Lundi, la délégation du personnel a alarmé sur des «conditions de travail déplorables». Son président, Théo Schickes, nous en dit plus.
Lundi, la délégation du personnel du Transport intercommunal de personnes dans le canton d’Esch-sur-Alzette (TICE) signalait, dans un communiqué de presse, une situation tendue au sein de l’opérateur de transport en commun. En cause, un responsable accusé de négliger les conditions de travail des employés, ce qui conduit à des conséquences directes sur leur santé et sur le réseau.
Ignoré par la direction, le syndicat FGFC, dont est membre Théo Schickes, a choisi de rendre publics ces problèmes internes. Alors qu’une réponse hiérarchique pouvait être attendue, aucune communication n’a été réalisée par le groupe.
Cette inaction laisse les salariés et la délégation du personnel totalement désemparés. Le président de cette dernière affirme qu’il n’hésitera pas à pousser les employés à la mobilisation et à la grève afin d’obtenir gain de cause.
Vous évoquez des « conditions de travail déplorables » pour les salariés du TICE. À quel point se sont-elles détériorées ?
Théo Schickes : Les employés dépassent constamment les limites du temps de conduite maximal fixé à quatre heures et trente minutes, alors que le règlement européen l’interdit. Les tournées de service sont poussées à leur maximum. Le rythme est tout bonnement intenable.
Rendez-vous compte, les salariés n’ont même plus le temps de se rendre aux toilettes. Ces conditions sont inacceptables. Non seulement, elles compromettent la santé du personnel, mais elles mettent également en péril la sécurité des passagers.
En réponse à la question parlementaire du député des Pirates, Marc Goergen, la ministre de la mobilité, Yuriko Backes, a donné des détails concernant le devenir du TICE. D’une part, pour elle, il n’est pas question que le réseau de transport réduise le nombre de ses trajets. « Mon objectif est toujours de développer les transports publics du sud du pays. Si celui-ci veut rester mobile, il faudra transporter deux fois plus de personnes en 2035 qu’en 2017 ».
Sur le sujet d’une possible nouvelle convention collective au TICE, la ministre a précisé avoir rencontré à trois reprises les responsables politiques du réseau urbain. « Il y a eu des discussions honnêtes et ouvertes. Je suppose que nous pourrons suivre le prochain cycle de négociations en septembre avec la même approche et le même rythme de réunions afin d’arriver rapidement à un résultat », conclut-elle.
Quelles en sont les conséquences directes ?
Le personnel roulant est soumis à un stress permanent, ce qui entraîne son insatisfaction et, dans certains cas, des arrêts maladie. Les agents du poste de commande sont débordés depuis des semaines. Certains ont démissionné, ne pouvant plus supporter cette pression.
De plus en plus d’employés quittent le TICE pour rejoindre les AVL ou se réorientent professionnellement. Avant 2022, nous ne rencontrions pas de tels problèmes au sein de l’entreprise.
Comme beaucoup de personnes, je suis attristé par la situation. L’atmosphère familiale qui régnait dans nos rangs a disparu depuis l’apparition de ces contraintes.
Un élément en particulier est-il responsable de cette situation ?
L’arrivée du nouveau chef du département Mobilité et Circulation, qui a eu lieu en octobre 2022. Depuis sa prise de poste, le personnel souffre de sa gestion restrictive. Il ne fait part d’aucune empathie ni compréhension.
D’ailleurs, en tant que délégués du personnel, nous ne sommes pas pris davantage au sérieux. C’est pour cela que nous avons décidé de rédiger un communiqué de presse. Nous estimons que les limites ont été franchies.
Comment se positionne la direction ?
Très clairement en faveur de cette personne. Au cours de ces derniers mois, nous avons écrit à la direction en interne, en lui indiquant que nous ne tolérerions plus cette situation. Je pense qu’ils ont sous-estimé les conditions de travail du personnel.
Il y a quelques mois, j’ai eu une altercation avec le chef du département Mobilité et Circulation en présence du directeur du TICE. Il aurait dû comprendre la gravité de la situation à ce moment-là, mais rien n’a changé.
Nous n’avons pas encore de retour à la suite de notre communiqué, mais cela n’est pas étonnant.
Quelles sont vos attentes à la suite de ce communiqué ?
Étant donné que nous n’avons pas été entendus en interne, nous espérons que la gravité de la situation sera désormais reconnue publiquement.
C’est la première fois, depuis que je suis président de la délégation, donc depuis 2019, que nous devons prendre ce chemin et nous adresser à la presse.
Nous avons tenté à plusieurs reprises de dialoguer pour régler la situation, mais notre demande d’une réunion d’urgence a été refusée.
Quelles mesures permettraient-elles de régler le différend ?
Bien sûr, nous restons disposés à tourner la page et à repartir sur de nouvelles bases. Toutefois, des décisions fondamentales doivent être prises et les conditions de travail en vigueur il y a deux ans doivent être rétablies.
Cela afin de garantir un service de qualité aux clients et de protéger la santé du personnel roulant. Si ces revendications ne sont pas écoutées, nous serons contraints de continuer à protéger les droits du personnel et des manifestations syndicales deviendront inévitables.
La première sera une manifestation de protestation sur le site du TICE. La balle est maintenant dans le camp de l’organe politique (NDLR : le conseil d’administration du TICE est composé d’élus communaux).