Ces deux prévenus ne partiront pas en vacances au volant d’une voiture. Interpellés avec des taux d’alcool dans le sang qui crèvent le plafond, ils risquent de ne pas revoir leur permis de sitôt.
«Nous nous sommes déjà croisés», a constaté le président de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg après avoir convoqué Tun à la barre. Il y a quelques semaines, ce chauffeur professionnel depuis 18 ans s’était retrouvé devant le juge pour tenter de récupérer son permis de conduire qui lui avait été retiré à la suite d’un accident de la circulation. Le 27 avril dernier, vers 23 h 20, il avait percuté deux panneaux de signalisation de l’A6 avec sa voiture.
«D’habitude, quand j’ai trop bu, je confie toujours mes clés de voiture à quelqu’un», assure Tun. Mais pas ce soir-là. Les policiers mesurent une alcoolémie de 3 grammes d’alcool par litre de sang. Là où une majorité d’être humains se seraient écroulés, Tun a pris le volant. «Je suis retombé dans mes anciens travers», reconnaît le prévenu qui assure enchaîner les cures de désintoxication à l’étranger depuis des années pour régler son problème d’alcool. Actuellement, il participe à un groupe de parole.
«J’ai tout de même du mal à croire que vous fassiez quoi que ce soit. Pour atteindre un tel taux, vous n’avez pas fait que boire trois bières», lui assène le président avant de lui rappeler que la justice doit protéger la société «des gens qui dérapent». «Nous ne pouvons vous restituer votre permis de conduire uniquement parce que vous prétendez être dans un groupe de parole. Il faut savoir lire entre les lignes et nous prouver que vous prenez votre problème au sérieux.»
Une attitude «irresponsable»
Tun avait suivi de multiples cures avant de commettre un accident. «Nous ne pouvons prendre la responsabilité de vous laisser reconduire», le prévient le juge. «Vous imaginez si une personne traverse la route avec ses trois enfants le jour où vous dérapez et que vous conduisez votre camion?» Ce n’est pas gagné pour le prévenu. La représentante du ministère public a jugé son attitude «irresponsable» et estimé que Tun est «un danger pour la circulation». Elle a requis une peine de 21 mois d’interdiction de conduire à son encontre ainsi qu’une amende appropriée.
Son avocat a pointé que ses cures répétées entre 2017 et 2022 étaient la preuve de sa volonté de s’en sortir. «Mon client est humain, une rechute peut arriver», note-t-il. «Il a conscience de son problème et fait des efforts.» À ce titre, Tun devrait pouvoir récupérer son permis de conduire pour effectuer des trajets professionnels. «Un alcoolique n’est jamais vraiment guéri. Il doit faire un travail de longue haleine sur lui-même pour ne pas replonger», indique le juge, compréhensif, avant d’annoncer que le prononcé aura lieu lundi.
Ivre, il fonce dans un peuplier
Daniel a également eu un accident de la route et présentait également une alcoolémie de 3 grammes d’alcool par litre de sang. La représentante du ministère public a requis une amende appropriée et une interdiction de conduire de 30 mois à son encontre. «Un beau taux», a constaté le président avant d’engager un dialogue avec le prévenu de 52 ans.
«C’était un jour noir», confie Daniel, venu sans avocat. «Pourquoi?», veut savoir le juge. «Je n’ai pas compté les pintes de bières et les verres de vin», répond le prévenu, visiblement impressionné par le tribunal. «Vous avez foncé dans un arbre», l’aide le juge. «Un peuplier, oui. Je ne dois pas recommencer», précise Daniel, chemise à carreaux et bretelles. «Être ivre ne m’arrive pas souvent. C’était la fois de trop.»
En rentrant chez lui, le 12 novembre dernier vers 19 h 30 à Alzingen, Daniel a perdu la maîtrise de son véhicule qui a quitté la route. «C’était un dimanche. Je suis allé manger un bout. Je n’oublierai jamais ce jour-là», rapporte le prévenu, le rouge lui montant aux joues, avant de jurer que l’ivresse au volant «était un lapsus».
Lui aussi sera fixé sur son sort lundi.