Une mobilisation mais sans l’intersyndicale au complet: la CGT, Solidaires et FSU, rejointes par des organisations de jeunesse, appellent à faire la grève et à manifester mardi pour réclamer l’abrogation de la réforme des retraites et l’augmentation des salaires.
« C’est le match retour contre la réforme des retraites », assurait cette semaine la numéro un de la CGT Sophie Binet. « Nous pouvons obtenir son abrogation, c’est ce que montre la déclaration de Michel Barnier, le rapport de force est de notre côté », jugeait-elle au micro de France Info. Au cours de sa première interview télévisée il y a une semaine, le Premier ministre s’était dit prêt à « améliorer » la très controversée réforme qui a porté l’âge de départ à la retraite à 64 ans.
La CGT, deuxième syndicat en France, avait appelé dès la fin août à rejoindre la mobilisation initiée par l’intersyndicale des retraités pour réclamer notamment « l’abrogation de la réforme des retraites, l’augmentation des salaires et des pensions, l’égalité entre les femmes et les hommes, le financement de nos services publics ».
La manifestation parisienne, qui s’élancera de la place Denfert-Rochereau à 14H00 vers la Bastille, devait initialement coïncider avec la présentation du budget à l’Assemblée, finalement reportée.
Elle interviendra juste avant le discours de politique générale du Premier ministre, à 15 h, qui donnera le cap de sa politique alors que de nombreux sujets sociaux (assurance chômage, emploi des seniors, notamment) sont restés en suspens.
Dans le cadre de cette journée nationale, une manifestation aura lieu à Metz, mardi 1er octobre, au départ de la gare, à 14 h. Le rendez-vous est fixé à 13 h 30 pour une série de prises de paroles. En raison de la météo, le barbecue initialement prévu est annulé.
Une faible mobilisation ?
Cette première mobilisation de la rentrée pourrait toutefois s’avérer assez faible, confiait à l’AFP sous couvert d’anonymat une source syndicale, évoquant des « remontées du terrain (qui) ne sont pas bonnes ». Dimanche, la CGT recensait 179 lieux de rassemblements (à titre de comparaison, le syndicat en comptait plus de 200 le 1er mai et 250 lors de la dernière journée de mobilisation contre la réforme des retraites en juin). CGT et Sud Rail (Solidaires) appellent les cheminots à faire la grève.
La SNCF a annoncé dimanche un trafic « normal » pour les TGV et des perturbations légères pour certains trains régionaux et Intercités.
Dans une interview publiée dimanche soir par Le Parisien, Sophie Binet a estimé qu' »il y a une énorme colère démocratique et sociale dans le pays, avec le sentiment de s’être fait flouer aux dernières élections ». « Inquiète » après sa rencontre avec Michel Barnier, la dirigeante syndicale a confié mercredi devant la presse « n’avoir eu aucune réponse sur les questions sociales ».
Solidaires (non-représentatif) se joint également aux cortèges en « réaction concrète au résultat des élections » européennes et législatives. Pour combattre l’extrême droite, il faut répondre à « une colère sociale qui perdure depuis des années », fait valoir la co-déléguée Murielle Guilbert. Plusieurs organisations de jeunesse, dont l’Union étudiante, l’Unef, la Fidl ou l’Union Syndicale Lycéenne seront également mobilisées.
Un front syndical désuni
Reste que le front syndical n’est plus uni cette fois: contrairement à la mobilisation pour le pouvoir d’achat l’an dernier ou la bataille unitaire contre la réforme des retraites, la CFDT, FO, la CGE-CGC, la CFTC et l’Unsa ont refusé de se joindre à la mobilisation mardi. « Ce n’est pas dans l’habitude de la CFDT de dire +parce qu’il y a une rentrée, il y a une mobilisation+ », avait fait valoir le numéro 2 de l’organisation, Yvan Ricordeau.
Avant une grande manifestation, « il faut qu’on arrive à mobiliser dans les entreprises et les administrations entre la déclaration de politique générale du Premier ministre et avant le débat parlementaire sur les retraites (le 31 octobre, NDLR) », estime le leader de FO Frédéric Souillot, interrogé par l’AFP.
« Manifester le jour où le Premier ministre fait son discours de politique générale, c’est quand même un petit peu compliqué », jugeait lundi soir sur France Info le leader de la CFTC Cyril Chabanier. « On va écouter (…) et si on voit que ça ne va pas dans le bon sens, on n’exclut pas de pouvoir faire des mobilisations », prévenait-il.