BÂTIMENTS Végétalisation des toits et façades; emploi de matériaux de construction absorbant moins de chaleur (bois, couleurs claires pour la toiture…); solutions d’ombrage (marquises, protection solaire pour les fenêtres…); rénovation énergétique; climatisation durable (emploi de l’eau de pluie…).
NATURE Maintien de grandes zones d’espaces verts caractérisés par une végétation plate : prairies, champs, jardins familiaux et parcs.