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Rentrée : «L’enseignant n’est pas un simple exécutant»


La nouvelle équipe dirigeante du SEW/OGBL, réunie autour de la présidente Joëlle Damé (au c.), a effectué, hier, sa rentrée syndicale.

Le SEW/OGBL estime que les enseignants ne sont ni suffisamment valorisés ni déployés en nombre adéquat. Les défis seraient toutefois importants, avec la lutte contre les inégalités scolaires.

Le tableau dressé par le syndicat d’enseignants SEW/OGBL est assez sombre. Inégalités grandissantes à l’école, réformes mal réfléchies, pénurie de titulaires de classe qualifiés, manque de valorisation du personnel enseignant. La liste est longue.

En plus, le dialogue avec le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, resterait toujours à sens unique. Les acteurs du terrain ne seraient, en effet, nullement impliqués dans l’élaboration et la préparation de nouveaux concepts, tels que l’aide aux devoirs à domicile ou l’alphabétisation en français.

«Nous ne comptons cependant pas nous résigner mais continuer à tenter de faire de notre mieux pour offrir le meilleur enseignement possible aux élèves», lance Joëlle Damé, la nouvelle présidente du SEW/OGBL. Le camp syndical se dit ouvert aux mesures prises par le ministre Meisch pour offrir à chaque élève la chance de décrocher un diplôme. «Or, ce qui nous dérange est que ces mesures arrivent par tranches. Non seulement il n’y a pas de concertation avec le terrain, mais en plus, un concept global fait défaut», reprend la syndicaliste.

«On a besoin du soutien de la société»

Le contexte dans lequel aura lieu la rentrée scolaire 2022/2023, fixé à jeudi, serait très compliqué. Le principal souci du SEW/OGBL concerne les inégalités scolaires. «L’école contribue uniquement de manière très limitée à ces inégalités. Il faut tenir compte du contexte sociétal dans sa globalité, avec les inégalités entre les plus pauvres et les plus riches qui ne cessent de se creuser», souligne Joëlle Damé, avant d’ajouter que «l’école est censée corriger ce que la société a foiré. Nous ne pouvons cependant pas le faire seuls. On a besoin du soutien d’autres acteurs de la société». Sans réaction adéquate, la cohésion sociale serait menacée.

L’hétérogénéité de la population scolaire, caractérisée par un nombre important d’élèves non-luxembourgeois, demeure encore et toujours le défi majeur.

Le SEW/OGBL insiste sur le fait qu’il est primordial que les «enseignants s’identifient» avec le concept pédagogique mis en place par le ministère de l’Éducation nationale. «Ils doivent comprendre ce qui est la finalité des réformes et quel est le contexte dans lequel elles sont décidées. L’enseignant n’est pas un simple exécutant. Fort de son expérience, il doit pouvoir s’impliquer activement», résume Joëlle Damé.

Pour réussir à relever le défi majeur qui se pose au personnel enseignant, et par ricochet au système scolaire dans son ensemble, «il faut se donner les moyens pour vraiment pouvoir aider les élèves qui ont le plus grand besoin d’un appui plus important». Non seulement, il faudrait revoir les effectifs à la hausse, mais aussi «cesser de trop tenir les enseignants en laisse. Ils doivent bénéficier de suffisamment de libertés pour exercer leur métier dans la sérénité».

Le SEW/OGBL se dit décidé à continuer à mettre la pression pour enfin être impliqué davantage dans la politique menée par Claude Meisch. Le ministre de l’Éducation nationale va présenter ce mardi matin les grandes priorités de la rentrée scolaire.

Les chiffres-clés de l’année scolaire 2022/2023

FONDAMENTAL Ce sont 60 508 élèves, enseignement public (54 373 élèves) et privé confondus (6 135 élèves), qui vont fréquenter une classe de l’enseignement fondamental. Il s’agit de quelque 1 300 élèves en plus par rapport à l’année scolaire écoulée (59 207).

SECONDAIRE Il est prévu que 51 347 élèves feront leur rentrée dans les lycées publics et privés, dont 13 420 dans dans l’enseignement secondaire classique et 27 334 dans l’enseignement secondaire général. Le total des élèves inscrits dans les lycées augmente de près de 1 800 unités par rapport à l’année 2021/2022.

ENSEIGNANTS Les cours dans l’enseignement fondamental public seront assurés par 6 647 enseignants, dont 5 672 fonctionnaires et 975 chargés de cours. Près de 80 % des enseignants sont des femmes. L’enseignement dans les lycées publics sera dispensé par 5 265 enseignants, dont 55 % de femmes.