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[Rio 2016] Ces Luxembourgeois qui sont les jeux


Nick Clesen, comme un poisson dans l'eau pendant dix jours, du côté de Copacabana.

Ils s’appellent Alexandre, Alex, Nic, Nick ou encore Julien. Ils sont luxembourgeois. Et ont décidé de vivre les Jeux de l’intérieur. En effet, tous sont volontaires au sein de l’organisation Rio 2016. Et aucun ne vit la même chose.

Qu’on se le dise, il n’y a pas que des athlètes et des officiels qui ont un passeport luxembourgeois et qui sont présents aux Jeux de Rio. En effet, ils sont relativement nombreux à avoir décidé de rejoindre les rangs des volontaires.

Pour chacun, le parcours a été le même. «On a entendu dire qu’ils cherchaient des volontaires, j’ai décidé de postuler», expliquent ces Luxembourgeois. Au vu du CV, des capacités, notamment linguistiques, des candidats et après passage d’une série de différents tests, ils se sont vu attribuer l’une ou l’autre tâche.

Julien, assistant du Grand-Duc

Julien Carminati est, dans le civil, ingénieur réservoir chez Total. En gros, il est chargé d’effectuer des prévisions sur les probabilités de trouver du pétrole au Brésil pour le mastodonte pétrolier français. Installé à Rio, il trouvait intéressant l’idée de vivre les Jeux de l’intérieur. Et il s’est finalement retrouvé auprès du Grand-Duc : «Une fois qu’on m’avait attribué une place dans le service protocolaire, j’ai été sélectionné pour devenir assistant à la famille olympique, qui regroupe les membres du CIO, des CNO et des présidents des fédérations sportives. J’ai regardé la liste des membres et j’ai exprimé le souhait d’être l’assistant famille olympique auprès du Grand-Duc. Et ça s’est fait!»

Pendant une dizaine de jours, la durée pendant laquelle le Grand-Duc Henri était à Rio, Julien était donc au plus près de l’action : «Je le voyais tous les jours, je devais mettre au point son programme en compagnie du colonel Chrisnach. Ensuite, on communiquait le tout aux motos et il n’y avait plus qu’à les suivre.» Un «job» passionnant, qui demande pas mal d’énergie et de concentration. Mais maintenant que sa mission est terminée et qu’il va retrouver son quotidien carioca, c’est avec un regard très positif qu’il revient sur cette expérience. «C’était super! Tout le monde était très gentil. Certains jours, c’était un peu sportif mais très bonne expérience.»

Julien Carminati en grande discussion avec le Grand-Duc Henri.

Julien Carminati en grande discussion avec le Grand-Duc Henri.

Nick, au vélo entre deux voyages

Nick Clesen est un ancien coureur cycliste. Adepte des voyages sac à dos, système D, il a joint l’utile à l’agréable en effectuant un vrai trip en Amérique du Sud. Le meilleur pote de Ben Gastauer s’est en effet organisé un bon voyage entre l’Argentine, le Paraguay, le Brésil puis la Bolivie et le Pérou : «C’est le meilleur moment pour aller dans les Andes», confie celui qui, à 30 ans, a repris ses études.

Ce grand amateur de randonnées, de trekking, de montagne, bref, de nature, reviendra en Europe juste à temps pour reprendre ses études du côté de Vienne.

À Rio, il a été affecté aux… courses cyclistes : «Je faisais partie des assistants coordinateurs. Il fallait que tout soit en place. La principale priorité, c’était la sécurité», sourit-il derrière sa barbe bien fournie. Et un sourire communicatif dont il ne se départit jamais.

Alexandre, auprès des photographes

Être volontaire, c’est aussi beaucoup de système D. Notamment pour l’hébergement, qui n’est pas pris en charge. Pas plus que les billets d’avion d’ailleurs (même si les bénévoles bénéficient d’une réduction, plutôt symbolique, de 10 %). Alexandre Israël, qui est chargé d’assister les photographes, en a fait l’amère expérience : «Je m’étais mis en relation avec le site Camping ninja.com, qui est réputé et travaille bien. Malheureusement, un mois avant le début des Jeux, on a reçu un message comme quoi ça ne marchait pas car il n’y avait pas assez de personnes inscrites. Du coup, j’ai dû trouver une solution de dernière minute.»

Et comme des milliers de personnes, il s’est tourné vers… Airbnb. «J’ai trouvé un appartement à cinq minutes du parc olympique.»

Outre son activité quasi quotidienne au niveau de la Future Arena, il a également décidé de profiter à fond d’avoir tout près les meilleurs mondiaux dans des tas de disciplines : «J’ai trouvé des billets.» Résultat, il a vu un peu de tout puisqu’il a dépensé sans compter pour vivre une bonne dizaine de disciplines différentes avant de repartir dès dimanche.

Alexandre Israël a profité de sa présence aux JO pour aller voir une bonne dizaine de sports différents. (Photo : Gerry Schmit)

Alexandre Israël a profité de sa présence aux JO pour aller voir une bonne dizaine de sports différents. (Photo : Gerry Schmit)

Alex et Nic sous le même toit

Airbnb a décidément été très prisé. Certains ont fait la même chose. Et habitent d’ailleurs dans le même appartement. C’est le cas de Nic Zeimet et Alexandre Majerus. Le premier s’est retrouvé cantonné à des tâches essentiellement administratives, du côté du bassin de plongeon. L’étudiant à Cologne, originaire de Kleinbettingen, ne s’éclate pas franchement dans cette occupation. Mais il avait à cœur, lui aussi, de vivre les JO de l’intérieur. Son colocataire s’est vu, lui, attribuer un poste plus intéressant. Et plus exotique : «Je suis attaché NOC auprès du comité olympique de la République centrafricaine», sourit ce grand gaillard qui frôle les deux mètres.

Alex Majerus (à d. en jaune) pose fièrement auprès de la délégation centrafricaine, dont il s'occupe.

Alex Majerus (à d. en jaune) pose fièrement auprès de la délégation centrafricaine, dont il s’occupe.

Sa mission? Régler tous les soucis, petits ou grands, d’une délégation qui ne compte que… six athlètes : «Certains parlent uniquement français, donc je m’occupe de les aider, par exemple, pour réserver une salle d’entraînement pour la boxe. Mais c’est beaucoup plus varié et passionnant que pour ceux qui sont dans des très grandes délégations. J’en connais, mais ils ne font pas grand-chose», indique cet étudiant en droit en Espagne qui a rencontré un bénévole qui a participé à douze JO : «Il m’a dit : « Il faut vivre ça au moins une fois. »»

Moment de détente pour Nic Zeimet avant de reprendre le boulot.

Moment de détente pour Nic Zeimet avant de reprendre le boulot.

Tous garderont, à n’en pas douter, un souvenir très fort de cette expérience pas comme les autres. Évidemment, cela demande des sacrifices, notamment financiers, mais visiblement, ça ne freine pas les ardeurs : «Je vais essayer de postuler pour les JO d’hiver en Corée et les prochains Jeux à Tokyo», lance Alexandre, qui rejoindra Ottawa en septembre pour poursuivre ses études de droit.

Et d’autres sont dans le même état d’esprit. De là à imaginer qu’à Tokyo, ça parle luxembourgeois, il y a un pas. Qu’on peut franchir sans trop se tromper.

De notre envoyé spécial à Rio, Romain Haas