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«Rendre Belval plus vert, plus humain»


François Dorland (au c.) et Alexandre Londot (à d.), respectivement directeur général et directeur des opérations d’Agora, ont animé une conférence sur la mobilité et l’aménagement de Belval.

Lors d’une conférence, la société d’aménagement Agora a présenté les résultats d’une consultation citoyenne sur le quartier, mettant en avant ses défis futurs.

«Il y a un proverbe chinois qui dit que le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a vingt ans et que le deuxième meilleur moment, c’est maintenant.» Telle était l’introduction de François Dorland lors de la conférence sur la mobilité d’Agora, la société dont il est le directeur général et qui est chargée de l’urbanisation de Belval depuis plus de 20 ans.

Depuis, l’arbre a poussé et de nouveaux projets continuent de fleurir sur l’ancien site sidérurgique. Et le 8 mai dernier, une conférence avait lieu afin de discuter de la conception de Belval et de son avenir avec les représentants d’Agora, les citoyens, les responsables des travaux ainsi que Simone Asselborn-Bintz et Christian Weis, les bourgmestres des villes de Sanem et d’Esch.

Fondée en 2000 par un partenariat public-privé entre l’État et ArcelorMittal, Agora œuvre actuellement sur deux chantiers : les futurs quartiers de Central Square (à la place du Square Mile) et de Belval Sud.

Deux projets au sein desquels la mobilité est un pilier central. Ainsi, la conférence avait pour but de dévoiler les résultats d’une consultation citoyenne sur les questions de mobilité, mais aussi sur l’aménagement urbain. Pour ce faire, Agora a récolté les réponses de 6 112 «Belvaliens», qui sont aussi bien des usagers, des résidents ou des professionnels fréquentant Belval.

Évolution des mentalités

Avant la présentation des chiffres de la consultation, Agora a tout de même rappelé que les résultats sont loin d’être une vérité absolue, car l’échantillon n’a pas été scientifiquement choisi et que «ce sont des doses un peu homéopathiques dans le cadre de présentations et d’explications».

«En regardant les questions, on s’aperçoit que ce sont elles qui donnent les bonnes réponses sur notre plan de mobilité», admet François Dorland. Pour autant, l’étude permet d’estimer les usages en termes de mobilité, ainsi que les avis sur l’aménagement urbain.

Concernant le premier volet, près de 3 000 réponses ont permis de savoir que 28 % des usagers sondés se rendent à Belval en voiture personnelle, 26 % en covoiturage, 25 % en transports en commun et 21 % à vélo ou à pied. Des chiffres surprenants pour Agora, qui voyait une plus grande place accordée à la voiture. «Je crois que c’est vraiment un très bon signe et que les gens sont en train de réduire la part de la voiture.»

À l’image du boulevard du Jazz, ci-contre, le quartier va être réaménagé dans le cadre du Plan national de mobilité 2035 qui va aussi permettre de disposer de plus de verdure. Illustration : agora

Une tendance confirmée par les réponses des résidents à la question : «Combien de places de parking auriez-vous besoin pour votre logement?». Sur près de 400 répondants, 11 % disent ne pas en avoir besoin, contre 43 % qui optent pour une place et 39 % pour deux places. Pour le directeur général d’Agora, cela traduit un changement des mentalités : «Il y a dix ans, voire cinq ans seulement, la part de répondants qui n’ont besoin d’aucune place aurait été beaucoup plus incongrue».

«J’ai vraiment l’intime conviction que la nouvelle génération a une relation à la voiture qui est totalement différente ajoute-t-il. Les solutions de partage, de covoiturage ou les locations à court terme sont davantage prisées.» Une évolution qui conforte Agora dans ses plans puisqu’elle travaille à réduire la part de la voiture au sein des futurs quartiers.

La voiture laisse la place au tram et aux vélos

Par obligation vis-à-vis du Plan national de mobilité (PNM) 2035, le visage de Belval tout entier s’apprête à changer. Lors de la conférence, Alexandre Londot, le directeur des opérations d’Agora, a rappelé les travaux prévus pour l’arrivée du tramway en 2035.

La Porte de France Sud et «ses trois voies excessives» seront réaménagées, en offrant une voie aux vélos et une voirie plus grande pour les piétons, de la verdure et des aménagements urbains. La Porte de France Nord sera, elle, modifiée pour l’arrivée du tramway (en virage devant l’actuel O’Tacos). Le boulevard du Jazz sera également occupé par le tramway et les cyclistes, réduisant à deux voies celles des voitures. Pour les bus, un couloir de haut niveau de service sera mis en place au boulevard des Lumières.

Tous ces chantiers réalisés pour le PNM et financés par divers acteurs doivent permettre de réduire la présence de la voiture, bien qu’il faille noter que 40 % des citoyens interrogés se disent inquiets à propos des zones sans voitures et que quasiment autant trouvent que les pistes cyclables compliquent la circulation.

Malgré tout, le but est d’alléger Belval de la voiture, mais aussi d’y intégrer plus de verdure. «On veut rendre Belval plus vert, plus humain, sans grands axes excessifs», affirme François Dorland. Une politique qui fait écho aux critiques des citoyens dont 64 % estiment que pour faire évoluer Belval, il faut davantage d’espaces verts. Une remarque qu’entend Agora (lire ci-contre), même si l’étude ne permet pas de changer des plans conçus il y a 20 ans.

Le parc «Um Belval» bientôt revalorisé

Sur plus de 400 réponses collectées auprès de «Belvaliens», 64 % estiment que l’évolution de Belval passe par plus de verdure. D’abord, François Dorland tient à rappeler que sur les 125 hectares de Belval, 25 % sont des espaces verts.

«Les gens veulent des espaces verts, car ils fréquentent surtout la terrasse des hauts-fourneaux», estime-t-il. Une zone dont le sol est pollué en raison de l’ancienne activité sidérurgique, ce qui explique qu’«il a donc fallu construire dense pour confiner la pollution». «Plus on va vers la partie Belval Sud, moins c’est pollué et plus on peut créer d’espaces verts.»

C’est déjà le cas avec le parc «Um Belval», à proximité du lycée Bel-Val. Cependant, son accès devant les deux anciennes cheminées est loin d’être évident. «Rien n’est adapté au niveau des cheminées et il faut passer par de petits chemins de campagne plus ou moins adaptés», reconnaît le directeur général d’Agora.

Une situation qui devrait changer avec la construction du quartier Central Square dont la fin de chantier est prévue à l’horizon 2028. «Quand l’ensemble sera urbanisé et que cette barrière sera levée, on aura un axe très clair, très dégagé, très urbain, très piéton pour aller au parc.» De quoi faire évoluer le même sondage dans quelques années? «Je pense que la considération sera différente», prédit François Dorland.

Les communes prendront le relais

Agora étant une société d’urbanisation vouée à disparaître aux alentours de 2033, après avoir terminé sa mission de vente de terrains, la question du financement des aménagements se pose. Qui paiera les travaux pour le Plan national de mobilité 2035 et les équipements autour (hub de mobilité, voirie, etc.)?

«Tout ce qui relève d’une solution nationale est pris en charge par l’État», explique Agora à propos des pistes cyclables, du tramway et des couloirs de haut niveau de service pour les bus. Quant aux équipements qui seront réalisés alors qu’Agora ne sera plus là, «le transfert des infrastructures aura été effectué auprès des communes».

Bien que le calcul n’ait pas encore été fait, François Dorland affirme qu’«a priori, il n’y aura pas de problème de financement». «Les communes prendront le relais, nous sommes en train d’en discuter dès maintenant parce qu’elles doivent aussi inscrire ces éléments à leur budget.»

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