L’OGBL et l’Amelux remontent au créneau pour revendiquer une revalorisation des métiers de l’artisanat. Le brevet de maîtrise doit notamment être assimilé à un bachelor.
Un premier communiqué de presse, cosigné en juin, est resté sans réaction politique. La pétition publique pour revaloriser le brevet de maîtrise n’a également pas atteint le seuil des 4 500 signatures pour pouvoir échanger en tête-à-tête avec la Chambre des députés et le gouvernement. Ni l’OGBL ni l’Amelux, la nouvelle Association des maîtres d’enseignement du Luxembourg, ne comptent cependant lâcher prise.
«Nous devons tous prendre conscience de l’importance de valoriser les métiers de l’artisanat. La clé de l’avenir ne se situe pas uniquement dans les universités, mais aussi dans l’artisanat», souligne ainsi Nora Back, la présidente du premier syndicat du pays.
Prolonger la formation de 3 à 4 ans
Un nouvel appel pressant a été lancé pour revaloriser à la fois la formation professionnelle et les différents métiers de l’artisanat. L’OGBL et l’Amelux réclament notamment que le brevet de maîtrise soit non plus classé au niveau 5, mais au niveau 6 du cadre luxembourgeois des qualifications, équivalant à celui d’un bachelor, soit un bac+3.
En même temps, la formation pour décrocher un diplôme d’aptitude professionnelle (DAP) doit être prolongée de 3 à 4 ans afin de rendre ce dernier équivalant à un diplôme de fin d’études secondaires. «Il nous faut vraiment revaloriser l’artisanat. Car être artisan, c’est plus que savoir enfoncer un clou…», clame Christian Turk, le président de l’Amelux.
La revalorisation de ces deux diplômes clés dans la formation professionnelle est censée contribuer à rendre l’artisanat dans son ensemble plus attrayant. Le travail de sensibilisation devrait néanmoins commencer beaucoup plus tôt, aussi pour enfin sortir du cercle vicieux qui fait que l’orientation d’un élève vers une formation professionnelle se fait par l’échec. «Les élèves qui connaissant des difficultés en mathématiques ou en langues sont poussés vers ce type de formation. Ils n’ont pas vraiment le choix. Cela peut engendrer dès le départ des problèmes de motivation», développe Christian Turk.
Des initiations dès le fondamental
Son association propose d’offrir dès l’enseignement fondamental (cycle 2.1) la possibilité aux élèves de participer à des petites initiations à l’artisanat en dehors des heures de classe. Ce genre d’initiative pourrait aussi permettre de sensibiliser davantage les parents pour ces métiers.
Pour mieux orienter encore les futurs apprentis, l’Amelux plaide en outre d’utiliser l’année supplémentaire de formation à intégrer au DAP pour permettre aux élèves d’effectuer une série de stages en entreprises afin de mieux faire connaissance avec les tenants et aboutissants des métiers existants. «On éviterait les cas de décrochage», avance Christian Turk.
Toujours à l’échelle du DAP, il est réclamé que l’examen intermédiaire soit à nouveau rendu obligatoire. «Cela ne doit pas devenir un critère d’élimination supplémentaire, mais il doit permettre aux élèves de mieux s’autoévaluer. Pour l’instant, on est confronté à des apprentis complètement débordés au moment de passer les examens finaux», relate Jules Barthel du SEW/OGBL.
En même temps, tout doit être fait pour «ne pas écarter les élèves les plus faibles». Dans cet ordre d’idées, l’Amelux tient aussi à revaloriser le certificat de capacité professionnelle (CCP). «Ce diplôme ne doit pas être vu comme une honte. Les entreprises ont aussi besoin de ce genre de travailleurs qualifiés», souligne le président de l’Amelux.
Les apprentis exclus de la gratuité du matériel scolaire
Le ministère de l’Éducation nationale a entrepris ces dernières années de grands efforts pour rendre plus équitable le système scolaire. L’introduction de la gratuité des livres scolaires ou des repas de cantine sont souvent mis en avant. «Pratiquement, tout est devenu gratuit, sauf pour les élèves inscrits dans la formation professionnelle.
Généralement, ils sont issus de milieux sociaux plus défavorisés, mais ils sont quasiment les derniers à devoir payer de leur poche leur matériel scolaire», s’indigne Jules Barthel, membre du SEW/OGBL. Le syndicat songe notamment aux vêtements de travail des apprentis qui ne sont toujours pas pris en charge par le ministère. «Nos élèves sont ignorés», renchérit Jules Barthel.